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 Re.naissance •

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L'Oiseau Paradigme

L'Oiseau Paradigme

Messages : 69
Humeur : Basculante. Fil d'équilibriste.

Re.naissance • _
MessageSujet: Re.naissance •   Re.naissance • Icon_minitimeLun 19 Juil - 21:15

r e . n a i s s a n c e


Elle était juste à côté de moi, inerte. Une porcelaine vide. Bouche entrouverte et béante et sur la peau, la touche légèrement verdâtre des cadavres. Je suis resté là, à la regarder dormir, à laisser passer les heures. Quelques jours. C'était l'aube du volatile, le sang affluant en moi et jusqu'aux astres, avec sa certitude de l'apothéose. Naissance pesante. Je picorais les entrailles béantes de son corps avant que ne survienne la pourriture définitive et dans la crainte de son abîme prochaine, dévorais ma jeune fille amoureuse. Il y avait quelque chose de jouissif à se tenir tout près de sa propre mortalité, d'une partie morte de soi-même et j'entamais cette mue avec jubilation - avec la certitude ineffable que j'entamais une existence immensément plus vaste et plus conséquente, où je n'aurais plus besoin ni de macchabées, ni d'horreur pour survivre. Une fois immortel, l'infini était ouvert, le néant impossible. Volatile, incertaine. L'hésitante et frissonnante. Limbes encore épaisses, sur mon esprit, mais j'étais sur le point de jouir du Ciel Suivant. Ce n'était plus un croassement et la fille-corbeau était partie. J'étais, à présent, une métamorphose. Qu'elle éclate donc, cette enveloppe inutile, en mon ventre sans faim. Il n'y a plus de Temps et mais seul l'Ins-Tant. Je marche au-dessus d'un gouffre, sans jamais savoir où je poserai le pied, avec la confiance d'un dieu, équilibriste.
A ce moment où il me faut te quitter, Charnelle, je te remercie d'avoir vécu. Tu n'as pas été vaine. Tu te souviens de notre somnambulisme où nous devenions fous, des morsures d'amour, de la chair faste et du temps où tu n'étais que strangulée de larmes, où tu vomissais par flots tes ombres néfastes à ton miroir d'absurdités, et des jours chancelants où tu te retrouvais suspendue entre esprit sordide et pesanteur des corps. Garde tes souvenirs, oublie les dans ta sieste et réveille toi un jour amnésique et surprise d'exister. Tu redécouvriras tout et peut-être pourras-tu envisager ta résurrection. Mais oublie-toi, tout ce que tu as été : tu sera nouvelle à chaque nouvel instant. Nous serons libres. Et n'est-ce pas briser nos chaînes, que nous souhaitons par-dessus tout?
Oublie-toi, je vais partir. Tu es là, quelque part, vivante en moi. Nous irons ailleurs, toi et moi, ma jolie cadavérique, au-delà de nos imaginations. Ce matin-là, comme je dormais dans nos draps sanglants, que quelqu'un hurlait en nous découvrant sans vie, je connaissais l'exquise jubilation des oiseaux : toucher les cieux. Rien pour retenir la transcendance, sinon l'éternité qu'elle n'avait pas fini de parcourir. J'étais à la fois liquide et transparente, sans plus de sexe ni matière dense, sans l'illusion du rêve humain et je ne retins plus ce cri qui me secouait depuis toujours : enfin je m'échappais du rampant, redressé, encore confus, s'accrochant à mes yeux les derniers voiles du sommeil. Mais un point était apparu en ma poitrine, point lumineux, dont ma seule foi en lui disait : Tout ira mieux. Tout ira toujours mieux. La promesse du Ciel Suivant. Je reviendrai te voir dans quelques temps, peut-être, car il se pourrait que j'ai besoin de toi, bientôt. Je te tiendrai la main, si tu le souhaites, oui, le jour de tes funérailles. Mais n'aies pas peur de disparaître, tu ne disparaitra jamais.
A l'aube, au-dessus des foules habituelles, l'oiseau planait tranquillement avec l'expression du fou heureux et un sourire d'Ange, troublant avec prudence l'orage présent. Il suffisait à quelques impromptus de lever la tête, de manière tout à fait hasardeuse. Le Mécanisme de l'Oiseau chantant avec son apparent désaccord, une Apocalypse, un basculement, une autre transformation, chercheur de sa Terre Promise. Avant que tes restes ne soient confondus au sol, je partagerai mon repas avec un charognard pour répandre en son organisme le poison des Hommes. Tu es restée mutilée en ta robe de linceul, ta cage de bois avalée par la terre et le même murmure à mon oreille :

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