(ANTI)MONDES
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 La malédiction des demi-ombres

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Le Clown

Le Clown

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Humeur : Ivre de souffrance

La malédiction des demi-ombres _
MessageSujet: La malédiction des demi-ombres   La malédiction des demi-ombres Icon_minitimeDim 14 Aoû - 12:51

La Cité. Le lieu où les usines, appelé par certains l'Usine, concentrent et diffusent les maux sur l'antimonde. Il est dit également que les cendres, restes d'un soleil peut-être carbonisé par des génies incestueux, proviendraient de ce lieu. Mais personne ne peut affirmer ou infirmer cette théorie car le ciel est si bas, les cheminées des usines sont si hautes que tout se perd dans un chaotique floutage où rien n'a plus de limite. Quelque chose de tellement dense et oppressant que, si un soleil existe encore pour réchauffer un minimum cette terre assoiffée de sang, ce soleil n'est pas visible.

C'est dans cette cité, non loin de l'Usine, qu'une salle va servir de nouveau théâtre pour une nouvelle confrontation entre deux esprits perdus et damnés. Au 66ème étage, salle 6, plus exactement. Cet immeuble est assez proche de l'Usine pour que celui qui balaie de la manche de sa chemise puisse apercevoir un enchevêtrement de canaux, pièces de métaux, tubes et grosses barriques cracher, vomir quelques sécrétions hideuses, donnant l'impression qu'une certaine forme de vie habite cette installation démoniaque.

La porte de bois n'a plus été ouverte depuis un millier d'années peut-être. Au centre de celle-ci, tiré vers le haut, se trouve une vitre rectangulaire. Fissuré. Brisé. A l'image d'une terre asséchée. Mais aucun trou. En-dessous, en lettres capitales et effacées : LABORATOIRE. Et encore en-dessous, un texte en diagonale, empiétant sur les trois dernières lettres du terme inscrit précédemment. Dans un rouge trop éclatant pour que cela date de plusieurs centaines d'années : NE PAS ENTRER ! EXPERIENCES INTERDITES ET DANGEREUSES !

Au centre de cette pièce repose une table d’opération. Une large table d'opération. Dessus repose encore un corps. Velu. Charpenté. Mort et vivant. Effacé et encore présent. Le demi-corps d'un gorille. Tout ce qui se trouve en-dessous de son nombril a disparu, seul reste de la poussière à cet endroit, ultime vestige de peux, poils et tissus musculaires. L'autre moitié est éclaboussé d'un liquide épais et rose, tombant d'une grosse bombonne à demi-caché dans l'obscurité du plafond. Plafond éternelle et insondable comme la nuit. A l'image d'un ciel noir rempli d'étoiles blanches, celui du laboratoire est obscur, et les étoiles sont remplacée par des tubes cylindriques à demi-dissimulé, comme si la malédiction du gorille, un demi-corps, avait gagné les cieux de cette salle. A la place d'étoile filante, ce sont des chaines de tailles diverses qui (essayent) tombent sur le sol poussiéreux.

Deux petits pieds de bois dépassent de l'ombre de la table où repose le primate. En fait, un seul est de bois car l'autre est habillé d'une chaussure étonnamment grosse, comique même. Et ces morceaux de jambes semblent eux aussi avalé par cette malédiction de demi-obscurité.

Autour de cette table, telle une arène, repose dans un cercle quasi parfait des meubles de ferrailles, des machines mortes, des lumières clignotantes disparue à tout jamais. De gros câbles électriques vides de toute énergie, ayant rampé dans un ultime espoir vers ce corps constitué encore de chair et d'une vie ensommeillé. Aurait-il bougé ?!

Au-dessus de cette table, un peu plus loin, se trouve sur une estrade un grand bureau, derrière celui-ci un grand tableau noir empli d'inscriptions à la craie blanche. Des formules et des notes à demi-effacées par le temps désormais. Telle un linceul, des feuilles trouées et jaunies recouvre ce bureau, le sol et quelques meubles. Des restes d'écriture. Une moitié. Encore.

A l'autre bout de la salle, un paysage de morne féerie. Alors qu'avant se trouvait un laboratoire constitué de choses et d'autres, se trouve maintenant u paysage baigné par les cendres. Une couche épaisse qui a recouvert et avalé l'identité de toute chose. La cause de cela ? Un (énorme) trou dans le toit. Plus aucun étage au-dessus. Peut-être les restes la dizaine des étages portant le nombre 80. Par des lois physiques inconnus, rien ne s'effondre et pourtant le poids des murs et des sols auraient du s'écrouler voilà depuis longtemps maintenant dans ce laboratoire. Les étages auraient-ils peur de tomber (en disgrâce) sur ce sol (mangé par les ombres et les moitiés) ?

A l'opposé de ce décor mortuaire, dans une obscurité telle celle du plafond, se trouve caché d'anciens et vils secrets. Peut-être peux-tu voir des barreaux ? Peut-être peux-tu ressentir l'atmosphère de peur qui s'est attaché à ce lieu spécifique et n'a pas su en partir, comme un esprit d'homme trop attaché à son bourreau. Ivre de peur. Se complaisant dans la douleur. Ne pouvant s'en échapper. Ne voulant s'en échapper.

As-tu entendu ?!

As-tu entendu ce bruit ?! Je crois qu'il venait de ces barreaux. Je crois que des corps, des hommes et des choses ont été enfermés dans cette partie du laboratoire.

Là ! Encore ! As-tu entendu cette fois-ci ?



Crois-tu que quelque chose se réveille... ? …
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Leibniz

Leibniz

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La malédiction des demi-ombres _
MessageSujet: Re: La malédiction des demi-ombres   La malédiction des demi-ombres Icon_minitimeMar 16 Aoû - 16:03

    Dans un coin du tableau, toute la ville au dessus de moi. Elle pèse, mes rêves endormis ne veulent plus la voir, mais elle s'impose. Le rêve au travers de l'eau ne renvoi qu'une impression déformée; les rideaux qui filtrent la lumière ont perdu de leur couleur. La moquette du sol a absorbé ce qui restait de vie dans le sang rouge et bouillonnant. Le filament dans l'ampoule fixée maladroitement au plafond émet une lumière vacillante. Elle diffuse un jour timide entre les quatre murs du crime, les murs qui enferment pour toujours, les murs qui ne font qu'un avec la ville qui gonde. La fillette joue avec les moutons de la moquette; ils sont sans aucun doute fourmillant d'acariens. Elle fronce les sourcils, sont nez se retrousse, elle n'aime pas l'idée qu'une chose grouille dans cette matière et qu'elle ne la contrôle pas. Ses yeux, à moitié cachés par une frange effilée, se penchent vers le corps qui repose à ses genoux, elle pose une main blanche sur la jambe inanimée. Elle au moins n'est plus hors de contrôle, elle est devenue ce qu'elle aurait toujours du être, pour le bien de sa fille. Elle est complète désormais, entière et soulagée, elle a cessé de se battre contre l'incompréhension et les préjugés, elle ne souffre plus comme on souffre dans le monde. Maman a rejoint le noyau, le serveur central de l'univers; cela valait bien la peine de salir sa belle moquette couleur crème. Le premier projet de sa vie avait été mené à son terme, cela lui avait coûté tout l'argent du concours. Alice a toujours su le prix exacte à payer pour chaque chose, comme elle sait que bientôt des hommes qu'elle n'aime pas défonceront sa porte pour tenter de l'emmener la où la lumière ne s'aventure pas, où son revolver qui lui avait pris son argent de poche lui serait confisqué. On ne peut pas laisser faire une chose pareil, pas lorsque le seul désir qui demeure est celui d'aller beaucoup plus loin, de frapper méthodiquement jusqu'à ne garder qu'une image nette et parfaite, l'image qui resterait pour toujours parce qu'elle n'a pas sa place dans le noyau de l'univers. Alors les coups commencent à retentir, la porte tremble, Alice se lève, son côté gauche est couvert de sang, elle enfouie le revolver au plus profond des plis de sa jupe et se dirige vers sa chambre. Elle entend la porte céder, mais elle a d'or et déjà rejoint le balcon qui court le long de l'appartement. Le premier des hommes qu'elle n'aime pas aura tout juste le temps de voir le corps d'une fillette quitter le sol, avant de rejoindre en contrebas le maelström vrombissant de la rue.

    La sensation acide d'un nouvel éveil parcouru les sens d'Alice, si son nom avait encore de l'importance. Tout ce qui s'offrait à sa vue était le noir, jusqu'à ce qu'il lui semblait être la perte de la vue. Cela ne pouvait être, l'horizon, la limite avait disparu, la sensation d'incomplétude devint intolérable. Une force herculéenne envahit ce qu'il lu restait de membre et l'obscurité céda, dans un fracas métallique. Son esprit se releva et son corps, aux proportions qu'elle ne reconnaissait pas, suivis. La pensée en sommeil, le corps marcha, pendant un temps qui semblait s'étendre au delà de l'horizon qui était revenu. La lande souillée, consumée de malheur s'offrait à son pas mécanique; des tours lisses et sombres érigeaient leur imposante silhouette ça et là sur la lande sombre. L'être ouvrit les yeux, la surface outrenoire, luisante et lisse d'un lac s'étendait à ses pieds. Alice ne sentait pas de soif mais se pencha au dessus de l'eau imperturbable. Elle se trouvait face à son oeil bleu, il était cerclé d'un vide noir qui se prolongeait sur sa tempe, elle n'avait plus rien d'humain, elle se trouvait laide. La colère explosa en elle, jamais plu rien ne pourrait être parfait, les efforts et les sacrifices seraient vains. Elle frappa l'eau noir de toutes sa force afin de troubler cet affreux reflet. Sa main hélas n'était plus faite de chair, mais d'acier et de bronze, une main grise et jaunâtre que l'eau rendrait bleue avec le temps est l'usure. Il lui sembla qu'elle sombrait dans une folie plus grande encore que celle qui l'avait menée ici, dans cet état, il n'y avait plus de pourquoi, plus de réponse, il fallait que tout finisse. Le golem de métal et de lambeaux de chair s'enfonça dans les flots noirs, dans la tristesse infinie.

    Dans le néant de sa pensée surgit une voix, une volonté qui semblait omniprésente. Alice avait quitté le monde, les règles n'étaient plus les mêmes, la voix s'éleva, empêchant toute pensée.

    "Reçoit mon message d'amour, toi qui a perdu ton corps d'empreint dans les limbes ou j'attends la mort. Je parle à ton esprit avec les mots que tu souhaites entendre, car nous partageons ce que nul ne peux nous ôter, nous sommes un. Je suis la Psyché, rejoins moi.
    _Non. Je te hais Psyché, je te hais car tu fait couler tes mots venimeux dans les méandres de ma tète. Mais je hais ce lieu, ce corps où je suis emprisonné, tu mourras de ma main.
    _C'est mon plus cher désir. Laisse moi te libérer de la matière..."

    Le sombre se mua en un noir opaque et profond. Au loin, la lueur d'une bougie qui parvient à peine à s'éclairer elle même. Mais il n'y a pas de bougie, c'est une fente lumineuse qui illumine le corps désarticulé d'une poupée à l'allure mauvaise et au corps longiligne. Elle aspire à vivre, ne serait ce qu'une demi vie, elle à un coeur mais pas d'esprit. Laisse moi prendre possession de ce corps inerte, je suis libéré des corps et des choses, je ne suis plus mue que par ma volonté brute et sans limite. Je ne suis plus né de mère, je suis la logique transcendantale, la rationalité épurée. J'étais Alice, je ne suis plus cette enfant; il me faut un nom, pour rejoindre l'ordre auquel j'aspire, j'emprunterai celui de l'homme qui a pensée le plus loin l'ordre du monde, je serai désormais et pour toujours en ce monde, Leibniz.

    L'oeil bleu électrique d'une poupée de bois et de fer rouillé se pause sur le contenu d'un cagibi, éclairé uniquement par une fente qui donne sur l'extérieur. On fait du bruit dans l'autre pièce, un être pesant et d'un pas inégal semble faire les cents pas, ou chercher. La poupée contrefait l'inertie des objet, bien qu'elle soit à présent animée par la rage de mille hommes. L'instant s'étire jusqu'à former une trame homogène et lisse, Leibniz se plonge dans l'attente d'être découvert, il ronge son frein en silence.
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Le Clown

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Humeur : Ivre de souffrance

La malédiction des demi-ombres _
MessageSujet: Re: La malédiction des demi-ombres   La malédiction des demi-ombres Icon_minitimeMer 17 Aoû - 20:29

Lentement, une expérience morbide prenait cours. Autrefois deux vies. Maintenant, deux demi-vies. L'une immense et velue. L'autre minuscule et de bois. Rien ne semble aller l'un avec l'autre et pourtant, dans cet univers qui n'aime ni la logique, ni les chemins droits, des connections se créent. Le chaos artistique se met en mouvement. Là, tout en bas, dans la fosse de la Psyché, des forces actives et invisibles se mettent en marche. Elles marchent vers cet endroit maudit. De ces usines, elles sortent pour grimper des centaines et des centaines de marche.

Elles ont le temps. Elles marcheront.

La tortue est plus rapide que le lapin...

Les trois ombres arrivent au 66ème étage. Elles s'arrêtent. Pas pour reprendre leur souffle, elles n'en ont plus, mais pour goûter au plaisir qui danse lascivement dans l'air. Il est comme des serpents, mais aussi des nuages empoisonné, qui stagnerait dans les airs et déambulerait horriblement lentement, sans voir ce qui se trouve devant lui, sans pouvoir toucher ce qui le traverse. Car les trois ombres ont commencés à avancer. Salle 1 à gauche... Salle 2 à droite... 3, 4, 5, 7, 8... Pas de salle 6 ! Les ombres s'affolent. Sur les murs gris, leurs proportions deviennent énormes à la lumière faible provenant de l'unique fenêtre du couloir. Elles s'affolent et sifflent de rage.

Tout cela pour rien ! Pour rien !

Une des ombres se dirige vers la fenêtre. Elle se tend et regarde ce qui se trouve au-dehors. La portée de sa vision ne peut aller loin malgré la grande altitude à laquelle elle se trouve, les cendres forment une masse compacte, elles se retiennent les unes aux autres avant de relâcher la pression par résignation et enfin tomber sur ce sol aride et mort. Pourtant, l'ombre voit quelque chose qui la travaille. Elle ne peut encore mettre le doigt dessus mais un détail retient son attention. Derrière elle, les deux autres ombres continuent leur discours dans des feulements et finissent par se mettre d'accord. On s'est joué d'eux. Elle les a encore manipulé. Elle. On ne peut rien contre la Psyché, elle est la Déesse et n'est pas. On ne peut assassiner ce qui n'est pas. Telle est la leçon que ces êtres autrefois auréolés viennent d'apprendre. Sitôt cette conclusion tirée, ils enchaînent de suite sur l'idée que revêtira leur suicide. Sera-t-il rapide et sans douleur ? Une fiole de poison par exemple. Ou sera-t-il plus lent, plus atroce afin de partir comme le monde leur a ouvert les bras ? Dans les bras lépreux d'une mère qui fuit ses enfants. La potence est un choix.

En face.

Les deux ombres se retournent alors qu'elle s'engageait dans l'escalier.

En face. Le bâtiment avec sa salle portant le numéro 6 se trouve en face. Dans la précipitation, nous avons suivi le mauvais chemin.

Les deux ombres semblent paralysés. Quelques morceaux de cendres s'évaporent dans l'air de ce couloir trompeur, se désagrège avant même d'avoir goûté le repos du sol et de l'immobilisation.

Puis les deux ombres repartent. Elles dédaignent cette troisième, mais ne peuvent s'en débarrasser. C'est un Frère. Et il sait des choses. Des choses qui les répugnent mais qui servent leur Grand Plan.

-

En-dessous d'une table d'opération, le petit pied de bois est animé d'un soubresaut. Il vient de réagir aux propos de ces deux ombres. Leur volonté d'annihilation a rejoint la volonté endormie et partielle de cet être, de ce qu'il reste ou représente d'un ancien être.

Au-dessus de ce petit pied de bois, la fourrure du gorille s'est hérissé. Lui aussi a réagi aux propos des ombres, mais c'est ce morceau de bois qui lui a communiqué le message, qui a considérablement amplifié le signal. D'ailleurs, une paupière s'est soulevé. L’œil est tombé, a roulé dans son orbite, dans un relâchement de muscles. L’œil regarde la porte. Il les attend...

-

Les ombres entrent dans le laboratoire. Celui qui a le dos voûté, dur comme du roc et gonflé (pareil à la tortue) est arrivé bien après les deux qui ont mutés comme des animaux, des choses aux long bras poilus, aux jambes taillé pour courir et aux oreilles allongées (comme les lapins). Ils sont passés à côté d'une salle, la salle numéro 4 où repose une petite poupée étrangement vivante... Ils ne l'ont pas senti dans leur hâte. Mais l'homme à la carapace, à l'embonpoint difforme et non naturel a ressenti les effluves de haine dirigée vers Elle, vers la Psyché. Mais il ne s'est pas arrêté. Il n'a pas non plus prévenu les êtres aux longs bras. Pourtant, la donnée vient déjà de s'ajouter à son plan. Il a déjà su lui trouver une place, bousculé des évènements, en détruire d'autres. Sa santé mentale tend peut-être vers le suicide, comme tous ces rônin de l'Ancien Très-Haut, mais il n'est pas dépourvu d'une haine froide et réfléchie. Tout fonctionnera comme il le désire ! Le temps est son seul ennemi car son corps n'est plus doré et de la qualité d'une pomme d'éternité. Il s'assèche et se déforme. Il était poussière et retombera poussière...

Alors l'expérience se met en marche. D'un vieux sac en bandoulière, il en tire des bougies de toutes tailles, ramassés ça et là. Il allume les longues tiges noires. Il éclaire la pièce, le reste de gorille, le grand tableau noir et... la poupée à l'effigie d'un clown détruit en deux, la partie haute manquante, mais le nez rouge reposant à côté de l'autre partie, telle des fleurs à côté d'une tombe, telle une signature prévenant de son Retour.

L'homme à la carapace se penche alors vers les écritures aux tableaux, pose son index recourbé sur ce qui ressemble à un menton et repense à ce qu'il a lu, ce qu'il a découvert. Puis, attrapant des restes de craies blanches, il complète les inscriptions, en efface certaines de son avant-bras, cloue des feuilles de note à l'aide de pointes longues de bons vingts centimètres, créant des fissures, lézardant les inscriptions et inscrivant au visage rocailleux un sourire perverti. Le chaos est source de création, et chaque hasard amène à une découverte plus grande encore car les traits découvrent de nouvelles équations, ouvrent la voie à d'autres passages obscurs et de magies nécromanciennes. Après cela, et ignorant totalement ces deux Frères (qui ne servent à rien...), il retourne à son sac qu'il a laissé à côté du reste de la poupée et s'arme d'une ceinture autour de son corps. Plutôt un gilet constitué d'un nombre considérable de ceintures de tailles diverses et dont des poches et des attaches diverses retiennent des instruments tels scalpels, écarteurs, flacons contenant autant de liquides que de corps solides. Le nécessaire du bon petit chimiste et noir magicien.

Alors, à force de formules impies et de charcutages minutieux, l'être en créa un autre. A son image, il était difforme. Et magnifique à la fois. Animé par une haine envers elle, un désir de destruction. Un esprit dément enfermé dans un corps de brut. Un corps de singe. Un cerveau réveillé par d'anciens vents maléfiques, traînant leur souffle putride sur toute la surface de ce monde, dans tous les souterrains et moindres replis de sa peau d'anti-monde. Des jambes velues constituées d'os provenant d'anciens Anges tombés, -deux ombres aux longs bras et au cerveau affaibli par la haine sauvage et l'inactivité-, deux êtres morts pour renaître.

Il était né une nouvelle fois. Le Clown.

Dans un nouveau corps. Avec le même esprit et pourtant différent. Malléable à la situation et la constitution physique et réel de son corps.

Son esprit était encore dans les vapes de la résurrection. Tout comme les souvenirs enfouis dans le cerveau du gorille modifié par les voies de l'anti-magie noire. Des mémoires de torture infligées pendant qu'il était attaché à cette table. Des images très floues de chocs électriques et de cisaillement de son corps. Des pulsations plongées dans le coma, maintenant prête à se réveiller et à causer grand dommage. Des dégâts irréparable pour l'anti-Mère de cet anti-monde.

-

La Tortue s'est sauvé. Il s'est caché là où se trouve le paysage de morne féerie. Là où le trou dans le plafond a laissé tomber les cendres. Il s'est assis avec forte douleur, pliant son corps raide, le laissant dans cette ultime position pour la voir. Sa Création. Son Arme.



Maintenant, le Clown s'est relevé. Son corps souffre déjà, à peine sortie de léthargie. C'est un pur produit de transformation, de fusion entre plusieurs espèces et plusieurs sagesses plus ou moins interdites. Le corps est encore instable. Alors, quand le Clown pose son premier pied par terre, il défaille. Un craquement. Sec. Pas de hurlements. Seulement un feulement de faiblesse et de colère envers soi-même. Mais les forces qui ont aidés à créer cette abomination ne l'ont pas encore abandonnées. Alors, elles l'aident. Elles passent et trépassent dans cette cheville qui a cédé sous la pression et le poids de ce tout nouveau corps. Quelques minutes passent avant que le Clown ne se relève, tirant sur ses muscles... tirant trop sur ces muscles. Ils cèdent. Et le gorille/Clown tombe à nouveau. Il frappe du poing. Il n'arrive pas à s'exprimer autrement. Et encore une fois, ces forces de mort reviennent se dissoudre dans le complexe réseau des muscles et tendons. Elles se perdent dedans afin de créer une guérison satanique, un suicide pour un renouveau. Toute cette force qui a réparé son corps a maintenant imprégné son ADN de ce savoir. Il est caché. Mais il est gravé à même, non pas dans son âme, mais dans les fibres de son corps.

Une fois debout. Stable. Il balance sa jambe droite en avant. La jambe lui paraît aller très loin devant. La peur lui tenaille les tripes. Elle ne se reposera plus jamais. Et si elle se repose, tiendra-t-elle ?

Elle tient. Et la jambe gauche suit le mouvement. Et il commence à marcher. A marcher vers cette salle numéro 4. Il suit un ordre inconscient, implanté dans son cerveau, dans la partie de sa mémoire courte. Une injonction qui disparaîtra donc sans laisser de preuves. Il écoute donc sa part instinctive, celle qui tient de l'animal est encore au commande, et il ne se pose pas de questions. Il écoute et suit ce que lui dit son corps, cette petite voix artificiel et implanté, l'ultime soupir d'un Ange suicidaire...

-

La salle numéro 4.

La grosse main du gorille pousse la porte tenant par la rouille et l’ultime gond restant.

La porte s'écroule.

Un nuage de poussière monte, monte encore et stagne dans l'air.

L'hybride éternue. Un bruit horrible. Inhumain et pourtant humain. Quelque chose de sauvage et de pathétique à la fois.







Alors il avance. Un pas. Un autre. Une silhouette noire et sombre, fondu dans le nuage de résidus en suspension dans l'air jamais inhalé. Il avance pour se fondre dans le noir. D'une silhouette floue, il passe à un corps sombre dans la nuit de la salle numéro 4.

Il est attiré par une unique bougie.

Elle irradie d'une lumière qui hypnotise le gorille et éveille doucement le Clown.



Bleu... La lumière est bleu... et... elle... elle clignote. Non. Elle ne clignote pas en fait.

Elle cille ! (Comme un œil !...)
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