(ANTI)MONDES
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 [Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois

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Le Clown

Le Clown

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Humeur : Ivre de souffrance

[Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois _
MessageSujet: [Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois   [Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois Icon_minitimeSam 3 Sep - 12:21

Une tour de pierres délabrées se perdait en hauteur dans le brouillard permanent de ce monde. Quelques corbeaux voletaient autour. S'enfuyaient. Puis revenaient longer les rangées de pierres mordues par le temps.

Des fenêtres, plutôt des trous soutenus par une poutre de bois horizontale, perçaient de façon chaotique le haut cylindre apparemment abandonné. Nulle fumée n'en sortait. Nulle éclat de voix, pas même quelques chuintements.

Au niveau des pieds terrestres, une porte de moyenne mesure attendait d'être poussé, car déjà entrouverte. Autrefois, elle paraissait aussi solide que le gaillard et comte qui habitait cette tour parmi les ruines qui étaient autrefois autant d'échoppes et d'habitations de ses joyeux sujets.

L'intérieur était maintenant envahi par des mornes toiles d'araignées. Elle couvrait tout les espaces. S'attachant d'abord au plafond, passant par un mur latéral pour enfin s'encastrer dans le sol. Et il y en avait qui s'était rejoint, avait formé des formes géométriques douloureuses au crâne et à la compréhension des profondeurs.

Un détail était tout de même frappant. La taille de ces nids d'araignées. Araignées qui ne semblaient d'ailleurs pas vivre dans ce quoi elles avaient dû travailler longtemps. La grandeur et l'épaisseur du fil prouvait à lui seul que l'animal ne tenait pas dans une main. Mais était beaucoup plus grosse. Pourtant, à certains endroits, la toile était si fine, si délicate que même une de ces petites créatures n'aurait pu produire pareille chose.

Cette première observation achevée, un chemin se dessinait parmi cet emmêlement de fils et de toiles. Il fallait de temps à autre se baisser, ramper pour ne pas se retrouver une partie du corps collée et piégée en attendant que le temps finisse son travail et transforme le prisonnier en poussière. D'autres fois, il fallait passer entre deux poutres effondrées, et une pensée venait alors se glisser dans les mécaniques de la cervelle :

Franchis cette fenêtre, et tu te retrouveras dans un autre univers.

Pour sur, le passage était franchi. L'environnement était toujours le même, bien qu'une vague impression de vitalité semblait flotter sur les cordes des anciennes araignées.

Après quelques pas, quelques objets hétéroclites commençaient à apparaître derrière les épaisseurs des toiles : des tableaux jamais finis, des sculptures à peine commencées, quelques parchemins coincés au centre de toiles, …

Finalement, la fin de la pièce se profilait. La tour, qui paraissait si menue d'extérieure était finalement d'une circonférence non négligeable. La pièce finissait dans un dépôt de décombres des étages supérieurs. Tout un pan du sol de l'étage supérieur s'était effondré. Des gravats étaient sortis une sorte d'escalier. Des poutres s'étaient dressées comme autant de signal de délabrement.

Mais ce n'était pas cela le plus surprenant ou intéressant, c'était même normal considérant l'état extérieur et intérieur de ce que les yeux avaient pu voir. Non, le plus intéressant était cette chaise de bois. Bancale. Et sur cette chaise était assis une vieille dame. Les rides marquaient son visage. L'ombre cachait son expression. Une robe bouffante et tacheté de petits losanges blancs. Un col de dentelles. Un gros chignon parsemé de cheveux argentés. Telle était la chose surprenante. La présence de cette vieille dame.

Cette vieille dame qui relevait alors la tête vers ce qui venait de pénétrer dans sa « chambre ». Un sourire franc et amical étirant les plis de sa peau. Un sourire qui contrastait que trop bizarrement dans cette atmosphère de vices, de malheurs et de grisailles...

Bonjour à vous mes enfants.
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Hénath Wyrd NØrn

Hénath Wyrd NØrn

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[Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois _
MessageSujet: Re: [Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois   [Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois Icon_minitimeVen 23 Sep - 12:13

Semblable à un animal curieux et simplement né, l’ange mécanique claque sa nuque de gauche à droite, observant l’éveil du Clown de ses yeux vitreux. S’il avait été hibou, il aurait laissé ses cervicales se briser pour que sa tête ne fasse qu’un seul tour. Sa mâchoire craque, se déboitant avant de se remettre en place alors que l’Animal observe la renaissance d’une créature qui lui semble beaucoup moins étrangère. L’odeur d’un écorché mêlé à celui d’un ange déchu au cœur emballé par cette nouvelle confrontation avec la Réalité.

Ses cris ont un goût délectable et douloureux à la fois, l’ange en son cœur savoure l’écho de cette souffrance, imaginant à loisir la détresse d’un être qui se réveille aveugle. Mais l’Ecorché souffre de cette douleur, ces hurlements percent ses tympans comme deux aiguilles fines. Quant au Destin, il ne peut que savoir que l’âme du Clown pourra voir aussi clairement que lui l’avenir, le passé, et le présent avec l’essentiel de chaque chose. Le nom, l’aura, les pressentiments, les intuitions. Bon nombre d’Hommes passe leur vie à méditer pour atteindre cette présence au monde. Ils s’arracheraient les yeux et les tripes de savoir que ce sont deux horribles choses qui ont un univers entre leurs mains.

Impassible, la Créature observe son confrère devenir fou, elle imagine sa douleur, son ressentit et ferme les yeux pour s’approcher à peine de sa propre vision. Un tout nouveau cœur qui bat. N’est ce point étrange pour quelqu’un qui n’en possédait point ? Pouvoir sentir cette chose cogner contre ton torse, s’emballer et manquer de t’étouffer car il n’y a pas assez d’air. Avoir le sang qui s’écrase contre tes tempes et éveille de son passage brûlant d’anciennes douleurs.

En son esprit ma foi fort embrumé par cette nouvelle âme en quatre scindé, un écho vient frapper son cerveau de plein fouet. Dans l’éclat d’un souvenir peut être ? Ou une voix revenue d’entre les morts. Entre tisseuse… Ce murmure vient entamer le peu de lucidité que l’ange écorché avait recouvré le temps que son compagnon s’éveille à son nouveau corps. Des flashs viennent aveugler ses yeux immaculés, provoquant la vision d’une tour ma foi fort dégradé. Un léger voile gris l’empêche de discerner les détails qui pourraient lui apporter une certaine assurance. Comme en un rêve où on devient aveugle, le décor devint incertain alors que, sa rétine absente brûlant de ces images parasites, la créature se penche en avant, prise de douleurs, main sur les yeux.

La voix du Clown résonne à ses oreilles et ramène son esprit dans l’antimonde, chassant les ombres de ces images floues et irritantes. L’Ange écorché se redresse et observe son aveugle moitié, droit et fier de sa nouvelle condition, fort de ne plus se sentir seul déchiré entre ces deux conditions. Son ventre gronde et ses ailes d’acier frémissent de pouvoir enfin les emporter, les rouages qui les relient à la chair claquent de plaisir. Ses yeux ne brûlent plus, son âme fait barrière à ces visions du futur qui troubleraient sa vision. Son corps avance lentement vers le Clown, sa main se tend, puis l’autre comme une divine providence ouvrant les bras à une brebis égarée.

Viens à moi divine Créature. Je serai tes yeux, tu seras ma foi en l’avenir, au passé. Vois-tu comme moi cet endroit fort flou qui n’appelle que nos âmes égarées ?
Comme une toile tendue devant mes iris, je n’arrive à les distinguer. Soit mon âme, je serai tes ailes.

Ses bras l’enlacent, serrant son torse pour y sentir son nouveau cœur battre avec force là où il n’y avait avant que l’écho agonisant d’un organe atrophié.

Mue par son instinct d’Ange trop longtemps resté au sol, le corps du Wyrd vibre de pouvoir étendre ses ailes là où le monde était trop étroit. L’air quasiment absent vient frôler les reliefs de l’acier qui transmettent par de légers fourmillements le plaisir d’Être. En une impulsion, semblable au bond d’un serpent fondant sur sa proie, la Créature s’envole, portant en ses bras sa moitié aveugle. Ils fendent l’air comme deux rapaces en quête de proies à déchiqueter, guidés par l’instinct, les yeux et l’intuition de ces deux clairvoyants. L’air se laisse trancher en un léger bruit métallique, les cendres de l’antimonde volètent au passage de ces deux oiseaux de malheur.

En son âme, Hénath se laisse guider par les visions du Clown. L’air s’épaissit tandis que cette lumière improbable qui existe en ce monde malsain s’assombrit. Un éclair fend l’épaisse brume cendreuse et bientôt, une brise gelée vient caresser le corps reconstruit de ces deux phoenix. La cendre recouvre les Oiseaux, tombant sur eux et se collant à leur peau souillée de ce liquide huileux, semblable à de la rouille qui suinte.

La mécanique se met en marche.

Une goutte.

Plic ploc

Puis une autre.

La pluie vient, dans son aimable bienveillance et de ses crocs gelées s’abattre sur les deux créatures. Ce n’était d’abord que quelques gouttes qui devinrent si vite une averse digne d’un déluge. Hénath resserre son étreinte pour garder son Macabre Compagnon contre elle, étendant ses ailes jusqu’à sentir un léger tiraillement sur ses omoplates. Le bruit de l’eau qui s’abat sur l’acier a quelque chose de plaisant, une douce berceuse chantée par l’Orage violant qui lave les Deux-fois-nés des cendres de leur nouvelle mort.

Au loin, à l’horizon, la tour se dessine. Le tonnerre gronde, il résonne sous sa chair et le Destin jouit de sentir la Puissance de l’Antimonde caresser ses ailes.

Que préfères-tu dans l’orage ?
Ces milliers d’éclairs qui fendent le ciel et s’abattent, implacable, sur le monde pour le foudroyer sur place ?
Le doux bruit de l’eau qui s’écrase sur les reliefs ?

Le grognement puissant de la Nature qui fait vibrer ton cœur et te rendre compte que, finalement, nous ne sommes rien.


Hénath dépose le Clown sur une brèche déchirant le flanc de la Tour qui se tient toujours debout. Eventrée mais toujours là. Au fond de cette ouverture, là où la lumière s’assombrit, gobée par des ténèbres gourmandes, se dresse une porte de bois. Son fardeau d’acier l’empêche de suivre son Compagnon à travers cette mince ouverture. Des poutres effondrées obligent l’échine à se courber pour pouvoir passer, certains passages nécessitent de coller son corps à la pierre coupante, la poussière avide d’avaler toute chair qui passe par là. Les chemins sont trop étroits. L’Ange, frustré, émet un grognement tout droit sorti de sa cage thoracique.

Semblable à une gargouille désormais éprise d’un souffle de vie, ses ongles s’accrochent à la paroi et la hissent jusqu’à une fenêtre beaucoup plus haut, creusée par le temps et le vent, si bien que les pierres se sont arrachées pour en faire une plaie béante. L’Oiseau se pose sur ce qui sert de rebord, accroupie, aux aguets.

Ça Grouille.

Des bruits hérissent sa chair tandis que, dans l’ombre, une masse informe et luisante grouille. Un éclair rend le ciel et dévoile aux yeux de l’Hybride les huit autres de l’araignée qui se dresse devant lui, mandibules en avant, contrariée d’avoir été dérangée. Bondissante, pattes en avant, la créature s’empale soudain sur l’aile d’acier tendue devant elle par réflexe de défense. Empalée, éventrée. Ses pattes lacèrent légèrement le bras à porté avant de retomber, inertes, et déliées. Le corps glisse le long du métal, laissant une trainée verdâtre, et tombe au sol dans un bruit sourd.

Je haie je haie je haie les petites araignées.
Je haie je haie ces bestioles envenimées
Tisseuses
Mais belliqueuses
Je haie je haie les araignées

Et si on les empalaient ?


Un léger rire dément sort des crocs serrés de l’Ange qui goute pour la première fois depuis tant d’années le plaisir de sentir la chair se fendre sous ses effets. Le Destin n’a-t-il point comme fonction de mettre fin à tout fil allant trop loin ? Voilà quelque chose que les Nornes connaissent mais qu’Hénath n’a point appliqué. En son âme résonne la bestialité de son Macabre Compagnon. Son sang, le plaisir d’avoir sentit sa chair se fendre sous sa main amoureuse.

Lézard presque désarticulé, Hénath rampe sur le sol, frôlant la pierre, pour se glisser dans la prochaine pièce dont la porte est bien plus grande que la précédente. Ses ailes fendent les toiles devant elles, parant le corps presque nu de ces lambeaux qui s’accrochent à sa peau pour lui faire une robe de brume.

Elle est passée.

L’Hybride se redresse et observe la « chambre » non sans une pointe de curiosité. Comment en cette tour délabrée une telle pièce a pu subsister ?

Et toi, vieille créature, comment as-tu fait pour survivre ?

Sa voix rayée par trop d’années d’existence résonne à ses oreilles. Hénath se tourne lentement pour apercevoir enfin celle qui hante ces lieux et qui ose la nommer « son enfant ».

Cher cher Comédien du Morbide. Retiens moi Mon Ange ou je fais un Massacre.

Elle reste immobile à observer la vieille femme, Wyrd heurtant de sa force les pulsions de l’Ange éveillé. Autour d’eux, les arachnées se libèrent de leur sommeil, sentant le sang de l’une des leurs souiller l’étrange visiteur.


Parle, énonce ta Prophétie.
Ou peut être simplement une histoire.
Un conte lu auprès du feu.

Un Conte Macabre pour deux Artistes du Noir Morbide.

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Le Clown

Le Clown

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Humeur : Ivre de souffrance

[Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois _
MessageSujet: Re: [Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois   [Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois Icon_minitimeSam 8 Oct - 16:47

L'absence de sa vue l'avait fait hurler. Plus d'une fois il avait essayé de défaire ce maudit bandeau à dentelles, mais à chaque tentative, sa main avait cogné son visage, du sang avait coulé à la commissure de ces lèvres et il avait crié de nouveau.

Il ne parlait pas. Il ne s'adressait à personne. Il criait simplement pour exprimer des sentiments. Colère. Impuissance. Douleur.

Puis il était venu le moment où il s'était griffé le corps entier. Des sillons d'un rouge très fort, très lumineux dans ce paysage terne, avaient commencés à former des murs, qui eux-mêmes s'étaient croisés pour forme des intersections, des cul-de-sac. Un labyrinthe carmin ornait son corps presque nu. Car seul le bandeau, les morceaux de fers qui tiraillaient sa poitrine (qui elle-même tirait sur la peau pour refermer ce trou qui était une erreur dans la bonne constitution de ce corps, de la douleur lancinante en musique d'arrière-plan...), le reste de l'aile central où pendait leur Enfant. Il n'y avait rien d'autre sur son corps qui l'habillait.

Ce labyrinthe lui avait permis de trouver une sortie à ces maux. Il avait crié, modifié la structure des cendres de ces larmes invisibles et froides. Rien n'avait fonctionné. Il avait ouvert une valve à ces émotions. Maintenant, il était temps de la refermer, de s'habiller de ce masque d'indifférence et de froide maîtrise.

Alors que les sillons de sang devenaient des croutes d'un sombre carmillon, le reste de ces émotions passaient dans un entonnoir qui se resserraient de plus en plus. Jusqu'à ce que cela ressemble à un anus ridé. Quelque chose de moche et d'hermétique.

Un tatouage ornait maintenant son corps squelettique. Il se surprit à aimer le contact de ces longs doigts sur les dénivelés de ce nouveau corps. Une grande relaxation s'empara de son esprit. Un grand vide emplit ces pensées. Le cours du passé et du présent, du futur et des possibilités glissa sur sa conscience sans avoir d'emprise. Il était une surface lisse et éclatante d'une beauté glaciale. Une surface sans imperfection. Une banquise psychique.

Vois-tu comme moi cet endroit fort flou qui n’appelle que nos âmes égarées ?
Comme une toile tendue devant mes iris, je n’arrive à les distinguer. Soit mon âme, je serai tes ailes.
Elle n'aurait pu utiliser de meilleurs mots à ce moment. Le Clown s'approcha de sa Noire Moitié, tendit une main lentement, ces doigts trouvèrent le poignet de la femme, une simple caresse lui permit de guider cette main et l'emmenèrent vers ce corps marqué du sang et du silence.

Je ne suis plus que Pierre.
Je n'ai de Pensées.
Je me guide seulement aux Termes que tu utilises.
Ceux-ci Résonnent en Moi et,
Ouvrent des Voies.

Lorsque tu seras Tourmentée,
Que tu te poseras des Questions,
Suis de ton doigt ce Labyrinthe.
Un grand Calme s'emparera de toi, et,
Ta vision sera Claire et Fluide comme l'O.


Puis, dans le noir aveugle de ces orbites cendreuses, un fil se dessina à ces yeux clos. Dans une autre histoire, il aurait été d'un blanc de cygne, auréolé d'une luminescente aura. Dans ce monde-ci, le fil était gris cendreux. D'autres petits fils usés s'enroulaient autour du premier. D'imperceptibles mouvements animaient cette corde. Cette corde qui était relié à une Tour. Il ne la voyait pas. Il ne la ressentait pas. Seul le Fil comptait à ces yeux fermés.

(...)

Des bras l'enserrent et ils s'envolent.

(...)

Qu'aime-t-il dans l'orage ? Simplement la froide beauté qui se dégage de cette plante électrique. Le silence bref mais puissant qui l'accompagne comme les cerfs fatigués du vieux bonhomme barbu et habillé de rouge.

(...)

Le fil qu'il suit, qui indique la direction aux ailes de Noire Moitié devient de plus en plus tremblantes. De petites araignées commencent à se mouvoir rapidement sur leur huit pattes surchauffés. Leur derrière crache du fil de soie et répare, renforce, créer de nouveaux passages vers cette Tour qui apparaît dans sa vision aveugle. Le simple fil qu'il avait suivi s'est vu agrémenté d'un fil au début qui s'est envolé vers des hauteurs que ces yeux présents ne pouvaient, et ne voulaient apercevoir. Lever le regard égalait lever la tête, et égalait encore à perdre cette vision présente et modifiée à chaque seconde qui passait et chaque goutte de pluie sur les ailes métalliques de celle qui la retenait de tomber.

La sensation d'apesanteur l'avait d'ailleurs complètement oublié. Il était devenu plus léger qu'une plume d'Ange. Il ne craignait pas de chuter, de se rompre les os et d'écraser son Enfant de Sable car les bras l'enserraient plus que bien. Les bras lui appartenaient et ne formaient presque qu'un seul corps avec le sien parcouru de droites de sang. Ces mêmes droites qu'il avait l'impression de donner aux courbes généreuses du Destin. Il lui semblait voir du coin de ces yeux le labyrinthe courir sur les bras de sa Douce Métallique. Mais cela n'était que vision et souhait qu'y n'atteignait pas sa conscience.

(...)

Le reste des évènements, et le retour à l'éveil se fit comme dans un rêve. Les images se floutèrent alors qu'il reprenait le contrôle de son corps. Alors qu'il se sentait marcher et ramper, sans qu'Hénath ne le retienne. Il ne se rappelait pas même le moment où elle l'avait laissé au bord de cette brèche pour qu'il s'aventure dans ce lieu qui les avait appelés. Il savait juste qu'elle était à l'étage d'au-dessus et se dirigeait vers une porte plus large qu'il avait actuellement devant lui. Il ne savait pas où il se trouvait, et ne s'inquiétait pas de suivre un chemin qu'il ne calculait pas même. Il La suivait et se retrouverait Là où le Fil les avait entraînés.

...le Clown rampe dans un couloir à ras du sol. De grosses pierres poussiéreuses retiennent le reste de l'édifice de s'écrouler sur son corps d'Ange et d’Écorché. Quelques pals l'obligent à se contorsionner, à racler le reste de son ex-aile centrale sur la pierre graveleuse... il ne sent pas la Poupée Borgne s'accrocher à un morceau de canalisation... il ne ressent pas sa perte... il n'en a pas le souvenir...

!

Le Clown esquisse un sourire sournois. Il a quitté sa chrysalide et se sent neuf. Revigoré. Il s'approche de sa compagne, s'interposant entre les deux femmes et évitant ainsi une première joute. D'un doigt d'enfant, le Clown le laisse glisser sur la paroi humide de l'eau de l'orage et d'une substance plus... consistante. Il trace alors une spirale avec. Il la fait tourner de plus en plus vite et s'écroule par terre, un fou rire paralysant ces côtes et emballant son cœur maintenant énorme.

Il se relève péniblement, une commissure de ces lèvres coincée sous l'effet d'un muscle tendu et se peint des moustaches de gentilhomme du sang de arachnoïde empalée.

Ne suis-je pas magnifique vêtu comme tel mesdames ?

Le Clown salue d'une manière de bourgeois, -une main derrière le dos, les jambes arquées,- son Oiseau Noir puis la Vieille Dame.

L'air devient chargé de milliers de petites et moyennes pattes d'araignées envahirent les lieux. Elles se rassemblent toutes et forment, de par leur configuration, des axes qui fixent le regard sur la vieille dame. Celle-ci sourie. Les rides se tirent sur les extrémités du visage. Ces deux mains sont posés l'une sur l'autre, qui elles-mêmes sont posées sur ces cuisses collées l'une contre l'autre. L'archétype même de la brave mamie qui propose aux enfants du pain d'épice et un bon grand verre de lait frais.

Pourtant, le Clown, dans sa noire vision, voit une autre réalité se superposée. Il voit des lignes, nombreuses, dirigés vers le corps de la vieille femme. Il croit voir des araignées, des vestiges d'araignées telles des colonnes grecques brandit vers le noir plafond de pierres. Mais il croit aussi sentir une atteinte contre son corps, ou plutôt contre son esprit. Une caresse empoisonnée d'un dard jouant avec son bandeau fait d'un costume de soubrette ou de très vieille femme de la haute société.

Le sourire qui avait quitté naturellement son visage revient à la charge. Il sent une formidable histoire se construire autour de lui. Il ressent le monde d'illusions dans lequel il est plongé. Son oreille gauche parvient presque à toucher son épaule gauche lorsqu'il tourne la tête de ce côté. D'un regard extérieur, il semble observer la scène qui se trouve devant lui, derrière ce mur de toiles qui lui ceint la tête. Puis, il tourne la tête de l'autre côté. Les images qu'il perçoit sont floues, changeantes. Comme sur une mauvaise chaîne de télévision, presque une chaîne cryptée où l'image, de noir et de blanc, grésillants et laissent des traits scindent l'écran en des parties inégales. Les images, si elles se combinaient les unes aux autres, si elles apparaissaient et disparaissaient plus rapidement formerait une image de sens et de couleurs. Il a cru qu'en changeant la position de sa tête, il changerait l'angle de ces visions intérieures. Mais rien n'y a fait. Seule la présence de ce dard s'est fait plus présente.

Les doigts de sa main gauche, celle recouverte par le Destin touche le morceau de tissus et y découvre une estafilade. Précise. A l'endroit où il avait cru sentir ce dard spiritueux.

Mamie ?

Le Clown se rapproche précisément de la vieille dame. Il est la Foi d'Hénath, celui qui cherche le chemin, et elle est ces Yeux. Ces mêmes Yeux qui peuvent le guider dans la plus complète obscurité, dans le chemin le plus jonchée d'objets mortels.

La tête du Clown se balance de gauche à droite,

(comme un serpent qui hypnotise sa proie)

tout en se rapprochant du visage calme, serein et souriant de la vieille dame assisse sur sa chaise de bois, entourée, non pas de ces nombreux chats, mais de ces nombreuses araignées.

Mamie ? N'aurais-tu pas quelques mots à nous révéler ?

La tête de la vieille dame se tourne alors lentement vers la femme aux grandes ailes d'acier. Mais le sourire qui esquisse son visage est effrayant. Les lunettes aux verres fumées ne parviennent pas à cacher huit petites lueurs de braises. Sa bouche s'ouvre, articule des sons. Mais celui-ci ne suit pas les mouvements de ces lèvres. Il apparaît en décalé et dit ces quelques mots :

Que fait-on d'un membre d'une famille qui empale un frère ou une sœur ?

Alors que les mots, et un sens percute les rouages de la compréhension de la femme qui habite l'essence de l'ange et du destin, le doigt du Clown passe à travers le trou de son bandeau, écarte les poussières de cendre et ressent les nouveaux traits de son visage.

La main cherche alors de bons appuis sur le bandeau : le pouce se glisse en-dessous, laissant couler les cendres à travers le labyrinthe de sang séché sur son corps, tandis que ces quelques autres doigts cherchent à s'enfoncer dans les ténèbres par le dessus. Il se sent fermer un œil, peut-être deux par le simple appui du bout de son index. Il sent quelques gouttes du Destin noir se mélanger aux restes du vieillard berserker et à la nouvelle peau du Clown. Une alchimie élaborée qui laisse apparaître un visage aux traits coupants, nu de tout textile. Les derniers grains tombent et se heurtent aux cul-de-sac des tracés complexes de son tatouage.

Huit yeux ceignent le visage du Clown.

Une vision multipliée par huit, déformée par les orbites bombées, et teintés d'un rouge cru.

Mamie ?
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[Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois _
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[Scène 2] La vieille dame assise sur une chaise de bois

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