Une déesse, malade, séduit des êtres depuis leur monde originel et les incite à quitter leur corps, pour ne cueillir que leurs âmes et s'en nourrir. Penchée sur notre monde, elle choisit ses amants et héberge, dans sa propre enveloppe, les esprits venus s'égarer dans son piège ; de cette étrange fusion, mi-salvatrice, mi-destructrice, va naître un mélange de songes, de dimensions rêvées et souvent cauchemardesques où, chaque fois, tous seront réincarnés au sein d'un contexte spécifique. La Psychée Morbide y réapparaîtra, furtive et manipulatrice, avivant leur amour et leur haine, les poussant aux limites d'eux-même, du désir et de l'horreur...



†

«Je veux vous changer, je veux vous faire renaître. Je serai votre épouse et votre mère, votre maîtresse et vos démons ; je serai désormais votre existence. Toute entière. Je serai ton corps et tu suivras mon âme, nos mondes seront ma pensée et les tiennes, nos songes et nos imaginations. Nous serons des créateurs, et tu deviendras, par procuration, presque dieu. Immortel. Nous pourrons régner sur toutes les autres dimensions matérielles puisque nous aurons connus les univers immatériels, les mondes psychiques et les limites de l'Enfer, et que nous aurons mariés l'horreur à la magnificence et l'impossible au réalisable ; sustentés d'ivresses monstrueuses et au terme de nos destructions, nous pourrons alors être sages. Nous pourrons retrouver les Paradis insaisissables, les routes d'une pureté que tous, restés en bas, avaient oublié. Nous serons Prophètes, et nous verrons alors nos existences comme personne ne les pensait plus possibles : passionnantes. Belles.
Je veux que tu vois à travers mes yeux, et à travers mon esprit ; ce que je regarde lorsque s'évade mon attention, lorsque des yeux tombés dans le vide soudain se perdent. Ta nature profonde, celle que tu pensais avoir écrasée au fond de toi-même et ne jamais voir ressurgir, celle que je te ferai pourtant vomir et apprécier et par laquelle, une fois morte, renaîtra ton ange. Celle que tu as besoin de cracher parce qu'elle t'écorche, même endormie, que tu haïs et que pourtant tu aimerais laisser hurler, frapper, démembrer impulsivement. Ici, en moi, avec moi, s'expriment l'inconscient et l'impulsion, jusqu'à l'extrême, jusqu'à l'extase et l'apothéose : petite mort d'une autre sorte, le cycle nécessaire à l'accomplissement ultime de l'âme. Tu dois toujours mourir pour reprendre connaissance et assimiler, pour renaître et t'exalter plus encore. C'est l'air dans lequel nous baignerons. Assoupis dans notre eau noire, Amour, nos mondes seront macabres et pourtant, spirituels ; ce seront des mondes sans déguisement, sans superficialités. Des terres guillotinées, leur peau arrachée et ses veines apparentes ; une chair mise à nue, - rougeâtre, sanglante. Elles seront les paradoxes incompris des aveugles, le serment du sale et du beau, de l'intelligent et de l'impulsif ; nous seront poètes. Maudits. Mais nous sauront reconnaître la vraie nature des choses, nous seront ceux qu'ils n'oublieront pas.

Un jour, dans un miroir, tu croiseras mon regard ; je serai indescriptible. Un simple parfum ou une seule sensation, un nectar hypocrite et poison ; ta Faucheuse. Ta désormais damnation, et toi la mienne. Tu n'auras besoin d'absolument rien pour me suivre, aucun bagage, et surtout pas de ton corps ; tu devras mourir. Tu devras t'exécuter par toi-même, volontairement, ou t'endormir un soir et choisir de ne plus jamais te réveiller. Ceci sera gage de promesse : ton courage d'avoir su quitter une rassurante existence et de rejoindre l'inconnu, hors du cadre, hors des visions, dans un monde égaré et intermédiaire où rien ne vit, et où rien n'est complètement mort. Bienvenue au Théâtre Immortel, théâtre labyrinthique, éventré, dernier îlot au milieu des Nimbes et du Néant. Tombeau d'une déesse agonisante, qui, en même temps que son esprit, efface peu à peu cette dimension maintenant presque morte. Elle tremble, elle t'attire à elle et t'agrippe avec, presque, violence. Ses bras sont des étaux de marbre, son corps un métal impénétrable et glacé ; elle chuchote. Elle transpire de songes, d'images, d'une excitation de mots et de délires à peine pensables, d'horreurs et de sublimations défaites ; elle est un rêve à elle seule, un ange arraché de ses cieux originels et baignant au milieu d'entrailles recrachées : nourrie de son propre poison. Immortelle, ne sachant mourir, elle te murmure, suppliante - de la sauver, ou de l'achever. L'agonie est irradiante, votre fusion un mariage ; elle sera ton nouveau corps, tu la maintiendras en vie par ta seule présence. Et, lentement, ses doigts s'approcheront de ton cœur ; elle oscillera, doucement, vivante à son rythme ressurgissant. Et ses ongles, tendres et prédateurs, s'enfonceront avec délicatesse dans ta peau de cadavre, et l'arracheront, comme un baiser de Prince assassin...
Laisses-toi faire, maintenant. Laisses-toi prendre au Jeu.»

ARTISTES,
FOUS,
EXPLORATEURS,
POETES,
RÊVEURS,
IMPARFAITS,
MACABRES,
IRRAISONNABLES,
EXCENTRIQUES,
ECRIVAINS,
MEGALOS,
MACHIAVELIQUES,
ASSASSINS,
SANS LIMITES,
SANS MORALE,

BIENVENUES.