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 ✖ Lery et Syra, Jumeaux.

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Lery/Syra



Messages : 3

✖ Lery et Syra, Jumeaux. _
MessageSujet: ✖ Lery et Syra, Jumeaux.   ✖ Lery et Syra, Jumeaux. Icon_minitimeVen 3 Juil - 4:02

La mort immiscée, dans leurs yeux comme un nouveau paradis, glacé, figé dans la couleur vitreuse. Les pupilles glissent, du ciel étoilé au regard de l'autre, se cherchent et se fuient, reviennent et s'arrêtent. Puis, ne se quittent plus. Ils ne font qu'un, et leur passage se fera l'un avec l'autre, où qu'ils aillent, et quoi qu'il arrive ; ils ne pouvaient ni vivre, ni mourir seuls. L'une moitié sans l'autre, les demi-âmes n'étaient qu'à demi-vivantes.
C'est un moment agréable pour mourir, le plus exaltant de toute leur existence. Cette pensée, morbide, ils l'ont tous les deux silencieusement formulée. Ils ne pouvaient rien rêver de mieux, rien de plus beau ni de plus romantique. Ils étaient une œuvre de Shakespeare, un symbole de perfection, absolue, dans la coordination des gestes et la synchronisation mentale, dans la seule image qu'ils reflétaient : deux anges, endormis. Au milieu de nul part, gagné du sommeil irréparable, du sommeil des rêveurs. L'amour, et la mort, l'inspiration et l'expiration : ils étaient parfaits. Une perfection baignée de sang, au clair d'une autre lune, le sol agrippé à eux.
Leurs cheveux et quelques doigts se sont mêlés puis, vidés de leurs forces, ils s'évadent. S'ouvrent sur leurs robes des fleurs rouges, au-dessus de la prairie, des herbes hautes : un tapis sanglant, fertilisant la terre d'une semence liquide, encore tiède et douloureuse de larmes écarlates, épanouissant une nouvelle et macabre variété de pétales.
Le vide. Loin d'eux-même, à présent, ils pouvaient mourir librement. Ils devaient se retirer et répondre à la déesse plaintive ; injurier leur horreur, rétracter leur existence. C'étaient d'autres mondes dont ils avaient besoin, loin d'ici, des réalités de métal et des rires désharmonieux. Elle ou il avait entrouvert, un jour, cette fenêtre dans un mur clos. Il n'était pas question de séduction, mais d'une entrevue édénique : tracer leur route jusque là-bas, subir l'orage et aimer la pluie. Ignorer les disgrâces, la hauteur des blasphèmes et l'horreur, la saleté terrienne : leur pureté recroquevillée, comme des anges, sauvegardée au cœur âcre des foules immondes. Bousculés entre les corps, étouffés entre les humains, les déchainements, les exorcismes. Deux blancheurs prodiges. Ils avaient fait un rêve. C'était une fin d'après-midi, dans la lumière tamisée et l'oppression immobile d'une chambre. Ils se tenaient main dans la main, tranquilles, au milieu d'un horizon désert : devant, c'était levée une arche, une porte scintillante. Une porte d'illimitations.
Un jour, écrasés si bas sous la douleur, qu'insolublement contraints à partir, ils s'attachèrent l'un contre l'autre et confondirent ce qu'il leur restait d'âme. Madame Morbide, emmenez-nous, maintenant. L'ivresse possible, ici, n'est qu'une ivresse mortuaire, à l'heure où l'horloge cesse de battre, où tout s'arrête. Nous prendre, une nuit d'automne, là où la mort prend forme et que tout succombe à ses charmes. Elle vendit nos corps à la terre, offrit à nos esprits l'intermédiaire de voir nos imaginaires exister : auriez-vous accepté de vous abîmer dans vos propres rêves, en déballer tout son contenu? Ils étaient purs. Nous n'avions rien à craindre : ni monstres, ni horreurs. La candeur n'imagine aucune perversion.
Lovés l'un contre l'autre, leurs joues côte à côte, froide symétrie. Deux corps glacés, pendants, deux corps de marbre. Quand sont-ils morts? Il y a une minute, ou un autre jour? Deux intouchables, deux violés, deux pierres endormies. Les lèvres accrochés, une exsangueur malade, fragile, enlacés avec amoureuse délicatesse. Sur un autel, ou un tombeau, deux gisants attendris, morts d'amour. Leurs cheveux, comme auréole, pendus, au bord de la stalle, étalés et fixes comme un liquide gelé. Les regards perdus, égarés dans leur propre temps, dans un mutisme interrogatoire et compréhensif. Ils sont tranquilles, pour l'instant, pour le moment que leur cœur ne bat que, seulement, de manière imperceptible, encore à peine réveillé. L'un des deux esquissant un sourire apaisé, troublant l'insoluble facture du marbre.
L'air est l'astre qui réchauffe, et fait fondre les pôles, ramenant à la dure civilité. L'air empoisonne, corps, et âme, brûle la roche, la peau, transforme, ne conserve rien et liquéfie, purifiant avec douleur, tirant des brumes et fanant la vie. L'air s'immisce, pénètre leurs poumons et soulève leurs poitrines. Ils ne sont jamais morts ; l'un et l'autre sourient. Inconscient des flammes, de l'enfer pourtant pendu à leur bouche, ni des rivières de lave. Ils pensent qu'ils pourront s'éveiller totalement, se lever comme des princes et vivre en planant.
Mais ici, jeunes hommes, on coupe les ailes, on mutile les oiseaux.

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✖ Lery et Syra, Jumeaux.

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