En espérant que celà corresponde et plaise.
Avatar a venir.
Machie, elle s’appelait Machie et était une indécise née. Bien sûr, ce prénom tenait du surnom, m’enfin, c’est ce qui lui fut attribué. Elle était Machie et serait toujours Machie. Sauf que pour son plus grand malheur, Machie n’était personne. Ce n’est pas qu’elle ne savait rien faire. Elle savait multiplier, diviser, poser trois mots corrects sur une feuille de papier, elle avait une jolie voix. Le problème n’était pas qu’elle soit une ignorante toute bête mais Machie était une indécise née, et on la traitait facilement de feignante. Mais si seulement on avait su éveiller de la passion dans ce cœur endormi, peut-être cela se serait-il passé autrement ? C’était aussi une fille unique, un jean, un t-shirt noir et une petite couronne sur la tête, voilà pour le portait de la gamine. Donc, en tant que fille aimée elle se devait d’avoir comme unique réponse un « amen », et elle en eu plein. Sa vie fut toujours simple, aussi courte qu’elle fut.
Elle s’appelait Machie et elle tomba amoureuse. Plusieurs fois, elle eut quelques conquêtes. Mais à chaque fois c’était la même chose. Elle convoitait un type, au pif, elle choisissait un spécimen qui lui apporterait gloire. Croyant dur comme fer au coup de foudre, et confrontant cela à ses habitudes de petite fille pourrie-gâtée, il n’y avait plus qu’un mot d’ordre, une seule chose qui comptait : l’obtenir. Obtenir ce garçon qu’elle se bornait à désirer plus que tout. Et, généralement, elle réussissait son opération séduction. A partir de ce moment ce n’était plus qu’une histoire de jours pour qu’elle se lasse de ce nouvel amant.
L’indécision la faisait tourner en bourrique, affalée sur son canapé en zappant sur des chaînes de télévision sans vraiment voir l’appareil. Et comme vous vous en doutez, une fois l’homme perdu, elle ne rêvait plus que de le retrouver. Et généralement, il baissait les bras et finissait par dire non. Cela permettait à la jeune fille de s’occuper quelques mois en pleurant sur le même sofa devant les mêmes émissions qu’elle ne regardait pas.
Puis un jour, elle s’embêtait encore, assise sur ce siège moelleux, en jean, t-shirt et avec une couronne –qu’il faut imaginer bien sûr- sur la tête. Elle eu envie de tenter quelque chose là, maintenant, tout de suite. Elle avait folie de prendre contact avec le monde d’une nouvelle façon. Mais son manque de goût en ce qui concerne la vie ne lui donnait pas la volonté de sortir de son appartement. Elle se leva péniblement. Et se dirigea vers la salle de bain.
Elle avait une boite de médicaments –vous savez, comme celles des films américains- dans la main, et quelques autres médicaments éparpillés dans l’autre. Elle se regardait dans le miroir avec une moue de dégoût qui lui déformait le visage. Elle avait des cernes et des yeux rouges, et elle tentait de mettre fin à un ennui qui avait commencé dès sa naissance.
Si elle ratait, le jour suivant serait plus beau. Elle verrait la vie en couleurs, aurait le courage de couper la frange de cheveux bruns qui lui gâchait la vie. Demain…
Mais si jamais elle réussissait, qu’il n’y avait plus de demain. Elle mourrait là, dans cette salle d’eau bien trop froide et bien trop blanche. Elle apprendrait au moins ce qu’il y avait de l’autre coté. En espérant que ce soit meilleur, santé !
Et elle avala. La couronne glissa de ses cheveux gras et se brisa en mille éclats sur le carrelage immaculé.
Bien sûr ce n’est qu’une image. Machie voyait la mort, une face belle et indéfinissable, ce qui l’avait tant attirée et qu’elle avait, subitement, la violente envie d’embrasser. Elle allait sombrer dans les bras confortables du néant, les limbes douces de l’inconscience. Elle aurait aimé se voir en train de mourir dans ce miroir trop propre. Mais ce qui remplissait son champ de vision rétréci n’était que ce qu’elle croyait être une hallucination. Cette face enchanteresse et étrange. Cet amour qui la faisait décoller des libertés, la faisant voler bien au dessus. Puis elle eu froid, ce frisson la déstabilisa et ses jambes lâchèrent. Et là, elle la sentit plus près que jamais, la mort, elle saurait bientôt. Bientôt elle découvrirait ce que c’était qu’être vivant –en un sens – de se ressentir, d’avoir pleinement conscience de soi.
Mais elle se réveilla ange. Un ange déchu avec un passé qu’elle n’avait pas vécu. Oh ! Pour sûr, elle avait connu les grandeurs et la beauté, et désormais, tout cela lui était enlevé. Elle redevenait humaine. Une de ces choses sans ailes, qui ne pouvait se permettre que de rêver. Elle aurait bien préféré mourir une seconde fois plutôt que de retourner dans cet état. Cette sous-race qui n’avait que deux bras et deux jambes trop faibles pour qu’on puisse en tirer quelque chose. Elle pleura longtemps face à cet état qu’elle retrouvait.
Oh Dieu ! Qu’elle avait était belle, de cette beauté que seul les anges possèdent, une grandeur inhumaine. Inhumaine justement, loin de l’ennui des sentiments. Loin de cette situation illusionnée, sans liberté, au service de sentiments contradictoires, de douleurs intérieures des entrailles. Elle, elle avait appris à voler et à se faire inaccessible, à connaître toute grandeur qui soit, à être elle, devenir reine.
Mais elle n’était plus rien, à nouveau, sans couronne ni ailes, elle se desséchait, elle mourrait. Déchirée, achevée, ne voulant recommencer le cauchemar à cause duquel elle s’était sacrifiée, elle s’enferma dans un sous-sol de la ville. Un tunnel, un coin noir, là, juste là, elle se fondit dans l’ombre et devint statue. Une statue laide, et assez exposée aux regards. Elle s’était transformée en ange déchu, tout simplement.