(ANTI)MONDES
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 [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.

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Psyché Morbide
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Psyché Morbide

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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeVen 2 Oct - 5:50

L'HISTOIRE COMMENCE.


La peau est d'albâtre et de glace, la neige veine froide et sanglante, volutes presque figés dans l'atmosphère. Le monde est cristallisé dans un geste, inspiration retenue. Les heures ne se comptent plus. Ni les douleurs. Plus rien n'est explicable, ni descriptible, ni arrêtable. Il est possible de rester mort pendant des jours.
La conscience est incertaine. L'atmosphère aussi est immobile, paupières mi-closes. L'hiver est un caveau et un linceul, paisible, et silencieux.

Son corps s'est retrouvé flottant à la surface d'un lac, noyé par la morsure du froid ou la morsure d'un poison. La glace sous son poids brisée s'est reconstituée et épaissie, figeant l'écorchée paumes vers les cieux. Presque translucide, comme une artère de marbre, recouverte d'un glacis rougeâtre. Ses lèvres même se sont collées, son regard voilé.
Une statue magnifique sous le givre d'hiver...
Ce n'était pas la première singularité qu'il croisait ici. Le fait était quasiment candide. L'improbable et le beau, glissés comme des mélanges incohérents aux scènes d'horreurs et d'infamies.
Elle dévorait d'un regard absent l'immensité blanche, basse et infinie, du ciel trop pâle et des lents tourbillons. La neige est un tendre détail penché sur la mort, comme des larmes que versent les amours endeuillés le jour de l'enterrement. Elle fut exhumée sous la glace, dans ce royaume dont parlait leur mère lorsqu'elles n'étaient encore qu'enfants : il n'y avait finalement ni début, ni fin. Tout recommençait.

Elle dévorait d'un regard absent l'immensité blanche, basse et infinie. La cime gelée d'arbres nus, au gré d'une brise légère qu'elle ne percevait pas, abritée dans son cocon de glace. Figée dans l'instant de sa mort comme si, étrangement, la lame était restée sur le fil sans le couper pour autant. Son baiser était trop long, trop froid.
Les douleurs n'étaient anesthésiées qu'à cause de l'engourdissement de son corps. Elle ne sentait plus rien. Elle ne pouvait plus aucun mouvement.
La neige, autour de ce jeune lac, était rouge : y étaient proprement entassés sur ses rivages des cadavres égorgés. Autant de chair que n'en avait guillotiné la faux fatale et meurtrière. L'œuvre de toute leur existence.
Le sang écoulé avait teinté l'eau et la glace d'écarlate, diluant les couleurs même de la saison et celles de la morte.

Les spectacles, ici, sont chaque fois étranges...
L'Innombrable était penché au-dessus d'elle. Un peu à l'écart, derrière lui, se tenait un groupe d'êtres revêtus de longs manteaux noirs, qui sans un mot contemplait la femme cristallisée sous la glace et écoutaient penser le Maître.
Elle a du s'endormir dans l'eau. Elle a du mourir. Elle doit venir de là-bas, elle doit être à Elle...
Une des milles facettes de l'Insaisissable : son regard s'abîmait dans une tristesse immense.
Il s'accroupit, caressa le visage de marbre avec une douceur amoureuse.
Le cœur est un souffle imperceptible.
La chaleur qu'il diffusait était tendre, rassurante. La noyée - ou empoisonnée - gelée avec la surface de l'eau ne put éviter le regard du personnage apparu, ni aucune de ses pensées, malgré son mutisme.
Depuis combien de temps dors-tu?
Il souriait d'une façon bizarrement fixe. Il n'était ni homme, ni femme. Ses traits même paraissaient ne pouvoir être arrêtés, parce qu'il allait et venait dans ces yeux un millier d'autres visages et d'autres douleurs.
D'où viens-tu?

Elle avait glacé l'hiver de rouge.
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeMer 7 Oct - 22:37

Le dernier craquement semble être un écho qui se répète sans cesse. La dernière vision, ce visage, celui de la déesse dans la glace, ce reflet... Happé par ce regard et son appel, le corps de l'écorchée s'est laissé mourir. Le poison ou le froid. Ou peut être la noyade. Une mort pour chacune d'elles... L'une a choisit l'asphyxie, sept minutes d'agonie à sentir l'eau pénétrer ses poumons au point de réduire sa respiration au minimum. Sept minutes où son corps est prit de convulsions, son cœur s'emballe avant d'exploser et de mourir à petit feu pour se taire à jamais.
L'autre a choisit le poison, la Ciguë. Châtiment du philosophe Socrate qui a été condamné à la boire car il se posait trop de questions sur le monde, sur la raison même des choses, sur la Vérité. Trop bon penseur devient danger pour la société. Elle l'a éliminé. Et cette soeur là savait que la société aurait une fin, elle connaissait ses débuts, ce qu'elle est, et sa chute. Douce décadence. Alors elle a but. Sa gorge s'est réchauffée au point de devenir une brûlure délicieuse. Puis le poison avait prit possession de son sang, griffant sa peau de l'intérieur avant d'embrumer son esprit ainsi que toute forme de raison. Puis virent les convulsions provoquées par cette douce plante qui met fin à la pensée et qui cristallise une philosophie propre à un être.
Et puis la troisième... Oh elle, elle s'est donné au froid mordant qui, tel le serpent de Midgard, est venu planter ses crochets sur sa peau d'albâtre. De ses anneaux il a tiré le corps vers le fond du lac, brisant la glace avec force. Il l'a gardé ainsi enserré jusqu'à ce que le froid ne l'enveloppe : son seul linceul. Tout de blanc vêtu. La pureté infini. Le Royaume retrouvé. Nul chaleur, nul étouffement, juste le froid qui glace son sang, fige ses veines et piège les battements d'un cœur trop malheureux de ne pouvoir agir sur le monde qu'il ne perçoit que trop bien. Elle a réussit... elle a figé le temps ! Quel que soit son nom, il n'a plus d'emprise sur son corps et son existence. Son royaume de glace l'a figé pour que, plus jamais, le Temps ne puisse l'atteindre et exercer sur elle ses influences monstrueuses.

Le corps est remonté à la surface au bout d'un certain temps et bientôt la neige se chargea de geler l'eau autour du cadavre pour en faire un cercueil. Désormais celle qui s'appelle Hénath Wyrd NØrn porte bien son nom. Elle est sa propre destinée, son nom même de Destin est maîtrisé par le pouvoir de ces trois soeurs, ces Nørn qui ont unis leur pouvoir pour lutter contre la fatalité. Elles se nomment Hénath.

Depuis combien de temps sont elles ici ? La brise de l'hiver semble devenir une douce caresse sur son visage tandis que l'eau la berce de sa délicieuse immobilité. Figée entre deux mondes, elle se sent insaisissable, puissante et si bien. La plénitude, le paradis, leur royaume : Nifelheim. Le berceau de leur vie... de leur mort. Le corps a les yeux mi clos, pour la première fois ils prennent le temps de contempler le ciel blanc qui pleure des flocons aux motifs uniques et élégants. Éphémère beauté qui se brise en touchant le sol cruel, cette terre souillée par l'Homme depuis des années déjà. Ses yeux sont voilé de cette même couleur laiteuse, sa peau a perdu toute coloration superflue. Il n'y a que du cristallin dans ce décor de silence et de paix. Ainsi immobiles, elles savourent. Quoi ? Tout ce qu'un être lambda ne prend le temps de capter, elle savoure ce qu'elle ne peut qu'imaginer : le bruit de la brise dans les branches nues des arbres, la caresse de l'eau délicate qui frémit parfois sous la couche de glace, la couleur des cieux la nuit et le jour et l'odeur du sang...

Quelle est donc cette anomalie ? Ce n'est point le leur, pourtant, elles sentent cette saveur métallique qui se répand autour d'elle avec une lenteur délicieusement insupportable. Qui lui offrirait sacrifice ? Qui dérange son repos où, sage, l'inanimée attend le souffle de sa déesse pour sentir la douleur de l'éveil brutal au monde réel, celui qui n'est berné d'illusion, l'accès à la Vérité et à l'essence même des choses. Le sang imprègne l'eau et la glace, bientôt, nuage rosé qui colore son monde aquatique et gelé, il vient caresser ce cadavre qui souille la nature de sa présence et pourtant... il semble en faire partie avec un naturel morbide. Cherchait-on à la faire renaître par cette vitae qui colore son monde blanc ?

Buvons le sang de l'Homme pour que nous puissions y goûter ses saveurs passées, et les perspectives d'avenir avortées par une lame qui a coupé le fil de ta vie. Pauvre ignorant, nous nous nourrissons de ta souffrance, nos lèvres boivent ton sang alors que nos yeux pleureront ces perles carmines. Délices des sens... offre moi ma transe...

Le silence règne dans le corps mort, les trois voix qui chantent à l'unissons se taisent pour entendre ces paroles qui ne sont d'aucunes d'elles. Hénath peut sentir la présence d'un regard, de plusieurs même. Combien sont ils ? Et Wyrd, doux Destin, se trouve face à celui qu'il devait peut être rencontrer. Est-ce le hasard qui emmena ce regard triste à croiser celui voilé d'une âme piégée dans un corps cristallisé ? Ou alors le nom de cette statue de glace y est encore pour quelque chose. Vois, ce corps qui regroupe les Nornes en une seule et même unité, vois à quel point ce royaume est le leur, ce monde de glace, de carmin. Elles ne rêvent qu'en noir et blanc. Apporte leur une touche de couleur. Rouge Sang.

Nous te voyons étranger, inconnu, être innommable. Délicieuse créature qui réchauffe d'une caresse la peau diaphane qui émerge des eaux glacées. Comment entends-tu nos voix alors que nous sommes à mi chemin entre la mort et la conscience ? Pourquoi... entendons nous ce que tu penses de nous ? Caresse nous encore, offre nous le plaisir de la chaleur qui fera parler la douleur qui nous habite, qu'elle hurle et détruise l'humanité de son intensité.

Nous ne dormons plus... Nous existons. Point de repos pour celles qui se sont données la mort, nos yeux voient l'immensité blanche du ciel sans jamais se fermer. Je ne dors pas, je meurs. Nous renaissons, notre mère n'est plus de chair. Nous naissons entre les bras de la Psychée. Nous venons du monde des glaces, nous sommes issu d'une légende, nous en avons les noms. Pourtant nous sommes derrière ceux ci totalement. Nous sommes les sœurs qui assistent à la vie, à la naissance et à la mort. Nous tissions des toiles avant de les achever. Nous venons... du monde des vivants. Nous sommes mortes, nous sommes issue de Helheim, le monde des morts. Ce royaume est-il le notre réellement ? Parles, dis nous... Décris-nous comment est la neige autour. Décris sa couleur et sa saveur. Pourquoi tout ce sang ? M'égorgeras tu après une autre caresse ? Arrache moi le cœur, j'ai un présent à offrir. Embrasse moi de ta chaleur que je me sentes à nouveau mourir. Dis nous... Est-ce la fin ? Ou notre commencement ?


Parle leur qu'elles puissent déjà imaginer dans leur esprit uni, l'image que représentera leur prochaine toile qu'elles tisseront avec amour pour celle qui les attends. Un hiver pourpre, un hiver sanglant... Oh un Hiver si Vivant...
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeMar 13 Oct - 20:22

C'est la Fin, et le Commencement. Voici la suite : Une métamorphose. Il n'y a jamais réellement de mort, ni de naissance ; vous êtes nées il y a des temps immémoriaux, et vous mourrez lorsque sera détruit l'esprit des mondes. Quelle façon y a-t-il d'exister? Il n'y a pas de mots pour ces choses. Il s'agit de cycles, eux-même intégrés à des cycles plus larges encore. Dés l'instauration de ces boucles, il n'y a plus ni fins, ni commencements, puisque succède à l'hiver le printemps.
Vous n'êtes ni vivantes, ni mortes. Vous existez, simplement. Ces frontières ne sont plus prises en compte dans ce type de monde-racines.
Vous avez peut-être connu ces lieux, il y a longtemps. Peut-être Helheim se situe-t-il quelque part en ces terres, peut-être est-ce une ramure de ces royaumes cendreux, une autre pensée, aux confins d'un autre esprit ou même au seuil d'un autre corps, à la même consistance. Les choses sont, leurs noms peuvent être par milliers.

Sage et sanglante... Les veines rougeâtres, sur la neige, se sont répandues en un réseau impressionnant, comme un système sanguin dévoilé : la multitude, le détail forment une œuvre démente. La glace semble palpitante.
La neige est rouge, car il n'y a pas d'innocence, seulement des âmes dévoilées.
Ton passage ici t'as vidée de tes entrailles. C'est ton sang qui coule sur ces rivages.
Je ne t'égorgerai, ni ne t'arracherai le cœur. Ton cœur t'appartiens, il importe que tu le donnes à celui que tu veux, que tu en fasses ce que bon te semble.
Elle t'est sans doute déjà reconnaissante de ce que tu lui as offert ; à toi de voir ce qu'encore tu veux t'arracher...
Son cœur est un monde aride et glacé. L'amour et la douleur sont indissociables.
Un monde nu, un monde sans artifices. Les corps grimacent leurs vices et les sensations surviennent à leurs paroxysmes, les rêves et le passé sont matériels. Un squelette dont on aurait ôté la chair.

Je ne peux pas vous laisser là. Tu vas me suivre. L'hiver devient trop dangereux.
Il suffit de sentir geler la neige, et d'en voir la couleur. Cadavérique. Les âmes s'endorment, le sommeil emporte à la douleur. Certains deviennent fous, et l'air même est empoisonné. Nous sommes souffrants. Nous partons mourir de nouveau, pour renaître ensuite avec plus de puissance encore. Tu vas venir avec nous, je ne La laisserai pas mourir.
La Cité se profile. Elle aura bientôt fermé ses portes, et rester au-dehors serait inutilement se perdre.



L'Innombrable effleure le visage. Sa chaleur est vibrante, le sang gelé devient liquide. Et lui-même semble s'éteindre un peu. Les autres, trois au compte, se sont regroupés autour de lui, soutenant la pâleur effrayante de l'Innombrable sous leurs masques noirs, d'une façon dévouée et anonymes, respectueuse et humble ; l'Innombrable se relève et les glaces s'éparpillent. La rivière est rouge, l'hiver un bain de sang. Et le corps engourdi de la nouvelle morte s'enfonce dans les eaux mordantes, comme refermée dans un piège, et s'aveugle d'eau rouge : son enterrement vivante.


Même les dieux sont mourants...
La fin d'un temps. Les âmes sont atrophiées, les anges morts de terreur.
Le sang, une nouvelle pluie. Une encre assassine. Les mots tuent, puis ressuscitent.
L'horrible froid de la glace, un poids écrasant sur l'esprit.
Amoureusement, ils t'emprisonnent.


Ils caressent la peau morte avec muette fascination. Ils ont enveloppés le corps d'un étrange habit noir, comme une tenue de deuil, ou une toilette mortuaire. Elle est sèche, tiède, et semble dormir. Lorsqu'elle se réveillera de nouveau, elle sera libre de ses gestes, de déplier ses membres et de faire battre, ou de s'arracher le cœur. Il est ici possible de vivre en état hypothermique. Elle pourra dormir longtemps. Nous l'amenons. Elle rejoindra la Cité, avant que les royaumes extérieurs ne deviennent terres mortes. Ils prennent soin d'elle : elle est blottie contre l'Innombrable qui, lui-même à demi-inconscient, s'imagine serrer entre ses bras une infime déesse, un cœur écorché de celle qu'il tente depuis si longtemps retrouver.
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeMer 21 Oct - 22:31

Le corps écoute, semblables aux trois filles qui autrefois écoutaient, assises près d'un immense feu de cheminée, leur mère raconter les légendes nordiques. Chacune avait son personnage favori. De Fenrir au serpent de Midgard, l'imagination ne cessait de croitre pour se modifier, se modeler à mesure que le temps et les expériences altéraient leur vie. Un léger sourire semble traverser les lèvres de l'enfant de glace, le plaisir d'entendre quelqu'un se faire conteur rien que pour elle. Alors elle l'écoute. Si tout n'est qu'un recommencement, peut être qu'autrefois, elles portaient les même noms et avaient fait naître leur propre légende.

Folle Verdandi tu crois toujours en tes rêves.

Tu a perdu ton imaginaire Skuld.


Et si tout ceci n'était qu'un rêve ?


Urd réfléchit. Il arrive parfois que dans ce corps uni, se dissocient chacune des parties qui résident là. Endormies, fondues en une seule et même unité, elles existent pleinement, en puissance. La force de l'une s'ajoute à l'intelligence de l'autre, le tout allié à une profonde sensibilité au monde. L'écho de ses voix sont d'une langue qui n'est désormais qu'un témoignage d'une autre époque. Une pensée universelle. Dans l'ombre de ce corps figé, les Nørn semblent pouvoir nommer les choses dans leur essence première. Elles avaient pu lire bon nombre livres philosophiques, Verdandi en raffolait bien trop pour ne point faire subir cette lecture à ses sœurs. Elle avait été marquée par la théorie sur le langage. Appeler une feuille, une feuille alors qu'elles ne sont jamais les même entre elles. Aussi elles doivent avoir un nom chacune, bien spécifique. Un seul nom pour chaque brin d'herbe qui pouvaient tapisser une vallée de leur vert sublime et moelleux.

L'âme triphasée de parle, se répond en ce dialecte mystérieux qu'elle seule comprend. La fusion de tout. Le plaisir de savourer avec des sens trois fois plus développer la beauté des choses mais aussi, prendre la douleur du monde en pleine face. Hénath étouffe dans ce monde où l'air se charge d'un poison amer. Rien de comparable à celui qui a enflammé sa gorge... Non le ciel est beau, blanc, immaculé. Et lorsque l'Innombrable évoque son royaume, Hénath Wyrd sent son cœur se serrer. Oui... son royaume. Ici. Au creux de ses bras. À Elle, à lui. Ce sang pour elle... Pour nous Son cœur mort s'animer pour palpiter à son tour, semblable à la glace qui s'anime lorsqu'elle peut sentir le sang chaud la raviver. Pulsion de vie, pulsion de mort. Le battement frappe ses tempes, elle revit sous la chaleur de sa présence et de son regard. Pourtant elle ne peut se réchauffer, son corps n'est que glace. Son royaume, sa tombe de cristal.

L'Hiver ne peut être dangereux, c'est son amour, son amant, saison de froid, étreinte glacée. Un baiser mordant. Pourtant Hénath croit l'Innombrable et fait déjà le seuil de son blanc linceul qu'elle va devoir quitter. Une éternité dans un lac gelé, à contempler les cieux immaculés. Une autre vie... une autre décennie. Elle sent la douce caresse qui réchauffe sa joue bien pâle. Le regard des autres semblent la seule manifestation de vie pourtant, ils sont anonymes, presque vide. Comme son propre regard à elle. A-t-il la couleur blanche de la neige ? Il lui décrit les alentours, mais point comment elle est. A-t-elle perdu une part d'elle même ? Est-elle belle dans sa mort ? D'accord, libère nous. Nous sommes prêtes à quitter notre lit de chrysanthèmes givrées.

Il se redresse et la glace s'écarte tandis que l'eau se nimbe de rouge. À nouveau le corps se laisse enlacer par les eaux qui deviennent pour elle, bain de sang. Elle s'enfonce, elle manque d'air pourtant Wyrd ne sait plus comment on respire. Ses yeux se ferment tandis que les volutes de tissus qui la recouvraient glissent sur cette peau d'albâtre. Hénath s'offre à sa Renaissance semblable à la reine Bathory puisant sa jeunesse dans la vitae de jeunes demoiselles innocentes. Le sang la caresse et l'enlace. Une pulsion. Un battement sourd se répand dans l'eau et offre au corps une légère convulsion. L'eau pourpre qui veut la ramener à la vie cogne violemment sa poitrine nue pour faire repartir ce cœur muet. Une autre pulsion, Hénath sent son corps engourdit reprendre ses sensations, il se cambre sous un autre battement. Son coeur est repartit et bat désormais violemment dans sa poitrine – ou était ce le sien déjà qui faisait frémir la surface de l'eau ?

Le corps délesté de toute présence de son ancienne vie, il caresse à nouveau la limite entre le ciel et son cercueil aqueux et bientôt se sont ses maîtres de cérémonie qui glissent leur main sur cette peau d'ivoire. Ils l'enveloppent tendrement dans sa tenue mortuaire, noire, la mort, la renaissance, le changement comme le dirait le tarot. Le noir, la renaissance, symbole de la terre fertile qui voit pousser en elle de nouvelles vertus. Ils s'occupent de ce corps ainsi exposé à l'Hiver, le protègent, l'enlace de ce voile qui sera son seul vêtement. Elle n'a pas froid ainsi nue sous ces tissus, pourtant elle ressent la chaleur. Tiède. Délicieuse. Comme Sa caresse.

Nous vous sentons, pourtant nous ne pouvons encore ouvrir les yeux pour vous contempler. Le monde est trop dur à voir, j'aimerai perdre la vue et pourtant tout voir. Passé, présent et futur. Je m'arracherai le coeur lorsque celui ci sera trop lourd, imbibé de toute la souffrance du monde, du poids de tout ce que notre âme pourra voir et qui est invisible aux yeux. Nous serons prophétesses aveugles, sous nos doigts, la seule sensation de nos toiles qui se tissent. Le nom et l'heure arrêté de la mort de tel individu. Pourtant je ne veux ouvrir les yeux. Emmène moi... emmenez nous, délicieuses ombres masquées, vers Elle, avec vous... Contre vous.

L'étreinte qui la serre l'envahit totalement de sa présence. Ainsi blottie elle ne veut s'éveiller à la Vie ou à sa Mort. À jamais elle resterait dans ces bras, tant d'attention, ne plus jamais être seule, avoir caresses et douceurs. Protégée dans ses bras du monde, les yeux ne s'ouvrent pourtant le corps revient à ses sens premiers. Des picotements le long de ses longues jambes, au bout de ses doigts. Hénath pourtant semble bouger, douloureusement ses bras s'étirent pour enlacer à son tour l'Innombrable sans s'éveiller. Son demi sommeil, son coma est délectable. Elle en savoure chaque instant avant de devoir se confronter à la dure réalité.

Et toi, me quitteras-tu ?

Racontes nous ce que tu vois, nous ne verrons plus rien de réel, soit mes yeux pour l'instant. Dis moi... je veux savoir. Où allons nous ? Dans quel autre cercueil tes bras me déposeront-ils ? Va. Nous n'avons pas peur. Nous ne souffrons pas encore. Bientôt. Peut être. Selon Son choix à Elle. Va. Je t'aime.
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeDim 22 Nov - 14:50

La campagne morte, blanche. Je ne pense pas qu'il s'agisse encore de neige. Plus nous approcherons, plus l'atmosphère sera dangereuse. C'est peut-être de la cendre qui tombe sur les visages, recouvre les arbres, mortifie le monde...
L'air a cette pâleur de malade, d'amour mort, de ces matins où l'on se réveille vidés de nos larmes...
On ne voit plus d'astres. Ni jour, ni nuit. Le temps semble s'être arrêté, la lumière s'assombrira lorsque nous aurons atteint le Cœur. Nous vivrons là-bas sous un couvercle, prisonniers d'une boîte en métal, d'où personne n'entendra nos cris. L'asphyxie générale. Nous n'en réchapperons pas, nous devons aller jusqu'à cet Enfer car c'est là-bas qu'Elle est : au fond des Enfers...
Profites pour l'instant du confort de ta semi-mort, de ton coma rassurant d'où les poisons ne peuvent t'atteindre...
Profites de sentir vibrer le monde autour de toi, d'avoir les paupières closes sur les horreurs que nous croiserons.
Sur l'horrible spectacle de Ses blessures... Que tu sentiras te glacer de douleur. Ton retour te fera mal mais je serai là...
Je serai là...


Elle ne le voit pas mais il l'entoure d'une tendresse grave et amoureuse. Il est assise face à elle, dans le fiacre sur la route. Il la regarde, la contemple sans détourner les yeux.
Dehors, la blancheur d'un hiver qui n'est pas hiver, un hiver funèbre, un hiver de mort.
Des jours et des jours qu'ils sont en route. Le ciel s'assombrit. D'un sang rougeâtre. La neige tombe.
- Le Village, Maître...
Tu vas te réveiller d'horreur...
- Maître, attention à elle...
Mais je suis là.

Soudain, une intraveineuse de douleur. Le hurlement de mille blessures ouvertes, de mille hurlements consécutifs.
Le village est en cendres. Les habitants agonisent, les murs suintent de Noir.
Et tu te réveilles subitement, en hurlant toi aussi, réceptive à la souffrance de tout ceux qui ici ont mal.
Ton coma s'effondre. L'accouchement te fait mal. Ta première bouffée d'air est une bouffée de poison, répandue à la vitesse de l'éclair dans tes veines.

Hénath...
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeMer 16 Déc - 23:51

Dans le huit clos de leur corps, elles attendent sagement, les mots viennent et caresse cette dépouille en une brûlante coupure. Il lui dit ce qu’il voit, ce qu’il ressent. Où ils vont. Qui elle est encore. Dans ses bras, Hénath se laisser bercer ; il est semblable aux flots qui la malmenaient quand elle errait encore là, sur le lac gelé, quand elle a glissé et quand, sous le choc de sa chute, la glace s’est brisée. Alors l’eau s’est agitée, elle a joué avec ce corps agonisant jusqu’à l’ensevelir totalement. Les flots furieux s’étaient calmé lorsque la vie s’extirpa des lèvres de la défunte et, dans leur infini douceur, ils avaient figé le temps. Et maintenant, la morte se laisse aux bras de l’inconnu qu’elle semble connaître pourtant de façon très intime, proche, violente même. Les mots qui résonnent en elle sont aussi doux que les flocons de neige qui avaient pu embrasser son visage. Et derrière ses paupières closes, Hénath imagine, elle voit son royaume fait de glace, un Hiver drapé de sa blanche tunique dont le bas est éclaboussé de sang. Que caches-tu sous ta cape fumante ? Combien de crime as-tu, bel Hivers, enseveli ?

Elle en apprend plus sur le monde, elle sait que le poison qu’elle ressent ne peut encore l’atteindre, elle dort encore. Dans sa chrysalide invisible faite d’immobilité gelée, elle ne veut s’éveiller. Ne pas voir ce monde sous le souffre qui a consumé Sodome et Gomorrhe. La Nature souffre, le monde souffre à cause de l’humain, cet humanité écœurante qui s’est dénaturée et qui a voulu prendre le pas sur la Terre mère. Elle s’est vengée, le Ciel pleure ses larmes faites de cendres, l’air vomit ses déchets toxiques que l’Homme a enterré dans la terre pour cacher à son propre regard sa culpabilité. Alors non, nous n’ouvrirons pas les yeux pour contempler les dégâts fais par un démon bipède qui ne fait que cueillir ce qu’il a semé. De la ciguë, oh oui cette plante brûlante, ce poison mortel qui tue les philosophes et les poètes. Fus-ce de l’absinthe ? Je veux boire, ma gorge et sèche, j’ai faim, faim de Toi ma Reine, douce Psychée. Dévore moi de ta passion, la tienne, Innombrable. Si je dois me consumer, que ce soit sous l’amour destructeur plutôt que sous les flammes qui fondent la glace que j’aime tant, celles qui fondent les murs de mon royaume, mes murs d’eau gelé qui, entassés pour le moment, me protègent. Ses bras à lui aussi.

- Et puis plus rien, le chaos. Le vide. Le délicieux silence enveloppé d’une contemplation et du bruit des roues du fiacre sur le sol épais. -


Combien de temps... Combien de temps sommes nous ici ? Deux ans ? Deux minutes. Nous ignorons tout du monde, tu avais raison nous ne sommes plus touchées. Nous ne sommes plus tout simplement ? Non, puisque tu es là. Mais le temps s’assombrit, la lumière perce à travers nos paupières closes, parasitée par quelques ombres qui tombent de façon anarchique mais ô si lentement. Nous ne voulons voir, nous savons ce que nous risquons mais nous imaginons la beauté de cette chute, celle de milliers de cristaux aux formes enchanteresses pour l'œil avisé qui sait les observer avant qu’ils ne fondent. Nous t’écoutons alors, selon ton conseil, nous dormons avant que le Monde ne nous revienne... tout droit en plein cœur.

Et le silence reprend sa place. Point pour longtemps. Le temps n’a plus aucune emprise de toute façon. Le corps allongé sur le siège du fiacre semble dormir, apaisé dans sa prison aux barreaux de stalactites. Dans cet enclos naturel, rien ne peut l’atteindre... rien ne peut l’atteindre... rien ne pouvait l’atteindre. Soudain, l’âme sent au loin quelque chose d’étrange, les trois sœurs s’éveillent à peine, elle n’ont pas le temps de se préparer, non ils vont trop vite, beaucoup trop vite pour qu’elles puissent prendre conscience, demander ce qui se passe et se protéger, tenter de bouger... oui ta survie dépend de cela Hénath. Alors elle s’étire, elle tente de reprendre possession de ses muscles endoloris, figés dans le temps. Elle veut bouger ses bras pour couvrir ses oreilles de ses mains, ne pas entendre ce qui n’est pour le moment qu’un picotement. Pourtant tu ne bouges pas... aller Hénath ! Tu approches ! Le fiacre avance, Hénath vite ! Hénath.... …
Trooop tard


- Et elles l’entendent -


Village...
Réveiller

Horreur


- LÀ ! -


Les cris réunis en une seule et même clameur, d’abord lointains, ils se rapprochent et s’amplifient pour les sens trois fois plus aiguisé. Chacune des sœurs entend ce bruit et l’assemble malgré elles en un seul et même son qui lui brise les tympans, les tripes, la glace. La douleur lui fait bouillir le sang qui était si bien ainsi figé. Le corps commence à vibrer, la peau frémit sous l’approche de cette douleur démultipliée par un nombre incalculable. Les ailes d’un papillon près d’une flamme. Et en l’espace de quelques millièmes de seconde, le corps se cambre autant que la colonne vertébrale le peut, cambrée comme une amante, comme si le cœur se laissait arracher dans un mouvement brusque et violent. Hénath se cambre une seconde fois et s’étire, son corps comme en proie aux décharge d’un défibrillateur. Une charge, tenez, plus fort... dégagez … encore. Battement de mille cœurs qui explose dans leur dernier mouvement en un seul et même cadavre. Hénath sent son corps craquer sous le brusque mouvement de convulsion, les muscles manquent de se déchirer en s’activant de la sorte, les os semblent pouvoir se tordre comme des brindilles.

Le ventre se creuse sur des cotes délicates, le dos également se creuse, les jambes s’étirent, le cou aussi et les lèvres s’ouvrent. Un hurlement de douleur, non, milles hurlements regroupés en un seul en sort, glisse sur la langue et les canines qui tentent de le retenir. Semblable à l’orgasme d’une amante ou au dernier cri d’un martyr, Hénath hurle de sa voix triple, un écho rauque, semblable au chant des sirènes. Le corps tendu a une autre convulsion et le cri devient une reprise de souffle empoisonné, la créature tombe alors sur le plancher du fiacre qui passe au milieu des trépas. Elle étouffe, point d’air, juste du poison encore plus amère et piquant que celui qu’elle a bu. Plus d’air... respirer... respirer... la douleur lui tords les boyaux, elle agonise sur le sol, les mains tapent le bois dur pour tenter de redresser le reste des membres, elles y parviennent juste un instant, les lèvres s’ouvrent à nouveau, elles ne laissent échapper aucun cris mais un flot de sang noir qui s’étale.
Crache Crache !

Est ce son sang qui git là par terre ou celui de ces nouveaux cadavres qui baignent dans la neige pourpre ? Le fiacre s’éloigne, pas assez, de nouveaux cris, une nouvelle vague de douleur, ils sont au cœur du village, ils n ‘ont pas tous expirés. Une autre décharge submerge Hénath qui se redresse brusquement avant de retomber dos sur le sol, le visage penché sur le coté, les lèvres qui dégoulinent de sang. Sa poitrine se soulève sous les saccades d’un souffle manquant, ses membres sont pris de tremblements, son corps a explosé. Mais il est là, toujours entier. Qu’est ce qui as donc explosé ? L’âme. Les trois ne sont plus ici, il n’en reste qu’une, elles sont là et en même temps absentes. Wyrd est omniprésente, elle est ici et est un spectre qui semble parcourir le monde en perdition à la recherche de quelqu’un de spécifique. Qui ? Elle l’ignore. Qui croisera Verdandi et sa douceur ? Peut être que ce sera Urd... Ou Skuld ? Les Nørn sont sorties, il ne reste qu’un fragment d’elles dans le corps agonisant d’ Hénath qui gît sur le sol et qui entend son nom prononcé au loin.

Parle, elle t’écoute. Ses yeux ne se sont pas ouvert, ils auraient explosés face à la vision de cette douleur cuisante. Et elle aurait pleuré des larmes de sang. Je pleurs, Innombrable ? Ai-je gardé la vue ou mes yeux se sont-ils crevés en imaginant seulement l’ampleur de cette douleur. J’ai mal.. Je suis vide, elles ne sont plus là et si en même temps. J’ai mal... je ne bouge plus mais j’ai mal...
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Le Clown

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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeLun 8 Fév - 0:24

Qu’il est douloureux. Qu’est-ce que cette douleur en fin de compte ? Où suis-je ? Qui suis-je ? Dédoublement. Schizophrénie. Malédiction du trois. Moi-même, seul, en un endroit que je ne peux encore voir, je suis prisonnier en trois endroits à la fois. Je sais savoir que je ne suis qu’un tiers de ce que je suis, que deux autres parties de moi se trouve à deux autres lieux d’ici et, pourtant, je me sens bien. Entier peut-être. Du moins, je me sens moi. Je me sens apaisé. Je ne ressens aucun besoin…

L’attente. Deux yeux qui s’arrêtent sur… Rien. Il n’y a rien et pourtant le regard est posé. Il fixe quelque chose. Il fixe quelqu’un. Peut-être. Mais celui, ou cette chose, ou quoi que ce soit que ce fut est imprenable. Il est invisible. Et rien ne l’empêche de continuer à regarder. Il attend. Il se sait être debout. Il ressent l’impression d’attendre pour quelque chose. Il croit en la Force qui l’a amené ici, il n’est pas ici par hasard. Il est ici pour quelqu’un. Il attend quelqu’un. Mais il ne sait qui. Il ne sait d’ailleurs toujours pas qui il est.

Pour cette raison, il tend ces mains devant ces yeux aveugles. Ces orbes qui de par des impulsions forment des paysages. Des paysages mornes. Tristes. Mais indescriptibles du fait de manque de faculté de l’observateur. Décidément, il ne se passe rien. Mais en même temps, rien est tout de même quelque chose.

Nouvelle impulsion. Différente cette fois. Douce mais électrifiant. Il voit. Je vois une masse de chair constitué de bouts d’autres chairs. Ce sont des mains. Il s’en souvient. Alors il remonte. Il voit des plus longs morceaux de chairs. Tous pâles. Tous étrangers à cette conscience, à ma conscience. Ces mains qui tâtent un visage, peut-être m’appartient-il. Ordinaire dirais-je. Il n’a aucune spécificité. Il n’est qu’une surface lisse et froide. Une surface qui pourrait devenir un miroir si un élément venait à s’y refléter.

Prise de conscience. Je suis le Clown. Un être porté sur et par les courants du Temps. Je peux connaître, lire ce qui se passa et se passera. Je suis un être mu par des instincts vampiriques. Ma soif de sang vermillon, de chairs fraiches et de libérer mes sentiments animaux sont en moi. Sont moi. Je suis un être qui prend plaisir à voir les autres souffrir…

Je suis. Je suis… Je suis un être qui souffre. Je ne sais plus qui je suis. Je ne suis qu’une pauvre âme logé dans un corps dans une position fœtale. En plein milieu d’une route principal. Des cris immondes viennent altérer mes tympans. Des cris emplis de terreur et de tristesse et qui, pourtant, me laisse jubiler. Je ne sais toujours pas qui je suis mais je prends un malin plaisir à écouter cette voix en particulier. Cette voix si particulière, si singulière. Elle est une. Elle est trois. Elle semble m’appeler. Elle m’appelle. Je ne sais ce qu’elle me demande mais elle m’appelle, moi. Je crois qu’elle veut souffrir d’avantage. A moins que ce ne soit mes envies.

Je me relève. Je relève ma tête doucement, très doucement. Je ne veux découvrir qui sera ma prochaine victime. Victime ? Oui. Car le sang est la vie. Les envies doivent être accomplies si ce n’est pour qu’elles soient refoulées et qu’ensuite, elles ressortent sous des formes qui le hanteraient.

Je suis relevé. J’ai relevé ma tête. Je vois à présent un fiacre. Je n’ai d’yeux que pour ce cri. Il est presque palpable. Il est une route. Il est un guide qui n’a qu’une hâte, emmener son client à destination. Alors je le suis. Mon pied droit se lève. Pour finalement se reposer environ un mètre plus loin. Puis c’est au tour de mon pied gauche. Qui se pose à nouveau un mètre plus loin. La démarche est hésitante. Les membres sont engourdis. Ils doivent réapprendre. Et sous le coup de l’excitation, d’une marche fébrile, l’ombre de l’ombre accourt vers le véhicule à un trait haletant. De la bave coule à flot d’une bouche. Un filtre de reflet lumineux couvre des yeux. En quelques pas, il est à la porte. Il voit la femme. Il ne voit que la femme. Il n’y a plus que la femme. Elle est seule. Si elle était accompagnée, ses compagnons l’ont abandonné. On l’a confié…

… au Clown. A cet oiseau de malheur qui revêt les costumes de clown aussi divers que la profondeur des affres de la douleur et de la terreur. Ses doigts s’affinent, s’allongent, revêt une teinte obscure. Ce qui a pour effet de souligne encore plus la blancheur de la peau. Des plumes viennent recouvrir les poignets. Un duvet se trouvant au bout d’un ensemble de pièce noire et moulante, habillant un homme petit et très fin. Son visage est pourvu d’un nez long. L’on dirait un bec d’un oiseau. D’ailleurs, celui-ci à été peint sommairement d’un âcre noir. Autour de cet appendice a été apposé un jaune nauséabond. Des yeux d’une rondeur parfaite laissent flotter une mer d’encre. Une mer d’encre où étincellent les rayons d’une lune au sourire maléfique. Ses cheveux ne sont pas très longs et quelques touffes se trouvent droits tel un trident. Tonnerre.

Le miroir s’est rempli. Il est Hugin et Munin. Il est les corbeaux messagers d’Odin. Une célébrité que doit connaître cette douce femme qui arbore une peau douce où la vie y est tumultueuse. Le sang coule à flot de ces veines. Un flot qui hypnotise le Clown habillé des couleurs et de l’apparence du corbeau. Il est une sorte de symbiose. Une symbiose d’apparence. Il est un être curieux, travesti et incompris. Car incompris il se sent, incompris sont ses actes et il le ressent.

Il jouerait fort bien d’un mécanisme odieux. Un jeu où sa victime hurlerait. Où ses pires craintes se révèlerait, tout comme ses yeux se révèlerait. Quelques larmes perleraient, des larmes si pures. Car constitué de son sang sucré.

Délicieux est son sang. Impossibilité est l’action de se jeter à sa gorge.

Il se jette.

Ses crocs touchent la peau fébrile.

Puis il se retient. La gorge est objet de cliché. Il préfère un endroit plus intime.

Ses crocs caressent lentement sa gorge, remontant jusqu’à ses lèvres, là

Il l’embrasse fougueusement et la blesse, s’abreuvant de Vie.
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeLun 8 Fév - 2:07

Elle baigne dans son flot de sang, cette liqueur épaisse et noire qui s’est déversée sur le bois du fiacre alors qu’il formait, autrefois, les cris de ces malheureux qui étaient à l’apogée de leur trépas. Ils meurent tous et ils tentent de l’emmener avec eux, elle, la créature qui a la peau, les sens, l’esprit exacerbé. La sensation de trois personnes en un seul et même corps, à jamais. Déesse ! Elle sent la douleur de ces manants qui viennent lui creuser les entrailles pour l’achever, elle est trop sensible, elle happe la douleur comme si elle était le centre de gravité. Pourtant elle ne peut... Hénath ne peut leur dérober cette atroce souffrance pour les soulager, elle sait, elle voit... elle a six yeux, toutes les trois, à travers les pupilles d’un seul regard, perçoivent le monde tel qu’il sera alors que le fiacre quittera le village. Pourquoi ? Nous sommes pourtant les sœurs du destin, Nørnes, et nous ne pouvons changer les choses. Alors pourquoi le voir ? Le Destin, notre nom, Wyrd. Pourquoi nous brûles-tu la rétine alors que nous savons que nous ne pouvons rien, alors que nous pouvons... ressentir la douleur de l’être. Je suis en vie et pourtant... ou alors, je suis morte et ces cris sont des relents d’existences. Spasmes de vie, pulsion d’existence, ils luttent pour ne point mourir. La vie est si douloureuse. Donnez nous notre berceau fait d’eau et de glace, ramenez moi dans ce lac gelé où rien, rien ne pouvait nous atteindre.

Et pourtant, elles savent qu’elles doivent partir. Emmenée par cet être étrange qui les a bercé de ses bras puissants. Pourquoi est-il passé par ce village ? Est-ce un test, pour savoir ce dont elles sont capable ? Elles auraient pu le dire elle même... dire qu’elles peuvent sentir la douleur des autres au point de chercher quelques drogues pour s’apaiser, chercher le sommeil pour oublier,, chercher les lames de rasoir pour ne plus ressentir. Et elles souffrent d’avantage car elles savent, quelques minutes à l’avance, qu’elles vont souffrir. Elles hurlaient déjà en silence avant d’arriver au sein de ce chaos humain. Sales bêtes agonisantes... Dans son mutisme, Hénath était protégée, elle était si bien, ainsi prisonnière de son corps gelé, cristallisé dans sa mort la plus parfaite. Morsure d’absinthe, de poison et du froid. Une mort pour chacune, trois pour un seul corps. Et pourtant, aucune douleur, la neige, l’Hiver dans toute la clémence qu’il doit à ses filles leur a épargné la souffrance pour changer cette sensation en un plaisir délicieux. La mort a bon goût, la leur, celle des autres est exécrable. Crève en silence ! Elle ne peut plus parler, elle n’a pas ouvert la bouche depuis sa renaissance hormis pour laisser échapper mille cris réunis en un seul et vomir ce flot de sang sur le sol.

Hénath étouffe.

L’air se fait rare, empoisonné. Sa contamination, son empathie réelle. Oiseau de malheur encore endormi dans les dédales de son monde de glace. Il aurait pu s’éveiller, déployer ses ailes et s’éloigner de ce village mais il dort encore. Il dormait alors que le corps qui l’accueille restait impassible au monde. l’intérieur est mort, le reste dort. J’ai dû quitter mon sommeil en une douleur sans fin, j’ai mal mais ne peux bouger, mon sang coule au ralentit, je n’ai pu fuir, je n’ai pu voir ce qui allait venir me tuer... Mon royaume de glace, préserve moi encore. Que la neige m’enveloppe de ses bras blancs et carmins, que je m’endorme à nouveau pour ne plus sentir cette odeur, celle de l’air empoisonné. Je suis à vif, je suis à fleur de peau, une caresse et je frissonne de plaisir et de douleur. Puis je mourir ici encore ou dois je vraiment m’éveiller pour anticiper les douleurs qui viendront m’assaillir ? Tu ne réponds pas... mon compagnon, dans ma douleur, t’ai-je perdu ?

Sa poitrine se soulève par saccade alors que ses lèvres laissent toujours un filet de sang venir couler jusqu’au creux de sa gorge. Allongée sur le bois froid et collant désormais, à moitié nue dans le sang recraché qui ne semble être sien, le corps blanc et doux tente de capter la chaleur de la cape qu’on lui a offert en guise de protection. Ses bas déchirés n’offrent qu’une vision de la déchéance dans laquelle elle s’est plongée en acceptant sa mort, le vêtement noir la recouvre juste assez pour qu’elle se sente rassurée puisqu’elle n’a plus l’eau du lac gelé pour l’enlacer et la protéger.

Elle a perdu son âme, elle s’est scindée en trois partie où chaque sœur a prit son chemin. Elles devront retrouver le chemin du retour, revenir à ce corps. Elles ne sont que des images, des hologrammes qui ne sont là, visibles que pour certains, ceux qui cherchent la belle Déesse. Ceux qui savent... Le corps est laissé seul, si seul et si froid. Le sang qui le parcourt semble n’être qu’un flot lent et inerte, pourtant il semble bouillonner sous la douleur qui l’active en prenant possession de ses veines. Le souffle lui revient et à travers ses paupières fermées, elle le voit déjà arriver, son compagnon, les envoyés de son précédant dieu, Odin. Elle les voit et les connait déjà, ces corbeaux. Ils sont comme elle, oiseau de malheur, pourtant elle ne s’éveille pas encore à sa capacité. Son mutisme est toujours présent, doux comme un cocon protecteur qui retarde l’échéance, la fatalité de devoir affronter ce don, cette malédiction et sa contamination. Je vous attends Hugin et Munin , venez m’apporter libération ou nouvelles d’un monde que j’ai quitté.

Et lorsqu’elle sent enfin sa présence, à ce visiteur, elle frémit. Son souffle est haletant encore, sa bouche a le goût du sang, sa gorge déployée aux crocs des prédateurs arbore ce filet noir et rouge, ce liquide vital qu’elle a craché comme s’il s’agissait d’un poison mortel. Elle sent les canines caresser sa peau gelée et douce, elle tremble sous son souffle manquant et sous le frisson de cette caresse menaçante. Aveugle toujours, ne souhaitant voir son propre destin même si elle se nomme Wyrd, elle se laisse entre les griffes de son assaillant. Es-tu là pour m’achever enfin ? Il se jette sur sa bouche et capture ses lèvres pour recueillir l’essence vitale qui s’en est échappé et, avide, il entame sa langue pour sentir son sang à elle, celui imbibé d’absinthe et de ciguë, le Sien.

Absorbe, bois... assèche moi de ma douleur et de ma vie, prend le destin entre tes mains. Vois, je t’offre cette langue meurtrie, ce corps frêle. Achèves moi... je sais que tu ne le feras pas, tu es là pour ma souffrance, je suis là pour ressentir la tienne. Nous sommes, nous savons tous les deux que tu ne me tueras pas, à moins que tu ne souhaites défier le Destin, Wyrd. Apprends moi à voir plus loin dans le futur Satyre, Oiseau noir. J’ai mal, savoure, ma souffrance aux couleurs de mon sang.

La langue d’Hénath vient caresser les crocs cruels qui l’ont ouverte pour laisser son flux vital s’échapper. Il prend sa Vie, son souffle. Le dos se cambre comme s’il extirpait quelque chose de son corps. Rend lui la vie, en lui aspirant le poison de la douleur de tes lèvres. Elle lui rend son baiser, elle déverse dans cette bouche prédatrice le sang de la souffrance qu’elle a accumulée en elle en traversant le village, elle l’a gardé dans sa gorge pour toi, pour que tu puisses t’y abreuver Vampire. Elle t’offre le festin d’un village entier qui a déposé sa mort juste au creux de ses lèvres.

C’est bien cela que tu viens cueillir, n’est-ce pas ?

Un cocktail de chaos, juste au creux de ce baiser sanglant. Tu aimes cette saveur, avoue...
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Le Clown

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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeVen 12 Fév - 20:10

Le Clown ne peut rêver meilleur délice. Ses lèvres contre les siennes, aspirant goulument le chaud liquide. Il ne pouvait espérer que la femme se prêterait au jeu, qu’elle l’aiderait dans sa tâche. Il la sent vouloir l’aider, il la sent vouloir se lâcher, connaître ce qui sera son futur.

Le Clown tient ce futur entre ses mains. Il tient entre ses mains le Destin. Il est au comble de la puissance, lui qui n’est qu’un être parmi d’autres sur cette terre morbide, il détient la puissance, du moins, un fort symbole.

Son souffle est faible. Il s’affaiblit de seconde en seconde alors qu’il continue son baiser mortel. Il lèche lentement, très lentement le filet de sang ayant descendu de par une commissure des sublimes lèvres de victimes de sa victime. Sa langue, d’un rouge sanglant, fièrement sorti, semble être un outil sexuel, un pieu comme un autre, un bâton de douleur que le Clown ne veut utiliser. Il ne ressent pas l’envie d’obstruer l’intimité de cette femme dans ce fiacre. Il est tout à sa bouche, à ses lèvres et à sa peau de nacre. Cette blancheur où à coulé un mince et délicieux ruisseau, venu former une petite réserve là où se trouve un creux au niveau de la clavicule. Sa langue passe et repasse entre la lèvre inférieur et la lèvre supérieure, il joue avec, se délecte avec. Puis, il descend. Il nettoie lentement. Il descend vers ses seins. Lentement, histoire de prendre son pied, histoire qu’elle prenne du plaisir. Le Clown veut partager, il ne veut pas être égoïste, pas maintenant. Elle lui donne, alors il veut lui donner.

Mais il ne sait pas quoi faire. Alors il continue à descendre de par les courbes magnifiques de son cou. Là, il trempe le bout de son appendice rouge sang dans le petit lac de vies multiples. Il lape, comme un chat. Il lape avec une grâce de félin. Puis, il écarte ce qui lui sert de vêtements, de boucliers envers le froid et les cendres tombantes. Il veut admirer de ses propres yeux toute la beauté de son corps. Mais pas trop. Il ne veut pas tout voir. Alors, il écarte suffisamment pour voir un sein entier et conserver seulement une partie du deuxième. Il laisse seulement entrapercevoir une partie de son mamelon.

« Chère oiseau, je…

Je suis comme toi. Je suis un volatile volant de ses propres ailes, à la recherche d’un endroit où se reposer. Je suis comme toi, je m’abandonne à la douleur, aux supplices et aux vices. Je laisse parler mes instincts, mes sentiments les plus sauvages. Je suis comme ça et ne peut lutter contre mais… Ton sang. Ton sang m’assèche ma soif et me donne constamment envie de la boire. Tu es une drogue. Tu m’as jeté un sort. J’ai envie de te lacérer pour cela et j’ai envie de mettre à genoux devant tes longues jambes nues. Tu me fais perdre la tête. Que veux-tu ? Qu’est-ce que je veux ? Puis-je t’accompagner là où tu vas ? Je t’accompagne là où tu iras. Tu m’accompagneras là où j’irai.

AAAHhh OOOUuuHhh !!! »

L’Animal parle pour lui. Il laisse échapper ce qui le torture. Il est un bourreau torturé. Il ne sait se connaît se découvre avec elle. Il l’aime et la hait. Est-ce cela ce monde ? Ne pourrait-il pas avoir une de ses noirs visions ? Un éclair fugace et mystérieux. Il a besoin de contrôle. Il perd totalement le contrôle. Il sent cette noble femme reprendre contenance, il la revoit tisser ses fils, il imagine celui de sa vie. Ce mince, minuscule et immonde fil qui représente sa vie. Pourquoi est-il comme cela ? Pourquoi semble-t-il finir et recommencer alors que rien ne relie les deux bouts.

AAAHhh OOOUuuHhh !!!

Il ne peut communique autrement. Il est perdu dans les méandres des rêves oniriques éveillés. Il rêve éveillé et voit des choses qui ne se réalise pas, qui ne se réaliseront pas et d’autres qui se réaliseront mais dont il n’a pas conscience que ceci se trouve être le futur qu’il attendait de voir. Il est comme emprisonné alors que ses ailes sont déliées.

Et, comme victime de ses sentiments, de cette soif de sang, de ces envies impulsives de plaisir, il se laisse submerger par les larmes. Il se réfugie alors vers la Mère. La seule Mère se trouvant dans le périmètre proche. Le seul corps qu’il peut prendre pour celui d’une Mère.

Il se laisse choir à côté d’elle. Pleurant. Inondant son visage des larmes d’un Clown. Il purifie son visage, la nettoie de ce qu’il l’a vicié. Il lèche, difficilement, du sang frais ayant imbibé ses lèvres. Il lèche ses lèvres. Il pleure sur ses lèvres.

Aides-moi.

Aides-moi.
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeMar 9 Mar - 0:51

Immobile, elle se laisse caresser par cet Oiseau qui vient cueillir au creux de son cou l’îlot de sang qui s’est formé. Elle se laisse envahir par un frisson de douceur alors que son corps convulsait, quelques instants auparavant, de douleur. Comment pouvait-on passer de cet état à un autre plus délicat ? La non vie, sa mort, elle pensait y trouver une certaine plénitude. Mais sa Psychée n’était pas là pour l’accueillir, il n’y avait que cet homme il avait enveloppé tendrement le corps nu dans une cape noire. Il avait disparu, lui aussi. Comment ? Pourquoi.... il l’avait laissé seule face à l’agonie d’un village tout entier et bientôt, un oiseau était venu se poser près d’elle. Charognard.

Sans lutter, elle lui offre son corps qui aurait dû se déchirer sous des crocs et des griffes, face à l’attaque d’un vampire. Pourtant il la caresse, il savoure ce sang qu’elle lui offre plutôt que de garder pour elle, la souffrance emmagasinée. Elle peut contenir toutes les peines du monde mais elle ne peut le supporter trop longtemps. Sans lui, l’Oiseau de Malheur, elle se serait étouffée sous les flots rouges de la douleur d’autrui. L’Autre est étouffant, il pompe l’énergie de celui qui ose s’essayer à le comprendre. Hénath est celle qui comprend, ressent, elle décharge tous les opprimés de leur fardeau pour le porter elle même. Elle ne peut fuir, c’est sa nouvelle pénitence, peut être pour avoir voulu se couper du monde en s’enfermant sous la glace.

Les deux corbeaux sont ici, abandonnés par le reste du monde dans cette voiture de bois souillée par le sang. Il la dévoile comme on chercherait à montrer au monde la beauté de la Mort ou le destin glacial qui pèse sur chaque être. Il lui parle, sa voix est agréable et ses caresses, délicieuses. Elle aurait aimé lui demander de ne jamais s’arrêter, de mourir de ce genre de plaisir plutôt que de douleur. Et elle t’écoute avec une tendresse sans fin, elle t’entend pleurer de ta condition, elle a la même. Elle n’a pas encore déployée ses ailes pour s’envoler.

Mais s’envoler avec toi ?

Et le loup hurle à la lune au dessus du corps figé du Petit Chaperon Noir qui respire à nouveau, la poitrine libérée de l’oppression du tissu quasi inexistante. Elle voit, à travers ses yeux fermés, le fil qu’elle aurait tissé pour lui , de couleur bariolées, multicolores, celles dignes d’un Clown. Elle l’aurait tissé avec ses sœurs et un sourire aurait accompagné cet ouvrage. Mais dans ce monde, rien n’a de début, rien n’a de fin. Où ai je commencé ? Vénus sortie des os gelées, elle se dresse tel un oiseau noir, mauvais présage, enroulé dans sa cape noire, la blancheur de sa peau est l’ivoire de son héritage, fille des glaces.... elle l’entend hurler sans savoir comment lui dire que pour eux, l’avenir s’est figé. Sont-ils réellement condamnés à être entre chaque seconde, au moment où rien n’existe ? l’un se repait de douleur, l’autre les attire comme le mauvais œil.
Il pleure alors qu’il tente de se nourrir encore de ce sang salvateur.

Que dis tu ? J'étanche ta soif ? Je suis la drogue qui te fait hurler à la lune la douleur et le plaisir de goûter dans mon sang celui de milliers d’innocents qui périrent en d’atroces souffrances. Mes cellules gardent en mémoire l’écho de leurs cris, les entends-tu ? Bel Oiseau, oui, tu chantes pour moi...


Les larmes sur ses lèvres semblent lui redonner un semblant de vie. Le goût métallique du sang laissait place à cette saveur salée. Il se serre contre elle, lavant le sang pour le remplacer par des larmes, elle capte sa souffrance. Point de plaies, point de décapitation ou de démembrement, une douleur lancinante, beaucoup plus profonde. Douce et aiguë. Doucement, l’oiseau noir bouge comme ramené à la vie. Les bras d’ivoire enlacent ce corps prit de sanglots, tendrement. Puis d’un geste plus ferme, Hénath plaque contre son corps à moitié nu son confrère. La cape qui l’enveloppait semble se diviser en quatre morceaux distincts, deux se replient sur le Clown pour l’envelopper de façon encore plus maternelle. Ils sont seuls, point de Psychée encore, ils se doivent de la trouver. Deux oiseaux en perdition.

Wyrd prend conscience de sa nature, elle prend la douleur mais elle voit aussi... l’avenir. Dans ce futur plus ou moins proche, elle rencontrera sa Psychée et lui donnera vie par le sang des victimes qu’elle aura ingéré. Lentement, les pans de tissus noirs semblent se durcir alors qu’un murmure accompagne cette transformation.

Wyrd s’éveille

« Chuuuut, là bel Oiseau... Ne perd ton chant dans les sanglots. Je prendrai soin de toi, de ma bouche je te nourrirai lorsque tu seras aux abois. Rassasié et en même temps, insatisfait, je te garde contre moi. Mon compagnon... mon frère. »

D’une douceur maternelle, elle l’enlace plus encore, loge son visage au creux de son cou pour humer les volutes de douleurs. Elle existe puisqu’elle ressent. Elle est, elle aussi, le black bird, celui qui annonce les mauvaises choses, le futur... futur est mort. Ils mourront ensemble dans cette absence de futur qui est le leur. La cape continue de changer de forme, bientôt deux ailes noires se déploient et s’agitent pour élever les deux corps enlacés. Le dos nu d’Hénath est déchiré pour laisser place à deux paires d’ailes, l’une déployée leur donne de la distance avec le sol, l’autre enlace et protège le Clown malheureux.

« Si tu ne peux voler, je le ferai pour deux. Viens, je vais te nourrir. »

Wyrd exalte. Elle étire ses ailes d’une noire splendeur comme si celles ci étaient restées trop longtemps repliées. Enfin, elle revit. Telle est le don que tu lui a offert dans la Mort Psychée. Celle d’être un Oiseau de Malheur.

Volons ensemble... J’irai cueillir pour toi les souffrances les plus terribles, celles que tu provoqueras sûrement... et je te les offrirai mêlées à ce sang que les cris pervertissent. De ma bouche je te nourris, de la tienne, tu me purifies.

Les lèvres de la jeune femme se pose sur la dernière larme qui coule sur la joue de son complice, son frère, son reflet. Les Oiseaux prennent leur envol, déploie tes ailes. Veux-tu toujours aller avec elle ? Ensemble.

Elle le maintient encore contre elle, entre ses ailes tandis que les autres battent lentement pour les maintenir au sein de cette pluie de cendres. Déploie tes ailes et j’ouvrirai les yeux.
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Le Clown

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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeJeu 11 Mar - 21:40

Il n’y a jamais bonheur partagé. Toujours à la renaissance accompagne la mort. Toujours à la joie survient la tristesse. Le Clown respecte que trop bien cette loi. Alors que le seconde Oiseau de Malheur reprendre pied, renaît de ses cendres, développe ses ailes noires et maternelles, le Clown se recroqueville sur lui-même. Jamais il n’aurait pensé qu’il se retrouverait dans une telle situation.

Il se voyait comme un spectateur, lorgnant ses victimes et futures victimes. Il se régalait de voir ce qu’il avait déjà vu leur arriver, il aimait assister à cela en temps réel. Ressentir ce qu’elle ressentait. Etre à quelques mètres de la douleur, de la peine, des cris et des larmes. Il aimait tout cela. Des frissons couraient sur son échine. Il en jubilait. Il aimait cette sensation, ce serpent venimeux et glacé se déplacer sur son épiderme.

Il aimait la douleur… Mais celle-là… Celle qu’il ressentait actuellement, il n’y arrivait…

Alors, sa tendre opposée l’ayant déjà serrée plus près de son corps, le Clown s’y réfugia. Encore plus. Ses jambes se recroquevillèrent comme elles le purent. Il était en sécurité. Là, dans les ailes sombres, il était comme dans un abri que rien n’y personne ne pouvait violer. Il était à l’abri de tout et de tous. Il ne craignait plus rien ni personne. Si ce n’est lui-même…

*Fuis ! Disparait ! Laisses-moi, abandonnes-moi ! Je ne sais ce que tu es mais je t’implore de partir. Pourquoi me faire cela ? Pourquoi me faire cela à moi ?!...*

Aucun justificatif ne permettait de répondre à ces interrogations. Rien ni personne ne l’avait choisi. Il n’était qu’une victime en plus d’une étrange alchimie et de conséquences d’actions dont il ne percevait pas même une once. Il n’était qu’une particule dans un univers plus vaste qu’aucun esprit ne pouvait imaginer.

Je t’aime.

Leur esprit étant connecté en partie, il ne put retenir ce fait. Il avait honte. Il ne se sentait pas capable d’aimer quelqu’un. Il ne savait ce qu’était cet amour. L’amour était-il le fait de se sentir bien en la compagnie d’une personne ? Une même personne qui vous promettait qu’elle recueillerait spécialement pour cet être tiraillé par des puissances mystérieuses, les pires douleurs qu’accueillait cette terre. Rien que pour lui. Pour qu’il se régale de son sang vicié de toutes ces personnes qui se faisaient battre, violé, torturé, mutilé…

Une immensité de personnes souffrait hors de cette défense de plumes de jais. On lui promettait ce que jamais il n’aurait pu espérer. La douleur à la carte. Certes, il lui manquerait ce petit côté espiègle, lorsqu’il observait avec force malice et « chassait » sa proie. Mais il n’arrivait à le représenter. Tout cela, tout ce pour quoi il était fait. Tout cela n’avait plus aucun sens. Il n’était plus qu’une coquille vide. Ou plutôt, une boîte où des fluides, des vents rebondissaient, se fracassaient sur les parois. Les fluides représentant des choses périssant, les vents des émotions violentes.

Peut-être volait-il depuis des jours, depuis quelques minutes ou alors venait-elle juste de l’envelopper, quoiqu’il en soit, le Clown ne pouvait se permettre de rester ainsi. Une fourmi que l’on s’amusait à martyriser, à influencer sur sa direction, à lui sectionner une patte ou encore à la brûler à l’aide d’une loupe et du soleil. Le temps de la manipulation était terminé. Il reprenait ces droits, son libre-arbitre…

Ouvres tes ailes… S’il te plaît.

Ce que fit surement l’Oiseau Noire. Le Clown, étant toujours cet être, en partie humain, en partie corbeau et maquillé de ses marques des clowns. Il se laissa choir dans le vide. Le dos arqué, comme réagissait violement à une pulsion d’une considérable énergie. Les cendrs, voletant, était un spectacle magnifique. Ils témoignaient de la désuétude de ce monde. Ils étaient les messagers. Ils étaient libres. Ils étaient noirs…

Deux déchirements. A l’emplacement où la peau craquait, explosait, laissant couler le flot carmin sur la terre sèche. Plus bas. De timides pousses firent leur apparition. Des moignons d’ailes. L’un d’un noir de jais et l’autre d’une nacre éblouissant. Une armature poussa soudainement, arrachant un cri de douleur au Clown.

Tellement bon.

Tellement douloureux.

Une sorte d’épaisse queue de rat, solide et élastique. Nue et horrible comme un vieux nain ridé. Quelques rares plumes poussèrent de ci de là. Du moignon de nacre poussa des plumes telle celle d’un cigne et quelques unes de celles d’un corbeau. Et il fut la même chose respectivement de l’autre moignon.

Mais jamais ils ne se formèrent des ailes. Jamais il ne put prendre son envol.

Seul le soleil blafard et les cendres se déposant sur ses pupilles lui parvenaient. Et une lancinante douleur, sourde, de là où la peau avait littéralement éclaté.

Un silence cérémonieux semblait s’être installé.

Il chutait…
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeMer 17 Mar - 23:28

Elle revit après avoir été figée dans le temps, son sang n’est qu’un flot glacé, souvenir de sa mort mais ses ailes ont une douce tiédeur. Alors qu’elle renaît, tel un Phœnix, son partenaire se renfrogne, il doute, il craint... Autour d’elle, les cendres semblent virevolter sans se poser sur elle. Elle, sublime avec ses ailes noires, lisses et luisantes. Sa propre douleur de ces excroissances est occultée par celle ressentit par le Clown. Elle est lancinante, latente, avec un certain goût amer. Il la rejette violemment alors que son corps se recroqueville encore plus près de ce corps à moitié nu, blanc et tendre. Doit-elle le lâcher ou, au contraire, le garder au plus près d’elle ?

Elle sait... Elle n’est pas de ces créatures qui dominent par leur caractère. Ange déchu aux ailes noires, elle attend qu’il lui prenne la main pour la mener sur les champs de bataille, qu’elle soit obligée de subir cette douleur atroce, qu’il la retienne de tomber avant de se nourrir de son sang souillé, le purifier de sa bouche. Il aura choisit, il aura décidé. * Crois-tu que je sois ton maître ? * Elle songe en silence alors qu’il lui offre un mot d’amour. Peut-elle être aimée réellement ? Elle n’est qu’une créature de cauchemars, un oiseau noir que tous fuient en la voyant approcher. Nul ne peut aimer le Destin qui s’abat violemment sur les humains. Wyrd n’est pas entière, ses Nørn sont répandues quelque part dans le monde de chaos de la Psychée. Un corps vide qui existe pourtant. Elle n’a en elle que les résidus de ses trois habitantes, le corps revit alors que les âmes sont en voyage quelque part. Point de vie, point de décision. Juste une étreinte douce et douloureuse.

Ils n’avaient pas bougé, ils étaient suspendus au dessus du vide, au milieu du temps. Rien ne semblait avoir d’emprise sur eux, comme lorsque le corps, désormais éveillé, était figé dans un lac gelé. Il lui demande doucement de le libérer. Or elle ne le tenait point prisonnier. L’avait-il sentit ainsi ? Les ailes protectrices s’ouvrent lentement pour laisser le Clown glisser hors de cette étreinte, doucement, il tombe. Lentement, semblable à ces cendres sans couleurs qui tombent des cieux pleurant, il se courbe soudain. Un bruit sinistre, un déchirement, Hénath se voute sous la douleur, enveloppée de deux de ses ailes qui semblent essayer de la protéger de cette violente sensation qui lui tords les entrailles. Alors que la peau du Clown se rompt pour laisser naître des moignons, celles d’Hénath se crispent autour de son corps à moitié nu, blanc et sensible. Son âme souffre, l’oiseau de malheur se prend de plein fouet la douleur de son semblable au point de commencer à vaciller. L’empathe ne saurait fuir sa condition.

Les mains devant son visage, elle se voute, à moitié enveloppée dans sa cape et de deux de ses ailes. La douleur est puissante, criante et brûlante. Le cri du Clown la transperce de toute part tandis qu’elle défaille presque avant de se redresser violemment, ouvrant des yeux totalement blancs qui voient pourtant. Tout. Et rien à la fois. Cette absence de regard se dirige vers l’Oiseau qui chute car ses ailes ne veulent se déployer. Hénath plonge. Dans le silence de la pluie de souffre, on n’entend que ses ailes qui frôlent l’air. Personne ne peut entendre la Douleur et son cri perçant, sauf Elle. L’Oiseau Noir plonge car ce n’est point au vampire de souffrir, elle ne peut laisser son semblable, son frère choir seul. Affaiblie par la douleur de la naissance de ces moignons, elle plonge pour le rejoindre à toute allure. Si près... tout près de lui. Trop près.

Wyrd sent la puissance de la souffrance comme on tiendrait un charbon ardent qui ne faisait que réchauffer de là où on se tenait. Elle tend la main, le touche et le saisit brutalement pour le tirer vers elle. Pourquoi, folle ? Elle fait passer le Clown au dessus d’elle. Le sol se rapproche et l’oiseau noir s’écrase en premier, amortissant la chute de son frère de l’une de ses grandes ailes qui émet un craquement sordide. Le choc est lourd, sourd. Celui de Wyrd. Le Clown semble s’être déposé au sol, amortit par le corps de la sensible, de celle qui ressent. Une grimace de douleur traverse son visage, elle se mort la lèvres inférieure pour étouffer un cri. Elle doit contenir celui qu’elle a entendu quelques minutes auparavant...Le tient

Haletante de sa chute et épuisée par le flot de douleur qui avait fait bouillir son sang, elle reprend sa place. Au sol, brisée, le ventre creusé par la souffrance, le souffle court, l’aile douloureuse. Les autres se portent correctement semble-t-il mais la sensation de la blessée surpasse tout ce qu’elle aurait pu imaginer. Est ce sa propre douleur pourtant ?

Non, c’est ta douleur que je porte en moi désormais. Qui me fait expirer de la sorte. Mes membres craquent lorsque j’essaie de me relever. Tu es à moitié sur moi, tu reposes sur mon aile. J’ai mal.

Elle a ouvert les yeux alors que les ailes de son semblable ont tenté de se déployer. Point de pupille, point d’iris, un regard totalement blanc. Inachevé.

Tu voulais partir ? Va, prend deux de mes ailes et vole. Je te laisse si c’est ce que tu souhaites... emmène moi. Que je subisse tes affres, tes envies de torture, non loin déposée, je prendrais en mon âme la douleur que tu oseras provoquer. Pour cela je te détesterai. Pour me purifier, je t’aimerai. Laisse moi, ou reste.

Presque agonisante, Wyrd tente de reprendre doucement son souffle. Elle bouge à peine pour éviter la douleur aiguë d’un mouvement. En silence, elle attend sous la pluie de cendre qui se pose sur sa peau, doucement, comme pour la colorer de gris. Ni noir, ni blanc... insipide voir inexistante.
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeVen 19 Mar - 19:49

Le bruit de l’aile du Wyrd se craquant est horrible à entendre. Mais ce qui l’est encore plus, c’est cette absence de cri, ce silence. Elle devrait souffrir le martyr, elle le souffre mais n’en souffle un mot. Elle se mord la lèvre, profondément, mais résiste. Elle est Hénath, elle est le Destin, c’est sa nature. C’est sa rencontre avec le Clown qui fait qu’elle ne peut réagir autrement.

Etalé de tout son long sur le sol, elle agonise. Malgré que le Clown ne soit plus sur elle, qu’il se soit laissé glisser sur le sol, elle continue de souffrir. Enormément. Et c’est cette douleur qui fait que des plumes poussent brusquement des moignons. Le fait qu’elle soit à terre, torturée par une douleur physique et par une autre psychologique, redonne de la puissance dans le corps du Clown, de la matérialisation d’un corbeau.

Il se relève, lentement. Ses ailes sont encore repliées sur elles-mêmes. Elles semblent collées l’une à l’autre par un liquide répugnant, qui suinte et vient exploser lorsque qu’il percute le sol. Il a la couleur d’un miel qui aurait passé trop de temps à l’air libre, ou dans une cave poussiéreuse. Il se relève, doucement. A ce moment, il est seul. Mais son esprit, au fin fond, a encore une pensée pour sa chère. Il ne pourra plus l’oublier, elle fait partie de lui.

Lorsque ses jambes finirent de se tendre, lorsqu’il fut aussi tendu que son corps actuel lui autorisait, une transformation s’effectua. D’un mouvement sec sa tête fixa le ciel. Ses yeux s’exorbitèrent, blanchirent à une vitesse, laissant seulement une pupille et un iris minuscule, d’un noir de jais. Son nez déjà proéminant s’allongea, se durcit et obtint la couleur de ce qui voletait dans l’air. Puis, ses ailes se déployèrent. De grandes et noires ailes. Elles étaient immenses et semblaient faire affront à toute puissance que l’on considérait comme supérieur.

Son regard vint rencontrer l’océan blanc qu’était celui de sa compagne, de sa mère, de sa sœur.

Chère Oiseau Noir, je te remercie. De ta douleur est né mes ailes. De ton affaissement, la force m’a été donné de me relever. Tu es une partie de moi, tu es mon épée de Damoclès, tu m’offres puissances et tares. Sans toi je ne suis plus, sans toit je ne serai qu’une loque aux peinturlures de clown vagabond.

Un de ses genoux se posa à terre, comme sa tendre lorsqu’elle flottait dans le ciel, les cendres ne semblaient pas toucher le Clown. C’était comme s’ils respectaient une certaine forme de beauté. La Beauté de cet Antimonde. Ils étaient telles les fées du Monde. Elles étaient les messagères, c’était leur rôle de communiquer avec la déité de ce lieu, celle que l’on appelait la Psychée.

La Psychée…

L’on a pensé tout les deux que l’on n’avait aucun destin. Qu’un quelconque futur nous était refusé. Que nous étions que deux Oiseaux Noirs perdus en ce monde. Mais ce n’est pas totalement vrai. Si l’on nous refuse un tel destin, ce qui veut dire que si l’on nous refuse un futur, on refuse également notre existence. Or, je peux te toucher, je peux communiquer avec toi, je peux sentir ta douleur, je peux laper ton sang. Donc, nous existons. Or, si nous existons, nous avons un futur. Nous possédons un Destin. Créons donc notre Destin, de nos propres mains, de nos douleurs et de nos sangs entremêlés.

Les bras du Clown passèrent en dessous du corps nue et blanc. Il apposa le corps froid contre son torse développé et recouvert de plumes de jais. La portant, il la regarda à nouveau dans ce qui était ces étranges yeux, des yeux dont la signification lui échappait.

Laisses-moi t’emporter avec moi. Réapprends à tisser les destins, retrouve ce qui fut jadis ta postérité. Réapprends à utiliser tes doigts agiles, retrouve ce qui faisait jadis l’originalité d’un monde. Tisse-moi un fil aussi long que tu l’entends, aussi bariolé et sombre qu’il peut l’être. Mais tisses !

Abattant une première fois ses nouveaux appendices, les cendres s’envolèrent de nouveau et reprirent leur ballet morbide en ce ciel dont la teinte se trouvait entre le gris et le marron. Où le ciel et ses nuages étaient si proches que l’on semblait étouffer. Mais qui, en cet instant, semblait aussi loin que la déesse qui devait gouverner ce lieu. La Psychée. Si loin mais toujours si proche de ses protégés.

Il les abattit une seconde fois et alors ses pieds ne touchèrent plus le sol. Le mouvement se répéta, s’amplifia. Des plumes de jais vinrent virevolter en compagnie des fées de cet antimonde. Elles mirent un temps incroyable à se déposer sur le sol, dernier vestiges de la présence des deux derniers Oiseaux de Malheur de ce monde.

Ma chère, cela te plairait-il d’aller vagabonder en ces sombres terres ? Nous pourrions ainsi, à force de battements d’ailes, nous abreuver de la souffrance, des cris et des pleurs. Nous pourrions camper sur des champs de batailles, flâné le soir venu parmi les tombes et les dalles mortuaires. Nous pourrions entamer un long voyage à la recherche de la Psychée. Nous pourrions également aller au centre de ce monde. Nous devons allons au centre de ce monde, en un lieu que l’on nomme l’Usine du Mal il me semble. Je le sais. C’est notre Destin, il nous a été révélé. Je l’ai vu.
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitimeMer 7 Avr - 23:38

Elle est seule sur le sol, si seule. Elle appelle en silence les âmes qui la rendaient forte, que la douleur a fait explosé ailleurs. Tu ne les connais pas, cher Clown, ces trois demoiselles qui habitent cet être torturé. Trois personnalité pour endurer la douleur de milles hommes. Si sa peine est apaisée, si elle ne crie point, c’est que ces esprits ont prit les sensations éparpillées. Son souffle est saccadé, comme convulsé, de toutes légères convulsions, comme si quelque chose animait sa cage thoracique. Un souffle ? Un air imbibé de cendres. l’écho de la douleur du Clown l’habite encore, c’est ce qui lui a coupé les ailes un instant, brisé une qui prend une forme étrangement oblique. Les autres sont déployées sur le sol, aura noire et sublime. Il n’y a qu’elle, qui semble tordue, plus faible, ainsi torturée. Elle porte en elle les méandres de la douleur. Bientôt, la douleur s’approchera encore d’elle alors que sa garde est basse, une autre aile se brisera peut être jusqu’au jour où elle ne pourra plus voler.

Ou alors, peut être que le Vampire lui permettra de garder quelques plumes en lui suçant la douleur qu’elle aura dérobé involontairement. La douleur se tait. Ou Wyrd serait-elle morte pour ne plus rien ressentir de tel ? Non, il y a toujours sa propre douleur qui semble infime car elle ne se l’est prise de plein fouet, elle est née à l’intérieur de son propre corps, étouffée par sa peau d’ivoire. Doucement, les paupières s’ouvrent pour observer un ciel blanc gris... ou peut être marron. Les cendres semblent se poser sur ses yeux et voiler son regard de plus en plus. La Justice est aveugle, non corrompue. Hénath ne peut voir la douleur, pourtant elle peut la palper. Elle ne choisit pas à qui elle volera souffrance, elle l’attire comme l’est l’oiseau vers l’infini. Sa vue semble lui revenir, elle voit l’être noir et sublime se tourner vers elle.

Est-ce toi ? Tu as bien fière allure Oiseau. Bel oiseau.

Que vous êtes joli, que vous me semblez beau...
Si votre ramage se rapporte à votre plumage...
Vous êtes le phoenix de ces bois


Quelles sont ces voix ? Verdandi ? Skud ? Les trois sœurs. Dans le corps qui accueille ces âmes, l’écho d’un souvenir résonne. Elles avaient tenté d’apprendre ces fables sans grand succès. Leur plaisir était d’apprendre les légendes de leur peuple. Le monde nordique. Hénath s’est perdue en chemin, elle a chût sur le sol. Mais si souviens toi.

Épée de Damoclès.

Elle écoute l’Oiseau. Le mot Destin la transperce. Ils existent. Oh comment avait-elle pu douter de ce fait ? Elle est venu ici pour trouver la Psychée, n’était-ce point son propre destin dans cet Antimonde ? Elle s’est perdue sur le chemin empathique, elle s’est perdue, happée par la douleur de cent hommes. Elle ne souffre plus, ils sont partit, ils sont morts. Le ciel est poison, il est caresse pour ces deux êtres. L’air n’est plus respirable. Poison. Son empathie grandira à mesure de son existence ici. Poison. Pourquoi le craindre ? n’est-elle pas venu ici, peut être, grâce à ce genre de bénédiction ? Ils existent.

Tisser... tisser ? Qui serait capable de telle sorte ? Elle avait des ailes... quatre. L’une s’est affranchie de son corps, le Clown est libre et autonome. Et les trois autres ? Bien sûr... Les trois soeurs, une aile pour chacune. Et de ces plumes, se tisseront le fil cruel de la vie qui se fera couper par le corbeau puissant qui serre contre son torse l’écorchée. Sommes nous simplement des écorchés ? Ils ne peuvent être aussi puissant que la Pychée, ils sont ses deux oiseaux, ses deux corbeaux comme ceux d’Odin. Ceux de Sa légende. Un intérêt, un nouveau destin. Elle est en tout ce monde, il y a quelque par Verdandi et ailleurs l’une de ses sœurs, plus loin, l’autre. Mais ici ? Elle est l’alliance des trois, Nørn.

Hénath bouge, elle se laisse emporter par son cher et tendre compagnon tandis que ses doigts saisissent les piques qui ornent ses cheveux. Longues, dangereuses, elle avait oublié à quoi elles servaient. Doucement, elle entaille sa peau de l’une des piques pour recueillir une unique goutte de sang, elle fait de même avec une autre entre les plumes de jais contre lesquelles elle se trouve. Et, par quelques sorcelleries ou un don inné, les deux gouttes de sang différentes se mêlent sans jamais se mélanger. Le liquide devient solide et glisse pour s’étendre. Un filet de sang. Leurs sang.

Nous irons. Ton Destin est le mien sont désormais lié. Nous irons sur les champs de bataille, guettant tels des charognards, le premier qui tombera au combat. Et dans cette sanglante orgie, nous trouverons notre existence. Allons, tels deux vagabonds, voyageons sans crainte de manquer de sang. Nous trouverons toujours en chemin, quelques âmes à faire périr. De ta main tu couperas les fils des vies que je t’indiquerai. Je tisse, tu romps, je prend la souffrance, tu t’en nourris. Allons là où ta vision t’indique, le futur nous attends, les cadavres s’éparpilleront sur notre chemin. Laissons derrière nous les premiers morts pour en faire des nouveaux.

En ce cercle vicieux où ils vivront entouré de mort, jamais ils ne tomberont pourtant. Annonceurs de mort. Ils se délecteront de leur rôle tandis qu’ils chercheront au milieu des champs de bataille, des usines d’horreur, au milieu des anges déchus dont ils auront prit les ailes, la douce et tendre Psychée.

Hénath semble revivre soudain, poussée par un élan qui rompt l’étreinte qui la retenait contre Lui. Elle tombe, saisit doucement le bras qui la maintenait et vole soudain à ses cotés. Allons chercher l’Horreur, provoquons là et, ainsi, vivons de nos péchés et nos vices. Usine du mal ? Abattoir de l’Horreur.

Amusons nous. Vivons au sein de la Mort. Une hécatombe pour la Psychée.


Au loin, les deux Oiseaux Noirs volent, disparaissent dans l’horizon brumeux qui les avale bientôt. Quelque part dans l’Antimonde, des plumes noires se mêlent aux cendres et au sang. Quelque part dans l’Antimonde, restent les preuves de cette rencontre entre deux Oiseaux de Malheur.
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[Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. _
MessageSujet: Re: [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge.   [Hénath Wyrd NØrn] Scène Première. L'hiver rouge. Icon_minitime

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