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 [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques...

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Psyché Morbide
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Psyché Morbide

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Humeur : Macabre.

[Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... _
MessageSujet: [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques...   [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... Icon_minitimeLun 6 Juil - 4:14

CHAPITRE UN



L'HISTOIRE COMMENCE...
C'était ce genre de chutes dont on ne se relève généralement pas. Certes, il n'était pas mort, mais il ne reviendrait jamais au point précédent : il ne reverrait pas le ciel qui brillait là-haut, ni ne retrouverait ce qu'il avait choisit de laisser derrière lui en s'apprêtant au Jeu. Son abandon était total, éperdu, car d'un baiser elle lui avait volé son âme ; et à présent, le cœur palpitant de Fyfr entre les mains, elle exaltait. Elle constatait le cœur du fou venu rendre son corps, savourait l'organe palpitant, la vie à l'état pur nichée entre ses paumes.
Elle le regarde. Elle peut paraître cruelle ou aimante, elle peut être le jour et la nuit, l'amour et la mort. Elle est absolument tout et n'est absolument rien, elle est les deux tranchants du poignard et l'occulte démence des... psychés. Elle c'est effacée dans la chute, comme un être de poussière balayé par le vent. Fyfr est tombé dans la brume, absorbé par le terrier et obsédé par ce Lapin Blanc, tombé là-bas où tout est Merveille, et tout est Cauchemar.

Ici tout se transforme. Tout se vit et s'apprend par la douleur. La Cité était sale, malveillante, comme un parent négligeant la chair de sa chair et laissant son jardin pousser de plantes difformes et de fleurs pourries. Ses entrailles n'étaient plus que tentacules errantes et meurtrières désœuvrées, sa peau un verre sans reflet ni consonance, son sang un sang d'égout et d'immondices. Elle c'était enracinée sur et sous la terre et s'y était engraissée, fanant les alentours et stérilisant le sol, noircissant le ciel d'une lourde maladresse et de son profond égoïsme : peut lui importait ce qu'elle perversifiait autour d'elle, peut importaient les monstres qu'elle créait de son ventre. Elle était un organisme putride, une matrice infanticide et mauvaise. Elle se dressait haute sous des cieux noirs, étalée à perte de vue, grandie jusqu'à ses extrêmes et qui agonisait pourtant sur ses propres déjections ; sa bile ruisselante ou peut-être du sang menstruel, son propre squelette dressé vers le haut mais dévoré de charognards, un squelette sans peau ni vie. Elle se complaisait de sa propre robe de boue, aiguisant ses pointes de métal et l'acier de ses reins, s'admirait dans un miroir en se prétendant reine du monde et de toute chose :

« Miroir, mon beau miroir... »

Sa voix croassait. Elle avait le son d'une fréquence radio introuvable, d'un grésillement de néon en fin d'existence et la voix d'un disque tournant à l'envers. Elle grinçait et hurlait, elle tremblait de sa toute proche overdose avec l'illusion de s'en extasier : ses doigts crissant sur les grands gratte-ciels démolis ou sur les tours de pierres, les échafauds d'acier et les cheminées interminables. Les ponts qu'elle avait dressés vers le ciel avaient fait fuir les dieux, la laissant seule à nager dans sa sueur et sa crasse, ses vomis d'horreurs et son pus cyrosé, seule à mourir. Là-haut ne planait maintenant plus qu'un soleil mort et il errait, sur la peau détruite, des êtres ailés et mutilés d'eux-même, des anges à la nomination originelle désormais impossible. Les histoires s'enlaçaient vers une la même conclusion ; une mise au tombeau évidente. La Cité s'endormirait un jour, dans un linceul qui ne serait autre, finalement, que sa propre peau arrachée.
La chair à vif, elle s'étire. Malgré sa laideur, elle cultive le narcissisme. Ses enfants vivent en son corps comme des parasites, des vers à cadavres, se nourrissant d'elle pour survivre et avec la conscience qu'ils devraient s'éteindre lorsqu'ils auraient terminé leur repas, et devraient quitter la table. Ils étaient sa seule vie, et eux dépendaient d'elle. L'attachement, entre eux, était un attachement de mort.
Il avait songé à une vie meilleure. Peut-être lui viendrait-il à l'esprit de la haïr, maintenant.
Dans l'air ambiant, elle avait le sourire attachant d'une femme. Elle était calme et peut-être plus belle que vue de prés. Ses chairs ouvertes et fumantes bruissaient de rumeurs lointaines, des rythmiques de mécaniques d'usines ou du passage des derniers trains. Ici, l'air était glacé, suspendu dans un hiver inchangeable. Son écho répétait cette voix de sorcière et marâtre.

« Mon beau miroir. Dis-moi qui, d'entre toutes... »

Il avait marché des heures, peut-être, à parcourir l'enchevêtrement de passerelles métalliques, à contempler la Cité en morceaux et ses mille membres dévorés d'une nature épineuse. Sans se souvenir d'où il se trouvait ce matin, et s'il avait dormi, cette nuit-là, ou ne serait-ce que manger. Au fil de ses déambulations, il sentait éclore au creux de lui-même l'autre personnage, celui qu'il avait pensé ne jamais être, celui dont il n'avait jamais vu le visage.
Il ne c'était jamais retrouvé confronté à sa propre image. Mais aujourd'hui, il pénétrait dans l'une de ces grandes tours de béton et de fer, abandonnées, où traînaient un nombre incalculables de vestiges. Se souvenait-il de ce qu'il venait chercher, ici ou ailleurs? Peu importait, sans doute. Il ne se souvenait pas de ça, pas d'une pareille chose.
Dans une salle trouvée, un miroir immense avait été posé au terme d'une vaste salle où ne filtrait plus aucune lumière, hormis un rayon grisâtre par une fente du plafond. Il avait écouté le bruit de ses pas, de ses pieds, l'un derrière l'autre, leur bruit sur le sol et dans le silence. Se retrouver face à sa propre consistance le glaça - d'horreur ou peut-être de fascination, de dégoût ou de plaisir. Un pantin copiant ses gestes et murmurant les mêmes mots que lui, un corps bizarrement déséquilibré et fils prodige de la Cité en déclin : sale, et démoniaque. L'enfant accouché dans la mort avait le visage de la mort.
Et la Cité, dans sa propre cécité, finissait de dire alors que Ravinel, lui, s'ouvrait les yeux :

« ...Dis-moi qui, d'entre toutes, est la plus belle?
Beau miroir, beau miroir... »


Oui. Ici, tout se transforme ; les cauchemars en merveilles, et les merveilles en cauchemar... C'est un mélange de frontières. Les anges s'assoiffent de sang et les raisons humaines se démolissent. Chasseurs et proies se mêlent ; il était de ces pions, glissé parmi les siens comme une erreur, un dangereux marginal, dément à l'appétit insatiable.

Cette Cité n'était-elle pas un peu... déesse?
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Laziale

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[Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... _
MessageSujet: Re: [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques...   [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... Icon_minitimeLun 6 Juil - 17:16

La Cité, comme le Monde, entretient quelques rapports semblables à ceux du divin. Elle dépasse effectivement ses sujets et les transforme, dans son cas, jusqu'à développer un lien de dépendance malsaine avec ses citoyens. Mais contrairement au divin, la Cité serait une déesse ratée, corrompue dès sa fondation par la ruse et l'instrumentalisation provenant du pouvoir. Elle incarne le paradoxe de la divinité imparfaite dont le culte poserait le mépris en prière. C'est une totalité aliénante dont on conteste sans arrêt son progrès à l'émancipation dégénératrice. Ravinel en est le produit le plus abouti. Fruit de la culture détériorée, la liberté dont il jouit excède toute moralité mais l'a rendu, comme tant d'autres, monstre de la Cité. Dans cet urbanisme au stade de décomposition avancée, il pouvait assouvir ses désirs les plus fous, ressentir la satisfaction absolue, le seul maigre et risible bénéfice que l'existence puisse procurer. Cependant, Ravinel défigurait le peu de conscience qu'il avait en agissant de la sorte, devenant peu à peu l'ombre de lui-même. Mais bientôt, il allait surgir au sein de cet extrême la guérison fatidique de ce monde malade...

Parmi la faible lueur qui transperçait le plafond troué, une neige de poussière épaisse grisait l'espace et concédait à peine au miroir mural l'éclairage nécessaire à une réflexion toute timide, à croire que le reflet avait peur de lui-même. Ravinel s'approcha de la surface étamée et porta sans hésitation la main de son bras gauche - le plus habile - pour caresser cette apparence dévastée. Était-ce afin de consoler le miroitement ? En avait-il pitié (pouvait-il sentir ne serait-ce que de la pitié ?) ? Ou était-ce pour ôter le doute identitaire qui le rongeait : est-ce bien moi que je perçois ici ? Son esprit obnubilé par la satisfaction s'était plongé au fil des années dans les multiples plis de la chair et le voile du besoin recouvrait à présent son regard, si bien que Ravinel avait perdu l'image de soi. L'expérience du miroir allait être, pour lui, l'occasion de récupérer la lucidité de sa conscience de soi.
Aussi, lorsqu'il déposa la main sur son reflet, celui-ci écarta la tête. Ravinel, malgré son faciès à l'expression unique, ressentit un trouble intérieur et son ventre se crisper. Il avait jusque-là saisi ce miroitement comme un autre et finalement sa conscience pleine de ratures ne s'était pas trompée.

« Ne salis pas ma Beauté ! » lui lança le prétentieux reflet.

Des ondulations se propagèrent à tout le mur au son de sa voix aiguë de verre cassée qui se dédoublait en échos liquides.

« C'est grâce à Moi que la beauté des choses peut resplendir. C'est de Moi que la beauté émane : Je suis la Beauté incarnée ! Aucun être ne peut rivaliser avec ma Magnificence. On m'adore, on se prosterne devant Moi, on jouit d'extase à ma vue. Le monde est à Moi... » continuait de renchérir le double, d'un narcissisme inégalé tandis les vagues à la surface du miroir ne cessaient de s'amplifier.

Ravinel recula de quelques pas. Le reflet s'estompait peu à peu et les vocalises métalliques diminuèrent.

« Reviens, reviens, mon auditeur égaré, »
suppliait alors le miroir, « que ferais-tu sans moi ? »

Ravinel joua le jeu, intrigué, et se rapprocha de nouveau.

« Auprès de moi, tu peux te voir comme jamais auparavant. Grâce à Moi, tu peux te réfléchir et saisir toi-même comme nul ne le peux. Je suis l'Unique moyen de te retrouver en ce monde ! Le seul intermédiaire entre toi et toi-même. Je... »

« Tais-toi, inepte dividu ! » interrompit la voix rauque de Ravinel, au travers de ses dents immobiles dont l'obstruction en altérait la sonorité .

Sa voix crépitait car la salive engorgeait ses cordes vocales. Elle était bestiale, comme celle d'un molosse qui pourrait parler. Elle était le produit brut d'organes phonateurs mal-formés.

« Il n'y a de réflexion seulement parce qu'il y a matière à réfléchir. Tu n'es qu'un ersatz d'être. Sans un être réel, tu ne peux exister. Tu es un faux qui prétend être en soi, mais tu ne peux conserver l'être. Il se dérobe en toi comme il est venu. La beauté n'est pas chose du monde. Elle se situe uniquement dans la perspective du regard, entre formes et pensées. La beauté demeure un paraître. Mais cela, tu ne peux le comprendre car tu es enfermé dans une illusion d'immanence qui te fait confondre nécessairement l'être avec les choses. Tu es une erreur conceptuelle qui s'efface en tant que telle. »

A la fin de ce jugement à l'expression meurtrière, la sentence tomba nette. Ravinel rétracta son énorme bras droit, et d'un mouvement de l'abdomen, balança son poing contre le miroir. Un cri strident déchira l'espace et le miroir mural se fracassa en des millions d'éclats scintillant, détruisant du même coup, pour Ravinel, le moyen de retrouver une conscience lucide de lui-même.

Ravinel resta immobile quelques instants, comme si il tentait de comprendre les conséquence de son geste. Le vent vint souffler contre les entrailles du grand immeuble abandonné, faisant grincer la structure fébrile, et le Chasseur quitta l'obscure pièce, l'air de rien.
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Psyché Morbide
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Psyché Morbide

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[Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... _
MessageSujet: Re: [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques...   [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... Icon_minitimeMer 8 Juil - 0:43

Dehors, la poussière aussi s'était mise à tomber. Poussière grisâtre, cendreuse et indéterminable. L'air était nauséabond, chargé d'exhalaisons aux limites du supportable, une odeur de bombyx fade ou de carcasse à laquelle les derniers habitants de la Cité morte avaient finis par s'habituer. L'air faisait parti d'eux et l'air les avait bâti, créé, moulés jusqu'à l'informe et la disproportion. Et tous ceux qui vivaient encore ne se souvenaient plus de ce qu'ils avaient été jadis ; après le singe et l'homme, venait la mutation. Mutation stérile et violente, paradoxale et destructrice : les assassins de leur propre espèce. La conclusion était tragique, et incontrôlable. Ils s'entre-égorgeaient, brûlaient des fantômes et ne trouvant rien d'autre pour se satisfaire - s'égorgeaient eux-même, aveuglément.
Suicide inconscient.
Il se perdait, dans tous les sens du terme. Quittant la pièce, il entreprit la descente d'une cage d'escalier abandonnée mais qui auparavant, à en juger le velours rouge au sol, avait du être scène d'un palace animé et luxueux ; à chaque palier se trouvaient de grandes baies vitrées avec vue sur la ville, qu'on ne voulait plus voir. Personne n'était nostalgique devant ce spectacle. Maintenant, ceux qui restaient ne se souvenaient plus, aveuglés par la faim.
La faim. Ou une soif, qui lui tordait le ventre et jetait un voile noir sur toutes ses préoccupations. Il pouvait survivre un jour ou deux sans manger, mais lorsque le besoin se faisait de nouveau ressentir, il ne pouvait fuir ; l'idée devenait une obsession folle pour l'étanchement de laquelle il mettait tout en œuvre. Généralement, il trouvait des rats d'égouts ou des insectes - il traînait des immondices comestibles de toute sorte dans les rues, de vieux chats ou des déchets de poissons, et il restait quelques poubelles (très disputées) à fouiller derrière les derniers bars qui survivaient encore. Il lui était arrivé de goûter aux restes d'un cadavre humain sévèrement entamé. Il avait apprit à ne pas avoir pitié, ni envers les siens ni envers les autres : il y allait de sa survie. Quoi d'autre, dans une telle jungle?
Les déchus étaient son repas favori. Ce n'était selon lui qu'un juste retour ; juste et dangereux. C'étaient peut-être eux qui, finalement, l'avaient en quelque sorte "contaminé" ; qui sait à quoi s'attendre, lorsqu'on goûte à des chairs divines? Il y avait certaines choses à savoir sur eux qui pouvaient surprendre, des erreurs à ne pas commettre car pouvant s'avérer mortelles. On ne pouvait tuer les anges et les déguster aussi facilement qu'on dépeçait un oiseau ou un chien ; l'ange devait être vivant. Il est important de le garder en vie mais de le détenir de façon à l'avoir à sa merci, et à ce qu'il ne puisse faire à l'affamé aucun mal. Il n'avait réussi cela qu'une seule fois, et Ravinel y avait prit goût. C'était ainsi qu'était né cet instinct de tueur : il ne partait en pas en chasse pour se nourrir mais pour satisfaire aussi des désirs, profonds, liés à l'acte de massacre et qui, au fil du temps, avait pris chez lui une ampleur insatiable.
La cendre tombe, dehors, de grandes cheminées. Des usines, au centre du centre, où jadis les Hommes fabriquèrent le mal. Elles crachaient sans relâche et leur poison venait se nicher partout : il incrustait les murs et suintait des bâtiments, il se fondait dans l'eau et dans l'air, dans les cheveux et à l'intérieur des corps. Le sain n'existait plus. C'était un hiver sans terminaison, infini et meurtrier. Froid, parfois étouffant.
Ravinel était fou. Son esprit était refuge de ses plus macabres fantasmes, de pensées étriquées et sur lequel il n'avait plus contrôle. Du tout. Une fois à l'air libre, il tut toutes ses voix pour écouter : le silence. Guetter la moindre preuve de vie, qui fasse bondir ses sens et frémir l'acier aiguisé de ses dents. La rue était presque déserte : route vide, restes de véhicules ou de voies ferrées, ossements, arbres nus, recouverts de neige cendreuse.
Il marcha un moment. Sous ses pieds, l'attirance des égouts, où pour qui ne se dégoûte pas les festins sont toujours possibles. Mais aujourd'hui, Ravinel voulait plus : sa soif venait d'ailleurs, elle était autre chose. C'était une soif de mort, une soif de sang.
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[Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... _
MessageSujet: Re: [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques...   [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... Icon_minitimeDim 4 Oct - 16:03

Ravinel déambulait dans les rues explosées de toutes parts, sans trop savoir où il se dirigeait. Des gravas s'amoncelaient à l'opposé de trous qui perforaient, béants, le sol sous lequel le flot continu des égouts de la Cité filait contaminer les derniers mottes de terre à présent inconnue. Les imposantes architectures encore debout, revêtues du gris d'une nuit sur le point de s'achever mais aux arrières fenêtres imperturbablement sombres - à se demander si il y avait quelque chose derrière les façades - dégageaient une solitude sinistre et glaciale quand l'effondrement des autres donnait l'idée que même les choses inanimées pouvaient tomber de sommeil. Au final, c'était la Cité entière qui était un lieu de non-vie, où tout dynamisme avait déguerpit comme si il n'avait jamais existé. Les derniers êtres ici présents sont des parasites qui croupissent dans la pourriture. Ravinel en faisait partie.
Il escaladait maintenant un pan de route fendue en deux qui s'était retrouvé à quatre-vingt degré. Il pulvérisait de ses mains l'asphalte pour se créer les prises nécessaires à son ascension. Lorsqu'il arriva au sommet, ce fut le spectacle du mal qui s'offrait à sa vue. A l'horizon, dans un marasme de métal noir duquel aucune luminosité ne parvenait à se réfléchir, bouillonnait le complexe industriel de la Cité, plus colossal encore que les immeubles. Des usines, grommelait sans fin du bruit assourdissant qui recouvrait toute la ville d'un battement de cœur mécanique. Les longues cheminées de cette méga usine crachaient une sulfureuse fumée dont l'opacité faisait de ce gaz plus un corps solide qu'un élément vaporeux et indiquait la lourdeur du fardeau qui résidait à cet endroit. Les teintes vertes rappelaient à quel point ce monde était devenu fou et avait dégénéré. La fumée, déchet toxique rejeté de toute activité, s'échappait de cet enfer terrestre et venait se mêler au gris des nuages, signe que le jour eut fini de se lever. Un ciel à la clarté intemporelle composé de nuages qui dessinaient une spirale dont le centre éblouissant aspirait la fumée issue de l'usine.
La folie guidant les fous vers le mal le plus épuré, Ravinel sentait de façon irrépressible son corps attiré vers ce lieu aliénant.
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MessageSujet: Re: [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques...   [Ravinel] Scène Première. Reflets Impudiques... Icon_minitime

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