Mon corps vogue sur l’eau. Statue atone au visage fuligineux. Je le regarde d’en haut, efflorescence dans les airs, poussière de vie volant au rythme des courants emportant mon enveloppe.

Qui suis-je ?

Je ne le sais plus. A moins que je ne l’ai jamais su.
Je peux percevoir l’odeur organique laissée par ce corps qui commence déjà à se morfondre sur lui-même, à s’agglutiner à sa propre essence, de la même manière qu’un fruit blet. Je peux apercevoir la peau flétrie par l’eau du fleuve, recouverte d’une lymphe visqueuse. Mon dos est céladon, porcelaine vert claire, abruti par les flots, saccadé et bousculé par les marées.

Je me regarde flotter ridiculement, comme un pantin désarticulé, libéré de ses ficelles salvatrices. Je ne suis pourtant pas détachée de cette enveloppe, et tant que mon esprit restera sur cette terre, jamais mon corps ne sera retrouvé, toujours il voguera au grès des intempéries, s’échouera sur quelques rives ou plages avoisinantes.

Je voulais mourir. Pourquoi ai-je choisi le fleuve, me direz-vous ? La voie des eaux. La voie de la naissance et de la mort. L’eau. Elément aussi vitale que mortel. Je renaît dans ma mort, attirée par l’autre face du miroir. Je suis retournée dans le ventre maternel, dans ma poche.

Et puis le corps maculé se retourne, amorphe. Il glisse, face contre ciel comme une barque laissée à l’abandon au gré du vent et des vagues. Le liquide pareil à de l’acide à mes yeux vient se briser en clapotis sur la peau cireuse et imprégnée de l’odeur vaseuse du fleuve. Le corps continue de valser, bringuebalant entre les flots calmes et sirupeux.

L’air m’étouffe, me brise la gorge. Elle entre comme l’eau dans mes poumons, me brûle, m’étrangle. Le corps porte ses mains à son cou, le tient, le visage devient violacé, perd de sa superbe morbidité. Dans un ultime sursaut et gargouillis vaseux, je me souviens…

Jeune fille, pourquoi es-tu assise sur le rebord de ce pont ? Ta grande robe blanche va se salir, jeune fille, ne restes pas là. Tu vas tomber.
Des rires cristallins retentissent à mes oreilles, on court dans le verger, accompagnés d’autres jeunes gens. Puis je me voit, riant aux éclats, blondeur et pâleur enroulées dans un linceul immaculé. Mon dernier habit. Pourquoi rit-elle cette catin ? Elle est folle. Complètement folle. Elle rit comme elle pleure, chante comme elle grogne, joue comme elle se cloître, paisible comme furieuse.

Que t’arrives t-il, mon enfant ? Toi qui était si douce…

J’ai voulue te tuer, Maman. J’ai voulue te retrouver, Maman. J’ai voulue me briser en ton sein, m’étouffer avec ta coiffe, ou jouer avec tes jupons. J’ai trouvé en mon Psyché un réconfort incommensurable. Il m’a appelé, Maman. M’a dit que j’allais pour toujours dormir au fond de tes entrailles. Je l’ai cru. Et l’ai suivi. C’est lui qui m’appelle depuis tant de temps sur le bord de ce pont, Maman. Je n’ai pu résister à son appel toujours plus fort.

Et me voilà flottante, vulgaire rondin de bois, comparable à un pain de cire morne, ne pouvant plus brûler et réchauffer les cœurs. Puisque le mien est de Glace. Mon cœur ne bat plus, il est veule. Je ne le sens plus. Le Psyché m’a tout pris. Alors que je m’attendais à tout. Peut-être faut-il que j’attende que quelque chose ne se passe. Peut-être qu’il joue avec moi. Mais mon Psyché, mon Amour, tu me fais si peur. Repêches-moi donc des entrailles de cette Eau glacée, réchauffes-moi.

Non, je me rends compte à présent que tu ne le peux pas. Tu es aussi froid que moi. Et cette glaciation me sauve, fige à jamais les traits de la belle bacchante.

Yataaa !!! Un peu d'activité en ce noir monde !

Cela me donne envie de poster, de reprendre cette idée de cirque ensanglanté ! J'ai de nouveau envie de plonger mon Clown dans des bains de souffrances et de cauchemars !

Je vous le promet, et je m'y tiendrai ! (Bien que j'ai Naturellement du mal à finir ce que je commence...) Je vous emmenerais dans mon sombre monde. Je vous ferai entrer, je vous ferai rêver, et, je vous ferai cauchemarder...

Du moins je l'espère ! XD

Et... J'ai honte de moi mais... Il y a certains termes que je n'ai pas compris dans ton texte... J'ai honte... -_-

xD Regarde dans un dictionnaire en ligne ! ^^ Rien de plus simple, de plus rapide. Mais il n'y aucune honte à avoir, loin de là... Je suis fière de t'apprendre de nouveaux mots !

Mais qu'en penses-tu, tu ne m'as pas dit ?

Comme tes précédents textes, j’aime la façon dont tu écris. On y ressens quelque chose, des images s’imposent à l’esprit et il y a un lyrisme morbide que j’apprécie.

A cela, il y a une chose que je n’ai pas trop apprécié, le passage du corps flottant dans une eau… (je n’arrive pas à me décider si l’eau doit être limpide ou plutôt boueuse, les deux me paraissent avoir un sens. Toi qui en est l’auteur, que dirais-tu à propos de cela ?!) Je reprends, le passage du cadavre fripée à la jolie jeune fille aux boucles blondes. Je ne sais pas trop pourquoi, mais il y a quelque chose qui a cassé l’enchaînement fluide et emportant de ton texte. Une image de brisure s’impose à mon esprit.

Sinon, j’aime beaucoup pour les raisons que j’ai exprimées plus haut mais également au fait que l’on en apprend sur le personnage tout en ne connaissant rien. Ce sentiment si contraignant que, lorsque l’on en apprend sur quelqu’un, encore plus de questions s’imposent. Le mystère prend le pas sur les révélations. En d’autres termes, j’ai envie d’en savoir plus. J’ai envie de voir cette dame des eaux pérégriner. J’ai envie de la voir entre les mains du Clown. Je veux lire plus de texte !

Une petite pensée tout de même à ton ancienne description, lorsqu’elle était prisonnière des glaces… J’aimais beaucoup cette idée. Maintenant, j’ai l’impression que l’on a changé de saisons. Nous sommes passés de l’hiver à l’été… J’y pense… Quand avais-tu écrit ta première présentation ? En hiver ? La saison t’influencerait-elle ?!

Ce n'était pas Henath qui était prisonnière des glaces ? Je ne me souviens plus tellement de la mienne, mais il ne me semble pas qu'Opium était dans de la glace. Et je n'ai pas vraiment pensé à une saison particulière. Mais cela m'influencerais certainement dans le jeu futur.

Je ne peux pas te répondre sur la cassure que tu as ressentie, j'ai du mal à cerner ce que tu veux dire. Il y a des cassures dans le texte entre souvenirs et réalité...

Pour la texture de l'eau, elle est épaisse, mi-eau mi-magma dans ma tête. Je la visionne comme une entité vivante et entière, je la personnifie. Elle attrape ce corps presque sans vie, elle le veut, elle l'enveloppe, le berce (comme la mère aurait pu le faire)... Tu vois, c'est quelque chose comme ça.
Mais je suis contente que tu ne sache pas trop, c'était l'effet voulu. Puisque on ne sait pas très bien si, finalement, l'eau est mortelle ou salvatrice. J'espère avoir répondu à tes questions mon Clown.

Je confirme, ce n'était pas toi dans la glace. C'était bien Hénath. 'Scusez-moi ! ^^

En fait, cette cassure, c'est, maintenant que j'ai relu le passage, c'est plutôt comme un bond soudain dans la réalité. Le fait de passer d'un rêve, d'un écoulement hypnotique à un saut dans la réalité, sous le soleil éclatant. Comprends-tu un peu mieux ?!

J'aime ce complément d'informations sur l'eau, cette description m'inspire.

Tu as donc répondu à toutes mes interrogations présentes.

Ah oui, je vois ! Et bien oui, c'est voulu alors cette cassure. Le corps régurgite, et hop, il se souvient... En quelque sorte. ^^
Heureuse que cela puisse t'inspirer autant mon Clown ! A moi de lire ta fiche maintenant !