(ANTI)MONDES
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 [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau.

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Psyché Morbide
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Psyché Morbide

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[Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. _
MessageSujet: [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau.   [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. Icon_minitimeVen 18 Sep - 10:52

L'HISTOIRE COMMENCE...


Ainsi, tu me veux. Délicate, dangereuse enfant, la tentative de séduction dans laquelle tu t'engages est une danse avec la mort. Les fiançailles s'avéreront joueuses, et impitoyables, car on ne manipule ni ne retrouve aussi facilement une déesse, aussi faible soit-elle. Tu me flattes cependant. Je t'aime, parce que tu es venue à moi. Et ainsi, il ne te sera jamais fait aucun véritable mal, car même douloureuse, je reste amante.
Et immatérielle. Je serai à la hauteur de tes ambitions : tu m'aimeras, mais tu auras mal. C'est le prix à payer lorsqu'on obtient l'amour d'un dieu, quel qu'il soit.
(Re)Donnes-moi la vie.

Tes idées n'ont pas d'ordre, le brouillard sur ton esprit a du mal à se dissiper. C'est un de ces réveils étranges, où l'on pense se réveiller seul au monde : le silence est écrasant, l'atmosphère est figée. Rien n'a changé : même baignoire, même salle de bain. (Même corps?) Les couleurs seules se sont ternies, elles pleurent. Un voile a été posé sur ton âme et ton regard, te révélant non pas le monde obstrué de l'autre côté, mais le visage de la couleur noire, posée sur tes yeux. Autre chose t'es apparu, lorsqu'une porte derrière toi s'est refermée. Un reflet déformé, une surréalité intriguante. Et dangereuse. Rien n'a changé, ou presque : un morbide plaisantin a dressé autour du bain de grands cierges mortuaires, qui brûlent en silence. Et le miroir, au-dessus du lavabo, a éclaté en morceaux et jonche désormais le carrelage, démembré en milliers de lui-même, en milliers de facettes.
Tu te sens comme anesthésiée. Ton corps ne répond pas, semblant être resté au stade du profond sommeil, et lent à se réveiller, aussi lent que ton esprit. La remise en route est longue. Ta vision floue. Allongée, tes yeux se sont ouverts sur le plafond, noyé dans une étrange pénombre ; tes extases, tes passions te semblent lointaines. Ta peau, a force d'être trempée dans l'eau, a du se "translucidifier". Tu gis dans cette baignoire comme une noyée dans son cercueil d'eau. L'instant parait presque tranquille, hors du temps, hors de toute comptabilité et d'espace. Tout est terriblement statique. Un rideau noir a été tiré devant la minuscule fenêtre, et chaque objet de la pièce sont muets de chagrin et de deuil : la salle de bain est un caveau.
Tu n'as aucune idée du temps que tu passes ainsi, allongée dans l'eau glacée, toi-même glacée. Tu dois être pâle, et transparente, comme certains êtres d'eau. Froide comme une morte. Je pourrais même supprimer la fin de la phrase : tu n'as aucune idée du temps. Tu restes là, aussi figée que le reste du lieu.

Et en toi-même, tu sais que je suis là. Que je t'attends, derrière cette porte peut-être, certainement au-delà, ou dans tes propres entrailles. Je suis un désir que tu souhaiterais voir se matérialisée, dont tu es matrice, porteuse. Je t'effraie autant que je t'attire. Je suis derrière et devant chacun de tes pas, dans chaque objet que tu côtoies. Je suis même cette baignoire dans laquelle tu reposes inerte et à demi-consciente.
Au bout d'un temps indéfinissable, tu as vu un mouvement, au plafond, qui a éveillé ton attention. Un sillon qui descend avec une rapidité aiguillonnée, traçant son passage au seuil des murs puis sur les murs, sur le sol et enfin, remontant plus difficilement mais avec brio la baignoire, jusqu'à venir te menacer dans ton bain même.
Un bain remplie de roses aurait été certes plus romantique, à la lueur de cierges funèbres ; mais la Psychée est morbide. Son romantisme est sinistre. L'horreur devrait finir de t'arracher aux limbes incertaines du sommeil - ou de la mort. Te réveiller, pour de bon.
L'eau a attiré la putride population des murs, les grands insectes rampants, noirs, perdus dans les élévations humaines et réduits à d'horribles points noirs sur les portraits humains impeccables. On ne les voit pas au premier coup d'œil mais ils perturbent, ils font rancœur. Ils cherchent à revenir à leurs origines, c'est-à-dire les marécages. L'eau qui s'immortalise les attirent, qu'elle soit habitée ou non. Il en arrive par vagues, sorties d'on ne sait où, d'une ouverture du plafond, peut-être, ou d'une conduite d'air. Toute attirée par ton seul bain.
Elles sont là, par dizaines ; tu baisses les yeux, redresse un peu ton échine et vois. Des araignées, des araignées de la taille d'une main, qui rampent avec famine et grimpent sur le rebord de ta baignoire, et viennent s'échouer dans l'eau en essayant d'atteindre les parties de ton corps qui dépassent, pour s'y nicher comme des îlots. Tu ne perçois pas le titillement provoqué par le mouvement, ni leurs lèvres qui cherchent la moindre fracture, sur ta peau, pour y pénétrer - ton nombril est l'objet d'une particulière attention - elles cherchent à creuser ton lisse et blanc enrobage. Tu es une île idéale, pour elle ; si elles pouvaient se nicher au creux de tes entrailles et y dormir leur vie entière, elles vivraient dans l'humidité qu'elles aiment tant.
Tu es un continent de rêve.
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Opium

Opium

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[Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. _
MessageSujet: Re: [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau.   [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. Icon_minitimeMer 30 Sep - 23:49

Je te donne ma vie, mon cœur, mon essence. Je suis enveloppée de Toi. Je te sens, tu es là, prêt de moi. Ta présence discrète et mystérieuse m’apaise presque, me conforte dans mon brouillard. Je n’ai pas peur. Je n’ai plus peur.

Pourtant, je semble revenir à la vie. Une vie lointaine et égarée. Une vie transparente et floue. Je ne sais pas où je suis. Je ne sais plus. Peut-être que je n’ai jamais su. Un voile noir s’est abaissé devant mes yeux ouverts. Il est opaque, je ne vois encore rien. Je ne sens rien. Je suis vulnérable. Je ne bouge pas. Je suis comme paralysée. Mon corps ne réponds pas, mais j’ai l’impression de ne plus en avoir. Il a disparu, je ne suis plus que mon esprit. Je ne suis plus que Toi. Mais je ne veux pas être Toi.

Mes yeux, doucement se réveillent, et l’opacité disparait, petit à petit, dévoilant ainsi quelques ombres. Le plafond est sombre. Plongé dans une nuit éternelle. Des cierges brûlent. Je suis dans l’eau, froide, raide, statique. Pourtant, je me sens « autre chose ». Je suis sûre que je suis passée « de l’autre côté ». Le miroir s’est brisé, tu es là. Je te sens. Je te sens partout. Dans les murs, les meubles, derrière la porte, dans mon esprit. Je te désir et te rejette. Laisses-moi. Non reste…

Combien de temps ? Cela n’a plus d’importance. Le temps n’existe plus si tu es là, prêt de moi. Je ne veux plus compter. Je te désir. Je ne suis qu’un pion que tu pourrait agiter, utiliser pour ton plaisir. Je me suis arrachée la vie pour te sauver. Et pour cela, je me répugne, mais j’adore cela. J’aimerais te voir, où es-tu ?

Puis soudain, comme en réponse à mon appel, une ombre se dessine sur le plafond, sort de l’ombre. C’est toi ? Tu viens enfin me satisfaire ? Mais que fais-tu… Non reviens, ne t’en vas pas… Mais ce n’est pas Toi…

Je vois cette bête, noire, énorme se plonger dans l’eau glacée, statique. Elle nage vers ma peau décolorée. Frôle mon épiderme de sa patte, et grimpe. Un frisson parcours mon esprit, mais mon corps ne bouge pas. Je suis coincée. Et là, des nuées de bêtes arrivent, sauvages, féroces, et s’acharnent à monter sur ma peau, mes parties de corps qui dépassent de l’eau. Par dizaine, je ne puis les compter toutes ! Je cris. Rien ne sort, ma bouche reste fermée, mes lèvres collées ne répondent plus. Restes bleues et statiques. Mes yeux, seuls, sont fous. Mes genoux sont attaqués, mon ventre est remplis, et elles fouillent mon nombril pour s’y intégrer ! Mon esprit sent leurs bouches mordre et leur piques creuser ! Je ne peux plus, je n’en peux plus… Viens me protéger !

Certaines commencent à monter sur mes seins. Leurs pointes. Elles viennent, et mordent les tétons. Elle creusent et voudraient entrer dedans. Entrer dans tout mon corps, en faire leur cachette. Ma tête, elles s’en prennent à ma tête ! Mon visage est recouvert, je ne voit plus, elles grattent mes yeux… Je ne perçois rien, je crois les sentir, mon esprit fait tout. Il faut se calmer, je ne sens rien. Tu es là, prêt de moi. Peut-être que c’est toi après tout… Elles sont partout, c’est peut-être Toi qui essaye de me posséder comme elles le font… Elles veulent ce que tu veux. Je dois les laisser faire. Mon corps bouge, doucement, et se relève pour leur laisser plus de place. Elles on accès à toutes les parties de ce corps qui n’est plus le mien. Elles peuvent le prendre. D’autres araignées encore dans l’eau se précipitent, il n’y aura pas assez de place pour tout le monde. J’accepte la souffrance. Elles grimpent, ravies de trouver un peu de place. Elle s’agrippent sous les cuisses, sur les fesses, sur le haut des mollets, sur le haut des cuisses, dans le dos. Certaines atteignent le sexe. Je ne vois plus rien, je le sens dans mon esprit. Mais je ne sens pas leurs mouvements. Je le sais. Les bêtes essayent d’entrer en moi. Les pattes fouilles, je suis peut-être humide. Je pense à Toi. Je te désir. Et si tu es araignée, je désir les araignée. C’est certain, ce corps est humide. Ce corps abandonné, privé d’âme, puisque je vole. Soudain je me sens voler. Mon esprit est au dessus de la baignoire, et je peux voir la scène. Atroce.

Les araignée ont totalement pris le pouvoir sur ce corps soulevé au dessus de l’eau, jambes écartées. Une araignée essaye d’entrer à l’intérieur des entrailles par la voie la plus facile. Je la voie se frayer un chemin à travers les plis de la peau blafarde et morte. C’était moi. Je reconnais le corps fin sous les araignées. Mais il a disparu, enseveli. Je sais que c’est Toi. Il faut que je retourne dans ce corps si je veux être possédé par Toi. Mon esprit redescend, et je pénètre à nouveau dans la peur et le dégoût, insoutenable. Mais je peux résister. Je pense à Toi et à tes délices. Je t’imagines, ô ma Psychée. Belle, avec des formes appétissantes. Je sens le corps s’ouvrir un peu plus encore. Je pense à ta bouche et à ta langue unie à la mienne. Le corps s’humidifie davantage. Je me régale de ta poitrine et de tes hanches. Je sens les araignées, Toi, s’engouffrer dans ce corps avec un frisson de l’esprit. Elles sont au chaud maintenant. Satisfais-moi. Je t’en supplie.
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Psyché Morbide
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[Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. _
MessageSujet: Re: [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau.   [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. Icon_minitimeSam 24 Oct - 23:31

Union démente, fécondation par intermède, une fiancée à l'horreur. Dégoûté le corps se crispe, jouit d'un viol nommé désir, mon visage sur une informité vivante d'insectes noirs ; les ténèbres liquides, l'eau maintenant d'encre, à peine cette fragile anatomie est-elle perceptible : dévorée d'amour et d'angoisse, elle glisse lentement jusqu'à l'extase ou la mort. Je ne suis qu'un prétexte à te sauver, une idée qui t'empêche l'abîme finale. La jouissance et l'atrocité à leur état complet, rassemblant les antipodes, chaque extrémité et le monde dans son ensemble, dans chacune de ses facettes. L'existence est amour et douleur liés, maintenant tu le sais ; les dieux ont un prix. Poings serrés. Elles te pénètrent comme une avide animosité, un monstre unique. Tu auras beau mourir à chaque instant, tu ne sortiras de ton enfer que pour retourner en enfer. La sensation de cette masse grouillante en toi est insupportable, donne l'impression d'un mauvais rêve. Je suis ces araignées vivaces et affamées, grandes extensions de pattes, gourmandes, amantes horrifiques des corps tièdes, de l'orgueil démesuré, et je suis cette pensée qui t'apaise et te séduit, ma propre image et source à ton délice. Une parfaite amoureuse. Je m'introduis en toi, profane et salvatrice. Sur ta chair ma chair blanche et nue, irrésistible attraction, érotisme brut ; t'emplissant, de recouvrant totalement, te noyant dans ce chœur déchu et douceâtre, un manteau vivant ; un soupir. Un gémissement poussé dans l'eau. La baignoire n'a soudain plus de fond, les eaux sont un marécage. L'eau verdâtre, ta propre consistance écoulée. Le corps léger. Tu me seras infiniment précieuse, belle, désirable Opium. Tu es une œuvre sans pareil, au seuil de l'apothéose, corps à demi-mort et pourtant pulsant d'une vie qui n'est pas tienne, l'âme plus présente que jamais, l'âme cherchant à s'évader, âme au bord du corps, âme aveuglée : la chaleur est indicible, tellement confortable. Point de non-retour. Masse noire enveloppant ta fragile consistance, un monstre sans forme ni définition dont les dizaines de membres récalcitrants dans ta chair, te creusant comme un sable et comme un lit, se glissent en toi sans gêne ni pudeur. Ma langue s'enroule si bien qu'elle t'arrache et tombe, se faufile dans l'œsophage jusqu'à l'estomac, creusant encore, l'organisme, la chair, les veines et les nerfs ; tu ne contrôles plus rien. Ne te contrôle plus, ni ne contrôle ta formidable émulsion. Sourde satisfaction, piège séduisant. Ce qui s'enfante en toi n'a rien d'humain ni d'imaginable. Un bien et un mal, simultanément nécrose et jouissance. Tu t'oublies, le temps d'expirer...
...De revenir. Redescente. Seconde phase, suivante au paroxysme. Le froid. Tu as soudain si froid, un gel mordant. Ton regard est flou, confortable, brouillé : doucement tu reprends possession de toi. De ton corps. Tu te replis, grelotante. Tu reprends tes esprits, sans les reprendre. La salle de bain est déserte. Nulle trace dans l'eau de la moindre bête. La baignoire n'est plus cette mer infinie où, quelques instants plus tôt, tu avais cru mourir ; la baignoire était baignoire. Le corps intact. Mais les entrailles douloureuses. Ni chair déchirée, ni sang, ni araignées, ni rien ; une germe seulement de douleur, au point du bas-ventre. La terrifiante scène d'amour a désormais la consistance du rêve. Tremblante. Je me suis insinuée autour de toi comme des bras consolateurs, un invisible gardien : enfant choyée, le début d'une lente agonie, de ta métamorphose. Excuses-moi. On m'appelle à revivre. A travers toi, sublime écorchée, la chair dans ta chair est un prodige. Je suis contrainte à faire cette entorse aux règlements des enfers personnels : tu seras sous ma protection, quoi qu'il se passe.
Tu grelottes. Une serviette immense est pliée sur une chaise. Il n'y a pas un bruit, le son, seulement, de ta respiration saccadée, et dans ton souffle le poison des dieux, nommé souffrance.
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Psyché Morbide
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Psyché Morbide

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[Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. _
MessageSujet: Re: [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau.   [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. Icon_minitimeSam 21 Nov - 18:33

Toujours ce silence, lourd, terrifiant. Opium se réveille comme d'un mauvais rêve. Un peu fébrile, un début de maladie étrange, peut-être, ces fièvres agaçantes glacées simultanément qu'elles sont brûlantes.
Elle s'enveloppe de la serviette, tremblante, sans pour autant faire fuir du carrelage froid sa peau nue. Elle s'habille, sort de la salle de bain, chancelante, le regard trouble. Le reste de l'appartement n'a pas bougé. Il y plane seulement une incertitude supplémentaire, un flou perturbant. Sans le confort qu'elle avait pu lui connaître. Elle entame un geste pour ouvrir le frigo et songer à se nourrir, mais déjà son corps refuse. Elle n'a pas faim, elle n'a faim de rien. Elle se sent juste souillée, vulnérable, et perdue.
Elle tourne en rond, s'assied un peu sur son canapé puis se lève, indifféremment écarte un rideau : choc.
Ainsi, plus rien n'est semblable. Elle n'est donc plus là où elle devait être.
La vue qu'elle connait n'est plus - mais connaissait-elle vraiment cette "vue"? D'où vient-elle? Elle fronce les sourcils. Sur une rue étroite pèse un brouillard blanchâtre. Des individus passent, vêtus de noirs, indistincts, vont et viennent, disparaissent. Ils paraissent tous semblables.
Opium se prend d'envie de descendre, d'aller voir ce qu'il se passe, et ce qui a changé. Elle se sent renaître en même temps qu'elle a cette terrible certitude de perte et de mort.
Elle enfile un manteau, des chaussures qu'elle trouve, se retrouve dans la rue, mêlée à une foule d'anonymes dont chaque visage étrangement lui parait similaire. Il tombe une neige qui est de la cendre, une cendre grise, qui s'accroche sur les cheveux, les vêtements, qui a une odeur de crémation et de mort. Les rues, la ville est recouverte, la ville sent le cadavre. La ville n'est plus comme elle avait cru la connaître.
Il semble qu'il y est une sorte de fête ici. De carnaval triste. Sur quelques scènes éparses des badauds sont rassemblés autour de tragédiens déchirants. Des orchestres sinistres, de requiems et de chants funèbres. Des mimes. Des gens étendus dans la neige. Des stands de beignets et de friandises chaudes mais auxquelles personne ne touche. Ce sont des rires sans joie, des rires gelés sur les bouches avant même d'en avoir franchi les lèvres.
Opium s'avance, marche et se perd, sans chercher à se retrouver, mijotant à l'intérieur d'elle la douleur greffée à son corps, le souvenir terrifiant du cauchemar.



(Clown, à toi la suite.)
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Le Clown

Le Clown

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[Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. _
MessageSujet: Re: [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau.   [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. Icon_minitimeDim 22 Nov - 21:42

Je ne suis que le Clown.

Un être fait de vices et de plaisirs malsains. Je ne suis qu’une ombre parmi les ombres. Un messager de morts parmi des morts claupi-clopants. Je ne sais qui je suis, si ce n’est que je suis Moi et que je sais comment me faire plaisir. Le reste m’importe peu en définitive. Je ne sais même pas à quoi je ressemble, je n’ose regarder à ce quoi je veux ressembler. Mon esprit est si changeant. Il m’arrive toujours de ressentir une nausée désagréable à voir une espèce de fusion désagréable se produire sous mes yeux alors que je ne ressens aucun piquements… Mis à part maintenant, mais se doit être au fait que je pense en vouloir. Il est très étrange de se voir se métamorphoser alors que l’on est conscient, conscient de ne pas rêver, conscient de voir ces étrangers, ces inconnus ne me regardant pas, m’évitant comme si je n’étais pas de leur monde. Il est étrange de voir que lorsque l’on me regarde c’est d’un air vide, un air pensif, non ! Un air perdu, lointain. Personne ici ne sait comment vivre, comment se faire plaisir… C’est triste mais qu’est-ce que ma personne aime se délecter de tous ces sentiments mauvais, ils m’entourent, ils me caressent, ils m’embrassent.

Et moi je souris.

Je ne sais toujours pas à quoi je ressemble, mais me vient une fugitive. Je ne termine même pas ma précédente phrase car il n’y en a pas le besoin. C’est trop vivace, mais si claire. Si jouissif ! Je ferme les yeux, me retrouver dans ce monde d’obscurité, où des formes plus sombres dansent, se forment, se disloquent, et se reforment pour se briser à nouveau… J’aime ce ballet énigmatique que mon corps produit du fait de traces anciennes de lumières et surement de flux électriques, d’informations qui se relayent entre mon cerveau et mes yeux. Mes yeux si ronds… Pourquoi ne les arracherais-je pas ? Est-ce que cela ne serait pas risible ? Est-ce que je prendrai tout simplement mon pied de sentir dans mes mains ces globes ensanglantés qui peu de temps avant me permettait de voir… Voir quoi en fait ?

Peu importe. Je ressens mes orbites vides. Je le sens, ce liquide qui coule tranquillement et pourtant, une image se forme dans mon esprit. Une cascade, immense, bruyante, forte. Aux premiers abords, elle me parait venir d’un autre monde, trop bleu, trop lumineuse, trop joyeuse. Elle pue de relents fantastiques et parfaits ! Elle pue d’être minuscules et parfaits prêt à aider autrui sans attendre rien en échange. Ah !... C’est déjà beaucoup mieux. La cascade se déverse sur un fond d’apocalypse. Le ciel est obscurité. Les nuages sont denses et lourds. Le tonnerre ne résonne pas, et pourtant le silence est bien pire. Pesant. Les corps arrachés de ces petites bêtes sont démantelés et nettoyés par le puissant amas d’eau, de sang et de fioritures. Ce n’est même pas une cascade de sang pur. Du sang… Qu’il m’est horriblement délicieux cette pulsion qui me veut que je me jette sur une proie, que je la disloque et que je m’abreuve comme une bête sauvage.

Liquide… Oui ! Cette femme. Ce spectacle. Je ne suis qu’un spectateur. Je ne suis pas un acteur. C’est pour cette raison que je n’irai pas agresser une de ces âmes ternies et éphémères. Je n’y prendrai aucun goût, et le goût n’y sera pris. Non. Il m’est plus délicieux de plonger dans cette eau éthérée où repose désormais le corps d’une femme nue, une femme en communion… Je ne trouve pas de mot assez fort pour me décrire ce que je ressens. Génial. Grandiose. Apothéose. Non. Je ne les aime pas, cela ne colle pas avec ce que je ressens à travers cette vue.

Ces petites pattes poilues ivres. Elles courent. Elles se ruent. Elles dégoulinent de trous abjects, elles sortent d’abris depuis longtemps attaqués de rongeurs craintifs. De ces mêmes abris où restent encore des cadavres encore chauds abritant la future livrée de petits. Ainsi, de cette façon, lorsqu’ils ouvriront les yeux, ils se trouveront dans leur élément, en plein milieu des viscères de l’animal mort terrorisé. Ils se délecteront de sa chair putride. Ah…

Corps immobile. Pénétration désagréable. Jouissance morbide. Ah…

Je sais désormais à quoi je ressemble. Je sais désormais à quoi je ressemblerai pour elle. Car bien que j’aie précisé précédemment que je n’étais qu’un spectateur, il m’arrive de temps à autre de manipuler quelques âmes sensibles. Je les fais vibrer comme s’il s’agissait de mon harpe, un instrument qui symboliserait le contrôle que j’exerce. Et les cordes ne seraient que quelques personnes que je fais danser à mon loisir, et comme je le souhaite. Mais toujours avec une certain limite, je ne peux tout voir et heureusement. Le monde ne serait plus plaisir sinon. Il me faut goûter aux joies du hasard, lui répondre, et attendre à nouveau. Je suis un peu comme un maître de jeu. J’offre une trame, les joueurs y joue leur rôle, mais il est impossible que tout colle, l’on est obligé de créer sur l’instant quelque chose de nouveau.

Improvisation.

Je m’avance vers elle. Doucement d’abord puis empli d’une telle joie que je ne passe plus inaperçu. Chacun de mes pas est représentation. Mes jambes s’arquent en l’air d’un côté, mes pieds claquent entre eux. Et je fais pareil à l’opposé. Répétant ce même pas jusqu’à ce que j’arrive à une quinzaine de mètres d’une sortie de maison. D’une porte d’où sort, ou est sorti une femme. Cette femme. Est-ce que je serai en train de rêver ? Mes yeux me tromperaient-ils ? Serait-elle vêtue simplement d’une serviette enroulée autour de son corps, d’un manteau et d’une paire de chaussures ?

Pistage.

Je la suis, m’arrêtant de temps en temps pour la mirer. Pour cela, je ne peux m’empêcher de tourner la tête exagérément, jusqu’à ce que je voie le monde à l’envers et que je me retrouve les jambes en l’air ! C’est excellent ! Je ne me sens aucunement contraint en ce monde, et je ne me rappelle aucunement depuis combien de temps j’y suis. Mais je m’en contrefous, il me faut vivre l’instant présent, et non me perdre dans les couloirs poussiéreux du passé et du futur. De temps à autre, je me retrouve à regarder le ciel, à me perdre dans le ciel puis, à ouvrir grand la bouche et à gober les cendres voletantes. Je trouve cela aussi bon que d’avaler de la neige virevoltante. Les cendres s’écrasent dans ma bouche, laissant un goût amer et d’un quelque chose que je n’arrive à décrire sur le moment. Je l’avale et ait l’impression d’avoir fumé. C’est bête à dire surtout que je n’ai pas souvenir d’avoir jamais fumé.

Me voilà en train d’accélérer, je la contourne d’un mouvement semblable à une grande ellipse, une trop grande ellipse. Il faut croire que je ne peux m’empêcher de faire les choses démesurément. Je me retrouve devant elle, j’espère qu’elle y verra ce que je veux qu’elle voit. C'est-à-dire un homme de taille moyen, de corpulence moyenne mais d’un crâne chauve, de peintures clownesques. Deux grands ovales m’entourent les yeux, un trait d’un rouge sang souillé passa par la terminaison de mes oreilles et le dessous de mon nez. En dessous se trouve un grand espace blanc, strié de traits noirs, cela me fait une immense bouche, un large sourire mesquin. Mes yeux sont minuscules tout comme l’arête de mon nez et de ses narines. Je porte, j’aime être bien habillé, une chemise au style de certain bureaucrate, noire. Pourtant, les manches en ont été déchirés, laissant apercevoir une peinture trompe-l’œil ingénieuse. A y regarder sans attention, l’on croit que je ne suis qu’os et tendons. Mais là n’est pas le plus intéressant, mis à parts quelques chaînes s’enroulant autour de mon corps tel un serpent géant se lovant autour de moi. Le plus important est ce que ma main droite exhibe. Elle se trouve proche de ton visage.

Mes doigts sont fins et longilignes, écartés de par leur maximum. Au centre repose, sur un tapis de pétales de roses, une araignée vivante, au repos, malgré des aiguilles aux bouts ronds de couleurs unis et étincelantes. Je suis un peu la couleur dans ce tableau terne. Et, au milieu de ces mandibules, se trouve la tige et le cœur même d’une rose.

« Bien le bonjour jeune femme, laisses moi m’essayer au poème. Je pense, je crois même que tu es en quelque sorte une de mes Muses. »

Raclement de gorge.

« Vois comme cette araignée te regarde.
Vois comme elle semble heureuse et calme.
Ne lui trouves-tu pas un air familier ?
Ne serais-tu pas effrayée ?
Une envie de pleurer ? De crier ?

Ce doux duvet de pétales de roses,
Te fit entrer en une douce osmose.
Ou peut-être était-ce autre chose.
N’aurais-tu pas subis sans pouvoir crier,
Ne te serais-tu pas fait pénétrer, piétiné ?
L’araignée t’a déflorée, et voici ma poupée. »


Puis je lui souris, exagérément. Souriant dans un sourire fictif. Je la regardai. Je souhaitais ardemment voir ses émotions, ses peurs, ses pleurs. Elle ne pouvait que frémir. Cette mise en scène, bien que misérable, il fallait le reconnaître (je parle principalement de ce que j’osa nommer poème), n’avait que pour but de rouvrir la porte, invitant une bourrasque d’air, afin de ressusciter le feu maladif de ses peurs et souvenirs enfouis.

[HRp : Je crois que je me suis laissé glisser en votre monde (très) facilement. Lorsque je m’en aperçu, le mal était déjà fait (ici, le mal n’a pas une valeur péjorative, bien au contraire !). J’avais écrit, écrit et écrit encore ! Je ne me suis pas relu, donc j’espère vraiment que cela tient la route et qu’il n’y ait pas d’erreur minable et misérable. Et pardonnez-moi pour ce rebut, cette pâle copie, de ce qu’on appelle la poésie ! ^^]
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Opium

Opium

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Humeur : Exaltée.

[Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. _
MessageSujet: Re: [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau.   [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. Icon_minitimeLun 30 Nov - 0:16

[HRp : Ne t'inquiètes pas, ça me fait la même chose... Je suis comme envelopée dans un délir halluciné, et je ne peux plus m'arrêter jusqu'à ce que j'ai dit tout ce que j'avais à dire. C'est affreux. xD]

Délicats Enfers, subtile fragrance de souffre. Je sais à présent que tu es là. Je le sens. La baignoire est maintenant glacée. Quand je respire, ma chaleur s’évapore, volatile et brumeuse. L’eau vibre à présent, enfin. Elle a retrouvé son clapotis, sa mouvance particulière. Je me redresse difficilement, essayant de me réchauffer blottie sur moi-même, contre cette peau presque gelée, presque morte. Une gêne me fait changer de position. Une gêne douloureuse. J’appuie sur mon bas-ventre et un gémissement sort de ma gorge, sans que je ne le veuille. Je ne pensais plus pouvoir émettre de son. Mon esprit est brumeux. Suis-je morte ? Mon bas-ventre est quelque peu durci, légèrement. Une aspérité gênante que je sens, et que je ne devrais pas sentir. Mais j’ai froid. Mon cou se tort, et ma bouche forme un rictus démoniaque quand je vois une serviette pliée sur une chaise, délicatement posée, prête à m’envelopper.
Et là, je sais que je ne reprends pas mes esprits. Je sais, au plus profond de moi-même, que je suis possédée. Possédée par celle que j’ai toujours désirée, et toujours rejetée. Mon ventre se rempli d’une chaleur délicieuse, et mon visage se tort en une expression de dégoût. C’est encore meilleur.

« L’eau est noire, ébène. Il n’y a plus d’eau, elle a été remplacée par des multitudes d’araignées velues et vicieuses. Mon corps se tort dans des positions indécentes, enveloppé par une masse sombre, une ombre. »

Un souvenir. Mais que suis-je …? J’ai rêvé. Je ne peux pas avoir fait une chose pareille. Un long cri d’agonie résonne à l’intérieur de mon esprit, je ne peux supporter cela, la scène terrifiante, damnée, toutes ses bêtes nageant tranquillement à l’abri, me possédant comme une porteuse. Je ne supporte pas… Je ne vois plus… Je m’évanouis et replonge dans l’eau glacée.
Je délire, emportée par le froid intense qui s’empare de mon corps et les lointains souvenirs d’une pièce dont je joue le premier rôle. A ce moment là, la Psychée m’a sauvée, elle m’a ramenée des eaux froides. Moi, je n’aurais pu le faire. Je porte une chose atroce, le descendant de la Psychée, ou peut-être la Psychée elle-même… Un rire diabolique secoue ma carcasse désormais pleine. Je suis fière et dégoûtée, entre le désir de gâter un être, quel qu’il soit, de le nourrir, et de perdre la vie une seconde fois pour lui, si cela permettait à la Psychée de renaître à jamais…

Le froid carrelage n’est que salvation en même temps que frissons. Je sors de la salle de bain, frissonnante et bleutée. Je ne sais que manger pour satisfaire cette chose adorée et dévorée. Rien, il ne se nourrit de Rien. Du Néant. De ma Tristesse. Tel est son repas. Je m’approche d’une fenêtre, croyant revoir cette rue si souvent regardée, si souvent foulée. Mais non. Un bloc s’écrase sur moi, un poids s’effondre et me blesse. Alors c’est cela le monde d’à côté ? Le monde de ma Psychée ? Des gens passent, vêtus de noir, aux faces étrangement semblables, étrangement tristes. Je suppose qu’eux aussi ont succombés aux apparences de la mort et de la Psychée. Pour quelles raisons ? J’aimerais le savoir. Mais ce qui compte à présent, c’est ma seule douleur de te porter, toi, magnifique Psychée.

Je sors dans cette rue brumeuse, froide, vêtue de noir. Un long manteau qui recouvre mon corps et mon âme, qui me recouvre pour me faire disparaître. On ne doit pas me voir. Je crois que je délire, et je trouve ça bien. Je prends plaisir à délirer, et me pousse encore plus dans mes retranchements psychologiques. C’est ça qui va me sauver, j’en suis certaine.
Je fais quelques pas, puis je m’arrête. Un clown. Que fais t-il là ? Je reste muette. Il m’intrigue. Quand il bouge, le brouillard s’étend avec lui. Les volutes s’évaporent et renaissent en milliers de gouttelettes épaisses. J’aime ce brouillard, il m’est délicieux. Je sens la froide humidité parcourir mes jambes et s’infiltrer partout.

Puis il me montre sa main droite. Et un souffle d’horreur me décompose. Mes yeux s’arrondissent, mon teint, déjà pâle, devient sans couleur… Blafard, terne, vide. Des cernes se creusent et violacent sous mes yeux bleus fatigués. Au récital de son poème, je m’affaissais. Me rapetissant, devenant aussi transparente qu’une ombre, furtive, vide, effrayée. Comment sait-il ? Personne ne peut savoir… C’était lui ? Je ne peux plus bouger, pétrifiée par cette révélation qui n’étais pas un rêve. Je m’égare, devient soudain complètement folle. Mon corps est secoué de soubresauts ridicules. Plus loin, sur la place, une fête misérable se déroule, et des acteurs jouent un rôle.
Que fais t-il là avec son sourire affreux ? A mes yeux, il devient immense, ses jambes s’allongent et il me dépasse de plusieurs mètres, son énormes face se penche vers moi… A moins que ce ne soit moi qui ne deviennent aussi petite qu’un insecte… Il se penche et m’écrase avec son araignée…
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[Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. _
MessageSujet: Re: [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau.   [Opium] Scène Première.Le Cercueil d'Eau. Icon_minitimeMar 1 Déc - 22:03

J'aime le spectacle que je viens de créer de mes mains. Mon pantin est encore plus réceptif que ce à quoi je me faisais une idée. A ma vue, à ce que je lui montre, à ce qui se trouve dans ma main et ce qui est renforcé par mon verbe : elle subit.

Son visage se brise. Je le brise. Elle ne contrôle plus, elle devient contrôlée. Ses yeux ne cesse de s'ouvrir. Je peux ainsi voir la terreur et les questions la torturer. Hum ! Qu'il est délicieux de se nourrir de la peine des autres, il est tellement bon ce que je ressens que je ne peux m'empêcher de sautiller sur place. Mes bras se balancent le long de mon corps, d'avant en arrière. Comme un enfant joyeux ! Et ce n'est pas fini ! Mon poème, mon innocent poème semble la balancer dans des torpeurs insondables, obligeant son corps à tressauter comme une poupée dans les mains d'un homme pris d'un hoquet monstrueux. Mon sautillement sur place devient un sautillement mobile, je me met à me déplacer tout autour d'elle. Mais je ne fais rien d'autre. Je ne redeviens qu'un simple spectateur, un homme passif ne voulant pas agir devant la détresse d'une âme éperdue.

Après avoir fait plusieurs fois le tour de son être, ce que je suppose être une éternité pour elle, mirant son état actuel. Je m'arrête. Devant elle. Je la regarde. Puis je regarde ma main. Et... Oh ! Elle saigne ?! Ah, oui. Effectivement. Il me faut croire que tout acte de prudence m'est laissée pour compte. Je m'en désintéresse et m'occupe entièrement de mes mises en scènes. Intéressant... Je rapproche donc cette main ensanglantée de mon visage, et la regarde comme si je la regardai pour la première fois. Elle me semble étrangère tout d'un coup, puis, dans un vif moment de lucidité, j'en comprend les mécanismes. Ainsi, mon pouce fin et blanc, là où n'est représenté qu'un chef d'œuvre morbide représentant quelques os entourés lâchement de chairs à vifs et de tendons, peut se plier dans ce sens, et dans celui-ci et... Oh ! Le bout de chair à côté est doué de même prouesse ! Et les autres aussi ! C'est fabuleux !

A travers le masque de sourire, le simulacre de large bouche, du grand sourire charmeur parodié en un signe de sadisme, une mince ligne se desserre, s'élargit et forme un nouveau sourire. Un sourire plus vrai, plus machiavélique...

Ainsi, je ne m'occupe plus de ma marionnette, sur l'instant, elle ne comptes plus. Il n'existe que ma main, mes mains à présent. Elles sont mes nouveaux jouets, comme le nourrisson découvre ses mains. Je suis un nouveau-né en cet anti-monde. Je ne me rappelle plus depuis quand j'échouai ici. Car je sais que cela n'est pas la terre qui m'accueillit. Qui accueillit ma première naissance. Cette mise au monde en un territoire qui ne fut jamais le mien, je me souviens brièvement de ma vie antérieur et cela fane mon cœur. C'est un souvenir cruel que je ne peux supporter...

C'est pour cette raison que je reporte mon attention sur la frêle jeune femme. Elle est toujours terrorisée, en même temps, je n'ai point pris une heure à jouer. A cause de ce souvenir... Je m'accroupis donc, reposant tout le poids de ce corps éphémère sur le bout des mes orteils. Mes jambes ne tremblent pas, elles ne tremblent pas comme dans cet autre vie...

Je la regarde donc patiemment. Fixement. Dans le blanc des yeux. J'incline doucement ma tête vers le côté gauche de mon corps, doucement. Puis, je la remet là où elle se trouvait auparavant, et l'incline sur la droite. Je répète ce geste ainsi trois fois. Je ne le fais pas exprès, je ne fais pas exprès de tomber sur un chiffre dit significatif, porteur de grandes choses. Après cela, je m'immobilise. Je la suppose comme hypnotisée, je ne vois de toute façon pas ce qu'elle pourrait faire d'autre. Elle est transi de peur.

Je lève cette main où repose l'araignée crucifiée, les pétales de roses virevoltent dans cet air vicié. Je ferme mes yeux, me privant de ma vue pour pouvoir mieux apprécier la douleur qui me traverse la main. Pour pouvoir sentir le sang coulant paisiblement sur mon avant-bras, puis mon bras. Et si le flux n'est pas assez puissant...

Je retire une à une les épingles la soutenant à mon bras. Les laissant tomber par terre. Ne retentissant pas une seule fois sur ce sol sec et recouvert par un duvet de cendres froides. Je m'empare délicatement, tout de même, de mon animal, ce familier qui m'accompagna peu de temps mais dont le plaisir de la rencontre fut intense. Je la posa devant le corps blanc et féminin, puis, je me mis à me pourlécher avidement les longilignes bouts de chairs pendant au bout même de mon longiligne corps...

[HRp : Je me demande comment fais-tu pour améliorer ton texte. Personnelement, je ne peux me résoudre à relire ce que j'ai écrit, je pense que j'effectuerai nombre de corrections et que, à la finalité, nombre d'incohérence planerait. En tout cas, le Clown ne cessera pas de t'en faire baver de si tôt ! ^^]
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