(ANTI)MONDES
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 [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...

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Le Clown

Le Clown

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Humeur : Ivre de souffrance

[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeMer 3 Aoû - 10:39

Combien de temps était passé depuis... depuis quoi déjà ? Il fallait qu'il se souvienne. Il en ressentait un besoin vital, aussi important que de se nourrir (de sang?) et de se repaître du repos (des morts?). Tout était noir pour lui. Il ne ressentait rien. Ses yeux étaient aveugles. Il n'avait conscience de ses yeux. Ses oreilles n'entendaient rien. Car il ne les connaissaient pas encore. Le toucher et le goût n’avaient pas plus d'influence car son corps n'était pas encore formé. Son âme, du moins cette chose qui lui permettait de faire tous ces efforts, d'essayer de se souvenir de choses, n'avait pas encore à cet instant un corps, une enveloppe physique et putride.

Dans cette masse nébuleuse, il vit deux formes passées rapidement devant lui. Son vocabulaire, encore inexistant, ne lui permit pas de désigner ce qu'il n'avait pas vu. Pourtant, il ressentit une bouffée de... liberté. Il se sentit plus léger... léger. Et pourtant, il se sentait tout autant attiré par le fond, prisonnier de béton gris et empli de corps de témoins gênants. Son attention se concentra sur ces formes noirs dans ce paysage de ténèbres. Sa mémoire travaillait. De vieux rouages se mettaient en branle, grinçaient sous le poids de l'effort et des dents de ses voisins. Malgré leur utilité de tourner et tourner encore, ils auraient préféré ne plus jamais sortir de leur immobilité poussiéreuse. Comme dans un mauvais film, la scène sautait et revenait un tant soit peu en arrière. Ombres parmi les ombres, il essayait de plisser les yeux. De petits yeux. Des orbes d'un jaune maladif. Un point de jais perdu dans cet océan de pisse.

Corbeaux.

Le mot vint tout seul. Les yeux s'exhorbitèrent. Il se souvenait de ces oiseaux. Il les aimait et... il vit un paysage couvert de cendres, de plumes de jais, quelques unes d'une espèce surement magnifique car d'un blanc contrastant mille fois sur ce paysage morne et carmin.

Oiseaux noirs.

Soudainement tout lui revint. Il revit la scène. Une espèce de fou, de clown habillé comme cet oiseau noir. Des crocs mordants une peau fraîche et trop blanche. Un baiser passionné et morbide. Un échange de sang, de salive, de douleurs et de rédemption. Un ballet dans la dimension de ceux qui ont des ailes. Des moignons de liberté. Une chute. Un choc mou et brutal. Une poussée de charisme et de liberté. Deux êtres échangeant sang et douleur pour l'éternité que sera leur vie.



Silence.

Puis il oublia tout. Et il eut un corps. Un voile noir obscurcissait sa vue. Mais cela n'était pas tout. Ses doigts, élancés et maigres touchèrent une croute qui scellaient ses yeux. Une douce caresse descendit jusqu'à son appendice qui lui permettait de respirer et qui se trouvait bloqué. Alors il paniqua ! Il ressentit sa première vague de panique depuis sa renaissance. (Ce qui impliquait qu'il était déjà né et, malgré son état, il ne put s'empêcher d'y penser.) C'est alors qu'il prit conscience de son corps. Un corps grand, élancé et squelettique. Tout comme ses doigts en fait. Il était nu. Il avait de longs cheveux qui reposait sur un sol de douceur et d'épines. Ses mains cherchèrent partout une aide éventuelle, quelque chose qui pourrait l'aider à se sortir de cette situation. Mais il ne rencontrait que des surfaces agréables au toucher et qui pourtant provoquait à son corps une saignée de mille entailles. Alors, sentant sa conscience, les lambeaux, partirent comme dans un nuage de fumée par un temps hivernale et gris, il arracha ce qui se trouvait partout, tout autour de lui, et griffa ses cavernes de mucosités. Il griffa encore et encore. Arrachant littéralement une partie de son corps afin de vivre. Il s'estropiait pour survivre.

Et il respira. Il se redressa d'un seul coup sur ces coudes. Il souffrait et se voyait ?! Souffrir ! Qu'était-ce que ces visions de lui dans un corps qu'il ne connaissait pas alors qu'il n'était même pas capable de desceller ces paupières. Qu'était-ce ces visions de maux et de douleurs ? Qu'était-ce ces sensations contradictoires entre dégoût et plaisir ? Pourquoi voyait-il son corps comme un amalgame entre une personnalité sans saveurs, vivant dans un univers de pollution et de goudron, seul, perdu dans un monde qui courrait à sa perte, sans qu'il n'y puisse rien et ce corps, ce personnage qui se cachait derrière un maquillage grossier, un rictus sadique et des instincts animaux ? Qui était-il ? Lequel était-il ?

Le Clown.

Il s'appelait le Clown.

Il se releva. Tranquillement. Trop tranquillement pour que cela paraisse naturelle. Personne ne se relevait de cette façon après avoir survécu à pareille épreuve. Son corps était meurtri. Le sang coulait nonchalamment, ralentissait sur ses cotes puis redoublait de lenteur pendant la descente de ce même os. Son petit nez était bousillé. Il suintait de sang et de matières peu ragoutantes. De plus, il était griffé de partout et quelques entailles étaient assez impressionnantes pour le bouquet de rose qu'il tenait dans sa main. Des roses blanches. Il ne les avaient vu mais il le savait. Sa vision lui avait appris. Il s'était vu se relever, les fleurs dans la main, la blancheur du sang tacheté de son sang tout autour de lui, à perte de vue. Il se souvenait aussi d'une cabane derrière lui, très loin derrière lui, à moins que cela ne soit un effet de perspective, de son imagination ou d'une mémoire défaillante. A moins que cela ne soit un cocktail des trois mélangés. Étonnant et délicieux mélange !

Il ne lui restait plus qu'une chose pour achever la première partie de ce qui serait sa renaissance. Une expérience plutôt intrigante et... poilant. Ses mains, les doigts crochus, remontèrent au niveau de son torse. Elles restèrent là quelques instants, ressentant le poids de la gravité. Puis les pouces caressèrent les extrémités coupantes, les quatre de ce qui constituait chacune de ses mains.

De magnifiques serres.

Alors qu'elles se dirigeaient vers son visage, elles effectuèrent un retournement. Elles s’arrêtèrent un instant. Pourquoi ? Le Clown y voyait un œil dans chacune de ses paumes et cela était peut-être vrai car il vit un visage caché dans des ombres qui n'avaient d'existence, qui semblaient vivantes et dont leur utilité dans leur existence étaient de cacher les traits du visage du Clown. On pouvait tout de même esquisser un visage dont la forme tirait sur l'envers de la pyramide, un menton étroit, une forme de visage qui avait semblé couler, ne pouvant résister à cette force qui rattachait les personnes à la terre. Les traits étaient tranchants. Il semblait qu'il avait affronté un désert entier et qu'il en était ressorti plus fort, plus fou et plus malveillant qu'auparavant. Il cligna des yeux. Les yeux disparurent de ses paumes. Les serres se refermèrent sur ses arcades, s'enfoncèrent dans la peau, laissant couler le sang, puis raclèrent jusqu'à ce qu'il ne reste que des morceaux de paupières tremblotant dans la brise inexistante.

Enfin il voyait.

Et pourtant, il ne voyait pas son oiseau noir.

Où était-tu caché ?...


Dernière édition par Le Clown le Sam 3 Sep - 12:19, édité 1 fois
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Hénath Wyrd NØrn

Hénath Wyrd NØrn

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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeMer 3 Aoû - 21:09

Au milieu de ces nuages gris, cette brume épaisse qui pleure des cendres, perce un rayon. Châtiment divin qui s’abat sur ce monde de chaos et de silence. Trop de silence. Au milieu de cette totale absence de son retentit le souffle presque inexistant d’un coeur qui bat. Il n’y a point de rayon de lumière en ce monde, il n’y a que des signes. La Psychée suffoque et, dans un spasme de survie, désigne ces choses endormies qui sont retournées au silence. Comme des poupées et jouets rangés dans un coffre à jouer qui attendent. Attendre quoi ? Le Renouveau. Le petit rayon de lumière, ou d’acide peut être, glisse sur les terres désolée de l’Anti Monde et s’arrête sur cette montage qui s’élève là. Elle était immense autrefois. Les cendres et l’acidité de l’air ont tôt fait de ronger ses parois, juste assez pour dévoiler, prisonnier des glaces, le corps figé depuis trop longtemps. Tombé dans l’oubli et les Abysses de son Royaume nordique, elle est allée à la glace et la glace restera à jamais son linceul. Mais il est temps de sortir, de t’éveiller pour renaître à nouveau.

Doucement, la chaleur brûlante de l’acide se fait connaître à ses veines. Des palpitations. Son corps à moitié nu, enveloppé dans une longue cape noire à moitié déchirée, semble pulser à nouveaux. L’entends tu ? Ce léger battement de coeur qui n’était qu’un écho étouffé par l’épaisseur de la glace ? Perce à nouveau le monde à jour, tu es parvenu à sortir de ta tombe, ce lac figé qui a accueillit ton premier corps. Et puis le reste... n’est que trou noir. Il ne persiste qu’un rêve. Oiseau de Mauvaise Augure, Malheur, tu t’éveilles réellement enfin. Ta poitrine s’agite de spasme alors qu’il apprend à nouveau à respirer sans souffle. Une douleur fugace transperce tes membres tandis que tes muscles se raidissent pour s’extraire de l’emprise des glaces. La morsure du froid s’accroche à ta peau depuis bien trop longtemps et le temps, les cendres et la Non Vie ont rongé la pierre pour découvrir ton corps. Les paupières s’ouvrent lentement comme si c’était la première fois, les yeux blancs sans iris découvrent à nouveau ce monde et soudain tout devient évident : Le Monde est là. Son monde. Le précédant a été quitté grâce à un suicide quelconque, ici, la mort aura un sens véritable et ta Vie – si l’on peut appeler cela ainsi – a enfin un but : retrouver la Psychée pour la faire vivre grâce à ton propre coeur.

Tu te sens renaître alors que tu reprends possession de tes membres, tu tires pour que la montagne te lâche, la glace s’arrache avec tes efforts et tentent désespérément de s’accrocher à cette peau diaphane, blanche et si fine. On peut voir tes veines pulser sous cette fine couche laiteuse. Tu en es consciente, tu te souviens de ton nom. Wyrd. Le destin ne peut s’enchainer. Tu es ici un Oiseau de Malheur et ton rêve t’a montré bien des choses. Tu es le Destin, ne peux tu donc point voir l’avenir ? Étais ce réellement le futur ? Seul Lui pourra te le dire. Elle tire de toutes ses forces jusqu’à ce que quelque chose dans son dos la retienne brusquement. Mue par un véritable désir de liberté, elle se jette en avant pour pouvoir jouir du plaisir de découvrir ce monde. Quelqu’un l’attends. Un craquement sordide et une douleur fulgurante se répand dans son dos alors qu’elle tente de s’extraire. Nouveau coup, nouveau craquement et un petit bruit de chair qui se fend, se déchire.

Encore une fois, Hénath s’élance et sent les résistances céder en un claquement sombre. Sa gorge ne peut retenir le hurlement sourd que lui provoque la souffrance de cette naissance. Elle tombe en avant. Accroupie sur le sol, recroquevillée sur elle même, les bras enserrant sa taille, Wyrd reprend sa respiration. Ses omoplates lui procurent une douleur atroce tandis que sa peau frémit de souffrance. Tel est ton fardeau, reconnaître et aimer cette douleur que chacun ressent. Tu la captureras pour en connaître toute l’intensité à l’intérieur même de ton âme, de tes entrailles. Elle se redresse légèrement et passe une main par dessus son épaule. Du sang. Du sang noir. Il se répand dans son dos et forme des arabesque avant de s’encrer dans la peau. Quatre plaies et ces motifs de sang éclaboussé qui resteront gravés à jamais. Lentement, elle se relève, reprenant possession de son corps, lui ordonnant de lui obéir. Ses jambes s’allongent, son buste se redresse. Lentement, elle tourne sur elle même;

Là, ancrés dans la paroi, visibles derrière la couche légèrement opaque de la glace, se dessinent quatre grandes ailes noires. Immenses. l’une est recroquevillée, comme brisée tandis que les trois autres s’étendent, à jamais figées. Le mur dégouline de sang là où les ailes ont été arrachées. Noir et épais, comme de l’encre. Ses chevilles n’ont plus de chaines, ses fers ne lui semblent plus aussi lourd et elle marche sans savoir quel chemin emprunter. Elle avance pour ne pas mourir, car son âme est mue pour un désir, un but à accomplir. Le temps court, il n’existe plus mais elle ne le vexera pas par principe.

Les trois voix mêlées en une seule, résonance d’une époque où elles étaient chacune maîtresse de leur propre corps, reprennent à nouveau leur droits. Elles racontent à Hénath cette vision de l’avenir, cette rencontre improbable et pourtant si désirée, inévitable même. Vitale. Wyrd avance sous la cendre comme elle le ferait sous une pluie diluvienne. Elle savoure la caresse sur sa peau, la légère brûlure qu’elle laisse avant de disparaître aussitôt. Elle marche des heures, ses pieds nus ne faillissent point, ses bas noirs se déchirent sous ses pas. Bientôt apparaît à ses yeux un ciel plus clément. Elle se souvient d’un endroit nommé le dôme où l’air serait respirable. Est ce possible ?

Devant elle s’étend un par terre de roses et au loin, dressé au milieu de ce amas blanc, Il est là.

Ainsi, cher Oiseau, nous te retrouvons. Tu existes.

Il Est. Wyrd s’avance d’un pas plus pressé qu’à l’accoutumé. Ses chevilles se frayent un chemin au milieu des roses qui lui taillent profondément les chevilles. Elle court presque, les roses s’accrochent à ses jambes jusqu’à ce qu’elles l’immobilisent presque.

Nous sommes là, debout devant toi. Mon Oiseau, je te retrouve enfin.

Les plaies de son dos se mettent à nouveau à saigner, ses chevilles lancent. Sa douleur est telle qu’elle bat sous sa peau, doucement elle tend le bras vers lui. Viens sentir la souffrance Clown, que ton rire s’étire pour déchirer le ciel.
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Le Clown

Le Clown

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Humeur : Ivre de souffrance

[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeMer 3 Aoû - 22:13

Les lambeaux de paupières collaient à ces globes oculaires. Et pourtant il la vit arriver. En fait, il la sentit arriver bien avant que sa vue ne lui permette de la voir. D'abord, il ressentit un grand frisson. Il ne comprit pas encore de quoi il s'agissait et il attribua furtivement cette sensation à sa nudité. Puis, cette explication ne le laissa pas convaincu. D'abord parce que c'était un froid bien trop mordant et parce qu'il sentait que cela tirait dans son dos. Non pas une sensation éphémère, quelque chose qui parcourait tout son dos comme une large surface, non, c'était une sensation ciblée. En quatre points en fait. Quatre points bien trop correctement placée pour que cela ne soit que le hasard.

Sa main essaya alors de toucher une partie de son dos. Elle se trouvait en plein milieu et, ses membres encore engourdis ne pouvait toucher ce point. Pourtant, une rage irraisonnée s'empara de l'esprit du Clown. Il voulait toucher cet endroit. Il voulait ressentir ce qu'il y avait à cet endroit. Il ne pouvait l'expliquer. Un besoin bestial. Animal.

Grrrrrrrrrrrrrrrrrr-aaaAAaoouhhhhhhhhhhhh !!!!!!

Alors, dans un cri guttural, l'épaule du Clown cède sous la pression, les tendons de ses doigts semblent s’allonger, s'étirer jusqu'à céder et pendre mollement sur cette surface, cette bosse, cette protubérance qui pousse sur la chair encore fraîche et nouvelle. Pâle et presque transparente maintenant. Les vaisseaux sanguins palpitent, résistent à la pression et essayent de ne pas céder.

Le Clown se retrouve dans une posture fœtale. Il est accroupi sur le sol. Les aiguilles des roses l'embrassent, essayent de l'attirer vers elles. Elles sont amoureuses. Elles sont jalouses. Elles sont compatissantes. Le Clown peut les entendre. Elles parlent. Elles essayent de le rassurer, mais il ne les entend pas. Il est prisonnier. Il est mu d'instincts incontrôlables. Chaque fois qu'il essaye de faire retomber la pression, un nouvel élan de bestialité le prend, et il pousse encore un peu plus son bras. Il force sur les muscles de son dos. Ses omoplates se dressent et augmentant la pression, poussant un peu plus ce qui est en train de naître sous sa peau.

Des images assaillent son esprit englué sous ses instincts. Il voit des chevilles fines et étincelante de blancheur. Il voit des moignons couvert d'un sang noir dessinant sur un dos voluptueux des arabesques diaboliques. Il voit un corps frissonnant et souffrant. Il sait qui est cette personne. Et pourtant, cette compréhension lui échappe. Puis il revoit ces moignons sanguinolents et alors, son dos explose !

Dans un hurlement effroyable, une aile grandiose, difforme et d'un rose maladif voit le jour. Elle se dresse avec fierté dans ce jour qui est peut-être nuit, ou peut-être jour. Elle n'a aucune raison d'exister. Elle n'a aucune utilité car si elle se déployait pour voler, elle déséquilibrerait le frêle corps du Clown et ne pourrait battre qu'une fois de l'aile avant de le faire tomber. Alors pourquoi cette aile ? Pourquoi cette naissance accompagnant la raison retrouvée ? Quelle est le but de cette manœuvre ? Est-ce la Psyché à l’œuvre ? A-t-elle le pouvoir d'influer sur les vies de cette anti-monde ?

La réponse est simple comme elle est compliquée.

L'anti-monde est gouvernée par le chaos. Elle n'obéit qu'à des instincts. Elle s'amuse.

(Déchiqueter)

Elle est la force créative et créatrice.

Le Clown se laisse donc choir par terre. Une larme de sang coulant de son œil droit. Il sanglote et n'en connaît la raison. Ou alors, il en connaît la raison et cela le fait sangloter. Cette personne qui vient à lui est source de joie et de peine. Il se souvient, s'imagine d'une rencontre avec un autre oiseau de jais. Une perte de contrôle. Une nouvelle facette d'une personnalité multiple et déstructuré. Un pleutre derrière un bourreau psychologique. Une faiblesse réconfortante. Une honte odieuse. Un plaisir malsain. Telle est cet anti-monde. Un monde bourré de paradoxes et de subtilités atroces et merveilleuses.

Il se relève donc. Il a décidé de voir. De sa main valide, il s'appuie sur sa cuisse méphitique et se relève. Son bras gauche est retombée dans un bruit de succion après la naissance de cette difformité dans son dos. Ses doigts se trouvent dans des angles impromptus. Cette organe de vol se dresse telle une tour, un phare dans ce brouillard de cendres, survolant une marée de roses, respirant et bougeant comme un seul être, se ployant sous un souffle avec servitude consentie et se déployant avec la rage des révoltés.Son visage est séparé en deux par cette larme de sang qui a coulé de son visage. Ce qui a créer par une alchimie imaginative un masque de peau humaine sur les trois quarts de son visage. Un masque de peau usé et rougie par quelques mystères. Son œil droit est caché, pupilles blanches et roulant effrénées dans son orbite. Son œil gauche est révélée, et sa pupille est d'un bleu trop délavé.

Il marche vers cette frontière entre le chemin de terre et le champ de rose. Il sait qu'elle va passer par cet endroit. Il l'a vu. Et il sait qu'elle aussi l'a vu.

Alors il attend.

Il reste planté droit, l’œil scrutant au loin cette force aux courbes délicieuses, calice d'un mal insondable où l'esprit de vampire aime s'abreuver du mal que ressent le coupe. Son bras gauche pendant. Son appendice volent érigé.



Lorsque le Destin, le Wyrd arrive par delà la plus grande des distances qu'il est donné au Clown de voir, un mécanisme subtil et énervant se met en route. A chaque pas rapprochant un peu plus les deux oiseaux, c'est un pas en arrière qui refoule les souvenirs et les mémoires de l'être nu. A chaque pas de joie ressentie dans le bas ventre et les moignons de son dos, ce sont des instants de vides et de silence glaciale qui occupe l'esprit dément du Clown.

A chaque pas...

C'est un peu plus de sa personnalité qui s'envole...

(Dans cette aile ?...)

A chaque pas...

(Dans cette cabane au loin ?...)

A chaque pas...

C'est un sentiment contradictoire qui rapproche la rencontre de ces deux êtres...

Une joie remplacée par le vide et l'incompréhension...
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Hénath Wyrd NØrn

Hénath Wyrd NØrn

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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeVen 5 Aoû - 11:31

Au loin, il se dresse avant de se courber sous une douleur acerbe. L’écho de celle-ci frappe en son dos, elle frappe encore avant de déchiqueter la chair qui explose en lambeau sur les pétales blanches. S’élève alors cet amas de plumes atrophiées, un phare, une montagne qui se dresse au milieu des cendres et des roses. La douleur jaillit en même temps que cette aile vibrante et bondit. Elle peut la voir, Bête affreuse qui s’enfonce dans ce jardin de fleurs. Elle s’ancre dans la tête et les épines frissonnent de la rencontrer. La terre l’avale comme un trou noir goberai une planète bien ronde. Les roses blanches frémissent. Elle approche. L’écho de la douleur du Clown se répand aussi vite que la marée jusqu’à pénétrer avec violence ces tiges enflammées qui se serrent alors plus fort autour des chevilles de Wyrd.

Sa propre douleur rencontre celle de l’Oiseau, compagnon d’un rêve, elle s’abat sur elle et dans ses tripes pour la faire vaciller. Hénath reçoit de plein fouet à la poitrine la souffrance du Corbeau qui lui dérobe le souffle. Comme matérialisée, le flot noir et rouge s’accroche à ses jambes, usant des épines comme s’armes pour la faire chuter. Wyrd tombe à genoux, écrasant quelques roses qui s’encrent sous sa peau tandis que l’ombre noire se dresse devant elle, nuage menaçant fendu d’un sourire qui ricane silencieusement. Soudain, elle se rue que le corps meurtrit et lui saisit cette gorge si fine de laquelle ne s’échappe aucun son.

Hénath étouffe.

Lentement, la Douleur caresse sa peau, titille les quatre plaies de son dos pour les rouvrir et laisser le sang éclabousser à nouveau le sol. L’ombre caresse ses lèvres et les écartes pour s’immiscer lentement dans sa gorge. L’ombre devient fumée pour se glisser lentement dans ses poumons, s’y loger et les encercler. Le souffle devient saccades, il ne reste plus de Douleur matérialisée, déjà les dernières vapeurs de son existence s’enferme dans cette bouche délicate qui souhaite la vomir pour l’extraire de son corps. Le Destin a pour fardeau de porter en lui la douleur de tous ceux qui trépassent car il leur survit. Survivre. Les mains d’Hénath trouvent le sol pour appui, lentement, les roses s’avancent pour lui enserrer les poignets, la pénétrant de leurs épines rosées. La blancheur immaculée nourrie par le sang des souffrants. Son essence vitale passe dans les tiges et colore de pourpre les pétales qui l’entourent. Jalouses, certaines fleurs tentent de se rapprocher pour goûter elles aussi à la Souffrance du Monde réunit en un seul petit corps. Frêle corps. Chaque égratignure pulse au rythme du sang, son dos ruissèle d’encre noire et, de ses yeux, perlent quelques gouttes carmines.

Les roses deviennent semblables à des lierres, ils progressent sur sa peau et cherchent le dessous du poignet. Un temps. Ils s’enfoncent violemment sous sa chair pour trouver ses veines et les combler de leur corps fait d’épines. La Douleur les contrôle et elle se répand aussi vite qu’eux, ces fils de natures qui s’immiscent en son corps. A quatre pattes, Hénath avance, les lianes se tendent à mesure qu’elle s’éloigne et cèdent à la pression en un claquement morbide. Les filets verts s’arrachent, le Destin se relève. Il tire sur ses jambes prisonnières et déchirent du sol les racines écarlates de roses autrefois si blanches. Contre toute entrave, Hénath avance et distingue clairement le Clown qui se dresse là, droit devant elle. Sa souffrance s’alourdit, décuplée par cette malédiction d’être Sensible à tous les maux du monde. Chaque rose qui périt sous ses pas lui hurle sa douleur et Wyrd plaque ses mains sanglantes contre ses oreilles pour ne plus les entendre.

Quelques mètres encore, il avance lui aussi.

Quelques pas, quelques mortes de plus. Certaines lianes palpitent encore sans ses veines.

Le doux bruissement des feuilles… la Douleur bat contre sa poitrine, beaucoup trop lourd pour rester confiné dans cet espace trop petit. Le Démon cogne et menace de faire exploser sa cage thoracique. Les ongles de l’Oiseau tentent d’ouvrir sa chair pour le laisser s’échapper mais ne parvient qu’à laisser de simples égratignures. Alors il avance encore, n’ayant plus d’aile pour survoler la souffrance qui l’englue au sol.

Le Destin ne peut être entravé mais comment, comment veux tu que les autres puissent trépasser sans souffrance. Ma mort était si douce, je me souviens de toi en ce rêve glacial qui fut jadis ma tombe. Mais les Morts se relèvent désormais, animés par le battement de cœur de Psychée, Notre Psychée. Je t’ai rêvé et je te vois maintenant, nous nous retrouvons sans nous être jamais vu. Nous reconnaitras-tu ? Nous pauvres tisseuses qui avons tout sacrifié pour devenir notre propre destin. Nous te parlerons de milles voix, te contant la douleur du monde que nous ressentons au plus profond de nos veines.

Car nous n’avons point oublié que tes instincts vampiriques sont vils, et avides.


Elle progresse lentement au milieu de ce champ immaculé, laissant derrière elle une traînée sanglante. Les épines deviennent griffes pour l’empêcher d’avancer, la douleur croit aussi vite qu’un levé de soleil. – Qu’est-ce ? Echo d’un souvenir d’autre Monde – ses ongles se serrent sur sa peau, contre ses seins, le Démon grandit et écrase ses côtes en de légers craquements sordides.

Encore quelques pas, elle peut apercevoir ton visage.

Un pas encore, l’aile se déploie devant ses yeux blancs.

Encore un, elle tombe presque à genoux.

Devant lui, elle écarte les bras comme un martyr prêt à recevoir son châtiment. Que l’Antimonde me foudroie pour faire taire cette Bête qui croît en moi. Clown, Oiseau de Malheur, Aigle aux serres acérées, ouvre la chair pour laisser le Démon sortir et s’abattre sur Terre. J’ai en moi la douleur qui fut tienne, laisse la prendre à nouveau son envol. Ouvre et laisse la partir.

Ou tue-moi.

Sans regrets et sans états.


Que son torse s’ouvre de sa chair fumante, que l’ombre en sorte et que cette douleur soit cueillie par ceux qui s’en nourrissent pour survivre. Ouvre et elle exulte.

En un souffle,

Apprendre à respirer comme une Renaissance.

J’étouffe
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Le Clown

Le Clown

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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeDim 7 Aoû - 17:24

Au loin, de vides et morts regards assistaient à la scène. Dans des sourires plaquées, figées ou encore délavées. Elles étaient pendues. Elles étaient mortes sans n’être jamais nées. Et elles attendaient. Elles les attendaient et se délectait du spectacle qui se déroulait au loin, au seuil de la porte entre ce monde couvert de roses et cette vile route couverte de terre et d’un sang noir.

-

Elle arrive. Et de par sa présence entraîne une foule d’évènements étranges et imprévus par aucun des deux Oiseaux. De ce membre étrange et levé, une chose noire, profonde et putride s’échappe, vidant complètement le Clown. Une coquille vide. Fragile. Sans grands instincts et grandes envies. Serait-ce son âme qui s’est envolée ? Fatiguée de ce nouveau voyage ou encore appelé par la Psyché en personne pour partir en quête d’un noir Saint Graal ? Rien n’est sur et rien d’immédiat pourrait étayé une de ces suppositions.

Je crois te connaître…

Il n’a pas conscience de ce dialogue mental, de cette facilité avec laquelle il peut communiquer avec cette femme. Des conséquences que cela implique. Tout ce qui se rend compte, c’est qu’une chose est sortie de son dos, a plongé dans le sol, effrayant par la même les roses éclatantes et innocentes puis forer son chemin jusque dans le corps de cette femelle. Le Clown, sans s’en rendre compte, renouât avec ce qu’il était, ce qu’il voulait être aux origines de cette vie. Un spectateur morbide. Un observateur immobile aux yeux vitreux et au sourire absent… Non. Ce n’est pas ce qu’il devait être. Ce n’est pas ce qu’il est. Alors, il se penche douloureusement, comme un vieillard qui souffrirait d’un mal en bas du dos. Puis, plus il approche de cette source noire à ses pieds, plus il recouvre de la jeunesse. Et alors, il se retrouve en équilibre sur la pointe de ses pieds, le bout de son index gauche, celui qui se trouve encore dans une forme convenable, dans cette source noire, épaisse et immobile. Les ultimes traces du passage de ce mal qui est sorti de son appendice.

N’ayant plus de langue, dans l’impossibilité de la sortir dans le cas présent, il écrase cette matière sur son masque de peaux humaines et cousues entre elles. Alors une réaction chimique et nébuleuse explose. Son œil visible gagne une lueur irraisonnée. Pour un peu, elle irradierait littéralement d’un jaune maladif, d’un sentiment de cruauté acceptée. Les muscles sous cet œil se rehausse, contraction d’un sourire trop élargie, trop heureux d’un tel spectacle. Le Clown, le spectateur et bourreau mental est dorénavant dans la place. Lentement, il se relève, ne perdant plus une seconde de ce noir spectacle.

Il ressent le Démon. Il l’appelle comme cela car c’est comme cela qu’elle l’appelle. Il le voit profiter de ce corps soumis aux affres de la souffrance universelle. Il ressent le plaisir sadique qu’à cette nouvelle forme de vie pour lui, et pourtant naturel, violer son corps. Et il le ressent d’autant plus fort lorsqu’elle pénètre son organisme. Douloureusement. Tout entier par sa bouche magnifique et assoiffée par un long voyage. Pendant que le Démon la viole, il observe ces Roses agressives, jalouses de cette intrusion. Il observe ces longilignes bras végétaux perforer les chevilles et les poignets de cette esclave de la douleur. Il les voit s’introduire dans son organisme et battre en rythme avec les mouvements affolés de son cœur, de l’envoie de sang jusqu’aux extrémités de son organisme. Il voit tout cela et même plus et s’en délecte.

Sa langue essaye d’ailleurs de se lécher ses fines lèvres mais rencontre une peau moite de sa salive et vieille. Vieille comme les lèvres d’une défunte vieille. Cette idée propulse une vague de plaisir sexuelle dans son corps et érige les poils de son corps principalement. Il redouble d’intensité et embrasse cette vieille dame avec un entrain démentielle. Son œil est grand ouvert. Il ne cille plus, il ne peut accepter l’éventualité de manquer un battement de paupières cette scène de théâtre où se joue une des plus belles et des plus dramatiques pièces de l’anti-univers.

-

Au loin, les poupées dansent dans le vide. Le vent, un vent chaud, s’est élevé, a adouci sa voix et a demandé aux petites figures blanchies et délavés par le temps et les intempéries de danser au son de sa voie. Les petites fabrications du vieil homme, seules et endormies sur sa petite et lugubre table de bois, attaquée par les termites, se trémoussent joyeusement.

Du coin de l’œil, il semble même qu’elles sourient…

-

Alors tout s’arrête. L’œil bleu presque blanc cesse de luire. Le sourire retombe. L’accalmie succède à la frénésie lorsque que la femme tombe devant son corps, les bras écartés, des restes de lianes épineuses pendant à ses chevilles et à ses poignets comme d’anciennes chaînes arrachées de force à ses gonds. Elle est là, devant lui et lui impose de faire un choix. Le choix. Maintenant. Et sans attendre.

Cesse de tergiverser ! croit-il entendre !

Est-ce un sourire qu’il voit ? Est-ce une langue pointue et tirée ? Un majeure brandit en signe de haute et toute puissance qu’il croit apercevoir dans ce Démon, enchaîné de lui-même dans ce corps usée et d’une beauté impossible ?

C’est un songe. Tout ceci est le fruit de mon imagination. Je m’ennuie tellement dans cette misérable vie, par un dimanche, dans la maison des parents de mes parents, seul devant un ordinateur, peut-être même endormi sur mon clavier, que j’imagine ce personnage, ce Clown, cet être dont les pires maux habitent chaque homme. J’imagine tout ce spectacle, cette femme esclave et resplendissante dans ce décor de mort et de chaos. Je l’imagine resplendissante comme une princesse dans sa robe blanche étincelante dans la plus profonde et la plus noire des forets. Oui ! c’est cela, tout n’est qu’un rêve et cette urgence que je ressens dans mon ventre, cet ordre que je crois ressentir psychiquement venant de cette femme est le fruit de mon imagination.

Mais alors pourquoi je ne me réveille pas ?! Pourquoi ce besoin d’agir au plus vite se ressent de plus en plus fort au rythme de mes battements cardiaques montant exponentiellement en rapidité ?!! POURQUOI ???!!!


Le Clown se précité devant ce corps. Sa main droite attrape sa jumelle et se pose dans le bas de son dos, pendant que ce dernier s’est penché pour que la tête et l’œil ne soient plus qu’a moins de vint centimètres du regard de la femme. Il l’observe dans le creux de ses yeux, croit s’y perdre un instant, croit vivre une, deux voir trois vies et en échappe en soufflant bruyamment mais en n’ayant bougé d’un seul pouce. Son souffle ne se calme plus. Ses instincts vampiriques prennent le dessus.

Et sa main gauche, brisée par le même assaut du dernier de ces instincts assoiffée de sang et de violence se projette brutalement dans le torse, entre les deux seins. Ses doigts s’écrabouillent sous la pression, perforent le peau, tendent les muscles jusqu’à les laisser lui faire un passage, écarte les pointes de ses cotes et s’engouffrent dans les poumons.

Alors la tête du Clown part violemment en arrière. Son bras déchiré se tend au maximum. Et le Démon prend corps de ce bras mourant et maintenant mort.

Il l’assaille, s’en délecte, le mord et le transforme. Son bras n’a plus que l’apparence humaine. Il est devenu plus noir que la nuit. De grosses bulles explosent à sa surface. Ce n’est plus du sang qui coule dans ses veines mais de l’acide d’un jaune maladif et corrosive. Telle la surface du soleil dans l’ancien monde, des gerbes s’échappent de la gravité du corps et retombent finalement dans ce même corps.

La raison du Clown s’éparpille. Le retour brutale de toute son entière personnalité, hideuse et profondément pervertie surpasse peut-être les douleurs que doit affronter le Wyrd lorsqu’elle connaît les douleurs de tous les hommes, femmes, ainsi que toutes les roses existantes. Il se souvient de tout. Il revoit le visage de la Psyché. Il se souvient puis oublie aussitôt sa première rencontre avec elle dans son antimonde. Il se souvient d’un carrosse amenant sa noire princesse, réveillé par un prince insipide d’un lac de glace. Il se souvient de sa vie morne et monotone dans cet ancien monde. Il voit et revoit les vies passées et futures de cet antimonde. Il apprend et apprend à oublier, du moins à cacher sous une brume d’oubli forcé toutes ces connaissances sur toute cette infinité de vies.

Il déchiquette son aile !

Sa main droite est recouverte désormais d’un pelage de plumes beige et suintant d’un sang noir.

Son ancienne unique aile abreuve et empoisonne les roses.

Son dos est luisant de son propre sang carmin.

Le corps de son Oiseau noir est béant d’un trou crachant…



Mais il a recouvré son âme en arrachant ce mal, cette aile. Il s’est libéré.

Il vient de connaître la Renaissance…

Mais quel prix vient-il de payer pour cela ? Un bras gauche habité par le Démon et un cadavre encore fumant d’un Oiseau. Sont-ces des épées de Damoclès, des illusions ou des biens bannis ? A moins que cela ne soit encore autre chose ?

-

A l’autre bout de la vision des deux Oiseaux, là où se trouve cette petite cabane, un vieil homme se réveille. De la bave le relie encore avec sa table. En-dessous de ces épais sourcils grisâtres, une lueur vient de renaître. Celle de la créativité. Il le ressent avec grande violence dans son corps. Tout ce qu’il a créer avant n’était rien en comparaison de ce qu’il va créer aujourd’hui. Toutes ces créations passées n’ont servis que d’entraînements et de cobayes avant de pouvoir travailler sur cette perle unique, une œuvre qui restera à jamais dans l’antimonde.

Il se relève brutalement. La bretelle de sa vieille salopette glisse. Il ne la remarque même pas et commence à fourrer des outils dans ses poches : du fil, des morceaux de bois, une lime, une scie, un œil, une pelote de laine, quelques agrafes et encore bien d’autres choses. Tout cela ne servira qu’à préparer le début du travail. De la rafistolation avant que ne vienne la Grande Opération. Une phase de travail afin de faire survivre la Matière.

Derrière le corps vieilli s’affolant à prendre tout ce dont il a besoin, des dizaines de vieilles poupées gisent les unes sur les autres, plus ou moins finies, rafistolées et complètement oubliées.

-

Le temps est au Renouveau, à la Création et aux Changements.
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Hénath Wyrd NØrn

Hénath Wyrd NØrn

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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeMer 10 Aoû - 12:24

La douleur engendrée par le Clown frappe contre sa cage thoracique en un bruit sourd. L’Oiseau sent ses côtes se fissurer. Ses veines se teintent de noir et jurent avec la blancheur de sa peau, comme un poison qui se répand lentement dans son sang et colore d’ombre le sillage de sa Vie. Ses yeux jadis blancs se teintent d’encre tandis que, d’entre ses lèvres, un filet rouge glisse lentement. La douleur galope sous sa peau, effrénée et sa gorge se serre pour ne plus laisser passer l’air. Le Clown est là, dressé devant elle de toute sa hauteur. Son œil injecté de noir vrille vers lui un instant et l’ombre d’un sourire sanglant se dessine sur ses lèvres. Déjà elle peut sentir la chaleur de la Douleur de son bourreau qui lui laboure les chairs de l’intérieur. Il comprend sa demande et, face à ce corps martyr ainsi offert, il plonge ses griffes dans sa cage thoracique à la rencontre du Mal qui est sortit de la naissance de cette aile étrange.

Hénath exulte.

Le craquement de ses côtes qui s’écartent et le doux bruit humide de cette main qui saisit ses poumons se fait caresse à ses sens. La douleur est muette, préférant assaillir le bras du Clown plutôt que de rester dans ce corps trop petit pour elle. Une larme blanche glisse au coin de son œil droit et une ombre de sourire court sur ses lèvres livides. Ecartelé, les muscles se détendent en soubresauts secs et le corps retombe mollement dans l’étreinte de son bourreau.

Sommes nous libres ?

Skuld, nous le sommes je pense bien ! Verdandi ? Verdandiiii ?

Ici.


De la cavité béante, quelque chose semble remuer. Une mélasse noirâtre qui bouge et s’extrait péniblement de sa cage pour glisser dehors. Une seconde puis une troisième. Petit à petit, le contact avec l’air les fait se recroqueviller sur elles même avant de s’allonger. La pluie de cendre les caresses et les teint de gris par endroits. Lentement, elles s’étirent et, comme trois oiseaux sortis d’une mer de goudron. Lourds, ils sont estropiés. L’un a les yeux. L’autre le bec et le dernier, les ailes. Tout trois prennent place à coté du corps d’Hénath et s’agitent. Les cendres révèlent en tombant trois silhouettes quasi invisible qui entourent le Clown.

Regardez comme il est beau… Si Puissant, si Violent.

La douleur ne nous atteindra plus, il la possède en son bras et nous n’avons plus de corps pour la recevoir.


Tu ne réponds plus Verdandi ?

Il est impossible que le Destin ne soit plus.

Et pourtant, nous sommes à nouveau dissociées. Libres.

Et sans corps.


Un léger zéphyr fait frémir les roses empoisonnées, le reste des plumes de l’aile du Clown volètent avant de retomber sur le halo carmin qui peuple le sol là où les deux ont laissé leur sang.

-

La brise vient s’écraser sur l’une des poupées suspendues qui est projetée sur les autres qui balancent là, pendues comme de simples lapins dépecés. Le vent se fait plus fort pour les fracasser les unes contre les autres jusqu’à ce que, à force de ballotter, les cordes qui les retiennent laissent leur tête molle et branlante glisser hors du collet. Lentement, les marionnettes glissent sur le sol comme un soldat à l’agonie cherchant à regagner sa tranchée.Trachée ?

-

Au loin, un bruit de pas qui écrase les roses qui hurlent, muettes, leur souffrance. La cabane est vide, laissée à l’abandon par son habitant qui marche d’un pas rapide vers le cadavre béant. Il le découvre et marque un temps, fasciné par l’horreur créé de la main noire de cet échappé du Cirque macabre des Antimondes. Il sort une aiguille en forme de gros hameçon et y attache du fil grossier. C’est ainsi que le travail commence. De ses deux grandes mains usées par le travail, il se saisit de chaque pan de chair pour le rabattre sur ces côtes à moitiés brisées.

-

Les trois espèces d’oiseaux s’agitent, deux tentent de partir pour recouvrer leur liberté perdue et autrefois prise par leur douce sœur Verdandi. L’œil observe le Clown avant d’être attiré par un mouvement dans le feuillage pourri du champ de rose. Le Bec tente de mordre celui avec les ailes pour se venger d’une si longue captivité tandis qu’il croasse sans cesse. L’œil tente de prévenir son confrère, quelque chose s’approche ! Mais il n’a point de bec pour hurler le danger.

Un cri.

Les deux oiseaux se retrouvent enfermés dans les petites mains des marionnettes qui les serrent un peu fort. Un large sourire est cousu sur leur face dévoile des crocs pointues et rouillées. En un mouvement mécanique, les poupées tournent leur tête vers le Clown et claquent des dents.

-

Le crochet s’enfonce dans la chair et commence à recoudre une partie de la cage thoracique, laissant seulement le haut encore ouvert. Il retire les lianes des veines nécrosées et y place des chaines à la place. L’Oiseau libéré de sa prison mais jamais de ses liens, ses chevilles voient un étau enserrer chacune d’entre elles en un tintement métallique rouillé. Le vieillard se redresse alors et fixe le Clown, sa salopette lui tombant nonchalamment sur l’une de ses hanches.

Il lui tend les outils qu’il possède.

Les poupées ramènent à leur créateur ces deux oiseaux fuyards tandis que l’autre, aveugle et muet, bat des ailes sans vouloir s’envoler. Les deux silhouettes on disparut, piégée entre les mains rugueuses de ces marionnettes tandis que l’autre se glisse près du Clown et se penche pour frôler son oreille de ses lèvres.

Elle tisse la fille du tisserand, et dans sa toile attire toutes les corps errants. Un gloussement. Les poupées resserrent leur étreinte autour du plumage gluant des volatiles. Mais certaines sont jalouses d’avoir été ainsi délaissées. Le vent leur a permit de descendre de leur présentoir et à leur tour, elles rampent sur le sol vers eux, encore trop loin pour être vues mais assez pour pouvoir sentir leur colère.

Comme tu dis, il est temps.
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Le Clown

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Humeur : Ivre de souffrance

[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeSam 13 Aoû - 18:37

La main du Clown se trouvait encore dans le corps de la mourante lorsque la mélasse noire et globuleuse commença à se mouvoir hors du corps. D'abord ce ne fut que jets noirs retombant très lentement sur le sol, éclaboussant les belles et douces roses. Puis, peu à peu, les jets prirent des formes. Elles grossirent en plein vol stationnaire, en une seule position, sans que la terre ne puisse réussir à l'attirer à elle, dans ses bras. Puis, peu à peu, cela prit des traits d'oiseaux. Des plumes goudronnées par-là, un bec de l'autre côté, quelque chose qui ressemble à une pupille par ici. Trois formes au total. Trois formes qui étaient rattachées maintenant à son bras qui clapotaient sans arrêt, comme si la matière même sortait des plus profonds lacs de laves noirs de l'antimonde.

D'autres formes étaient également là. L'instant d'avant, alors que les oiseaux englués prenaient vie dans cet air vicié, des esquisses de silhouettes se dessinèrent, non pas blanchâtres mais d'un beige abîmé. Des cendres se posaient sur leur tête et sur leur épaule. Chacune de ces trois forme avaient la grâce de dames. Elles tournoyaient autour du corps. Elles glissaient sur le sol. Elles vinrent même se coucher à côté du corps ouvert, dernier hommage à ce corps qu'elles connaissaient et qu'elles avaient chéris. Le Clown observait ce ballet fantastique. Quand soudain, ces formes se retrouvèrent sous ses yeux. D'une apparence imperturbable, il attendait la suite de ce spectacle comme l'aurait fait n'importe quel visiteur. Excepté qu'il ne craignait pas d'être choisi pour monter sur scène, pour aider et transcender la composition première. Le vent remua alors. Des sons semblaient vaguement humains. Peut-être même des paroles. Mais il ne pouvait les comprendre. Il n'appartenait pas à ce monde. Il n'avait pas la Langue pour communiquer avec eux. Ressentir. Voilà tout ce qu'il était en mesure de recevoir et non de donner.

Regardez comme il est beau… Si Puissant, si Violent.

Et il sourit.

-

Par terre, entre les roses naissaient une vie. Une petite poupée était ici présente, la tête seulement dépassant. Plus précisement, la tête commençait à dépasser. Le tissu la constituant était coloré d'un mélange de carmins de deux être.

Une naissance dans le sang...

Cette petite poupée était la première qu'il vit. Il se baissa, mit un genou à terre et creusa de sa main droite, celle qui avait servi à déchiqueter son unique aile, autour de ce petite corps fait de tissus et de sang. Il la dégagea doucement et soigneusement. Lorsque ce fut fait, elle tenait dans le creux de sa paume. D'abord, recroquevillé comme elle-même, comme un petit jouet qui ploie à cause du manque de l'armature solide. Puis, lentement, comme si elle se réveillait, elle se redresse sur elle-même. Elle ploie son cou sur la gauche. Attend. Puis sur la droite. Patiente.

Comme si elle se réveillait...

Ce n'était pas une poupée finement ouvragée. Simplement un sac de sable qui avait été scindée en deux par le biais d'une corde bien serrée au niveau du cou pour créer une forme de tête et celle d'un corps grossier. Le haut de sa tête était le haut de ce sac marron. A cela, avait été rajouté des morceaux semblable aux prémices de ce corps. Elles avaient été cousues et les marques étaient bien visibles. Ce n'était donc pas de la grande conception mais le Clown l'aimait. De son œil d'un bleu trop délavé, il la regardait. Et la poupée, de son visage absent, le regardait à son tour.

Et le tissu se déchira lorsqu'une bouche apparut, immense. Le sable tombait sur la paume du Clown. Des crocs menaçant sembler être des obstacles à ce hurlement sauvage, semblable à un félin... et absolument silencieux. C'étaient des canines épaisses, de la forme d'un cône et rouillée. Des dents bien trop grosse pour une si petite chose. En fait, il y avait un problème de dimensions et de réalisme et c'était en ce point que la poupée devenait agressive.

C'est à ce moment que le Clown pensa : mon enfant...notre enfant.

-

Le vieil artisan se retourna alors vers le Clown, du gros fil et un hameçon d'un bleu passé dans les mains. Les deux hommes se regardent longuement alors que la femme, même recousue, continue à perdre son sang par-delà la fente refermée qu'était son torse. Les deux mains du vieillard sont tendus. Tout d'abord, il pense qu'il doit terminer le travail, refermer le haut de son torse parce qu'il est en est la cause. Alors, il pense à se retirer, silencieusement, et à continuer à regarder plus loin hors de la scène et donc hors d'atteinte à toute action. Finalement, cette idée s'écrase sur le sol, s'enfouit et disparaît à jamais dans les limbes de cette mémoire collective et oubliée de l'antimonde.

Des présents. Voilà ce que sont ces objets.
Des artefacts. Voilà ce qu'il représente à ces yeux.

Alors le Clown les accepte, joignant les deux mains. La noire et l'emplumé. Celle qui est enfermé dans la mélasse et celle qui enferme le petit être de tissu et de sable. Et alors quelque chose se produit. La petite poupée commence à chanter, à charmer le fil. De ses dents pointues et rouillées, qui tournent, un son strident en sort et appelle à l'hameçon à se lever. Les mains du vieillard restent comme elles étaient, tendues. Il ne réagit pas plus que cela au phénomène, il paraît blasé. Non. Pas blasé, ennuyé que cette action lui fasse perdre autant de temps. Il voudrait retourner à Son Travail. Celui pour lequel il a passé toute sa vie à s'entraîner.

La pointe de l'hameçon vient perforer la tête de la poupée. Deux giclées de sable s'échappe. Un sable qui n'aurait pas du exister puisqu'il était dans la main du Clown, dans le cœur de ces roses viciées ou encore sur le sol caché. C'était comme si cette petite boule de chiffon était lui-même une porte sur d'autres terres, sur une sable au loin ou encore dans un vieux grenier recelant un millier d'artefacts dont le sable d'Aladin. Quoiqu'il en soit, deux petites particules de Douleur lévitent, se traînent vers ces trous et les emplit. La petite poupée possède désormais la Vue. A la suite de quoi, elle grimpe sur le bras nu du Clown, se redresse de tout son petit corps une fois sur son épaule et observe, non pas le champ de rose mais l'os brisé qui était l'armature de cette aile orpheline. Les dents de la poupée recommence alors à tourner à toute vitesse. Le fil jaillit. L'hameçon cogne violemment l'os, le fragilise et s'y plante. Le fil virevolte dans les airs, comme la danse d'une vieille putain fatiguée et droguée. Il s'y pend, la tête en bas. Alors, un de ces deux nouveaux yeux coule et se dissout, s'évapore dans l'air, le rendant borgne. Le fil, pendant ce temps, arrache une rose de sa terre mère qui vient se planter dans le flanc de la poupée. Alors là, tel Odin, la poupée repose et attend, patiente et apprend. Jusqu'au jour où elle cessera de pendre, reviendra sur l'épaule du Clown et Parlera du Ragnarök.

-

En attendant, une marée de poupée a rampé depuis la cabane de bois, au loin. Tels des soldats lors d'une grande guerre, ils rampent, désespérément, espérant une victoire à laquelle ils ne croient pas. Ils ne savent même pourquoi ils sont là mais ils savent qu'ils doivent s'y rendre, voir ce qui s'y passe.

Les roses, d'apparence si parfaite, avec leur pétale blanche, cachent en dessous, de longues lances épineuses et de multiples fouets à neuf queues qui attrapent, giflent et mettent à mort les pauvres petites poupées. Les poupées de cires. Les poupées à l'effigie de petite fille dans de vieux costumes passés d'époque. Tous ces petits êtres aux yeux vides et effrayant se font dévorer par le démon qui a pris l'apparence de l'ange dévot.

-

Le corps de la demoiselle dans les bras ridés du vieillard. La cabane de bois se rapproche. Les idées s'enchaînent les uns après les autres pour magnifier cet être déjà si beau.

Le Bec, l'Oeil et les Ailes suivent le mouvement, pris au piège dans les bras des poupées, délibérément ou non. Il ne reste plus aucune des sœurs de ces dernière dans les branches qui ont poussées des murs de la cabane.

A l'intérieur existe une petite réserve où traine quelques bibliothèque aux étagères brisées. Dans des bocaux reposent des insectes mutants dans un liquide épais, jaunâtre et globuleux. Dans d'autres, des morceaux de corps plus ou moins humains. Un œil, un cœur, une testicule. Mais le regard ne doit pas se porter par là, il doit se perdre sur le sol poussiéreux et tâché. Là, derrière des planches de bois, repose un coffre. Dans celui-ci repose sur un coussin de soie rouge un bocal particulièrement propre. Dedans repose une pièce rare.

Un cœur d'ange. Un de ces derniers survivants, tombé en disgrâce, devenu fou, pleureur et haineux contre l'humanité. Quelle est exactement l'histoire de ce cœur, de cet ange et de ce vieil artisan ?

Enfin, par terre, et encore dans une vieille boîte rouillé, traînent des rouages, des élastiques encore utilisables. Des morceaux d'anciennes machines, venant peut-être de l'Usine. Celle qui d'après les antilégendes, contiendraient et créeraient les Maux et les Douleurs. Le Centre de l'Antimonde.

-

Repose encore un petit peu mon Oiseau noir,
Le vieil artisan veille sur ton corps comme une relique,
Ses idées incensées, contre mature et magnifique,
Et bientôt, oui très bientôt,
Tu reviendras parmi moi comme un Phénix noir...

Mais chut maintenant... il travaille...
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Hénath Wyrd NØrn

Hénath Wyrd NØrn

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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeMer 24 Aoû - 10:34

Le vide. Un voile flou et blanchâtre couvre ses yeux tandis que les bruits autour de sont que des sons sourds et lourds. Si lourds. Piégé dans le Néant, le Destin est recroquevillé dans une cage aux murs inexistants. L’infini s’étire et ramène celui qui souhaite toucher les limites au point de départ. Le labyrinthe du Minotaure a des murs, lui. Ici il n’y a que le Rien Infini. Son âme se fait légère et balance mollement de droite à gauche. Sa vision est beaucoup plus sombre tandis que le bruit de l’hameçon sur la chair de son corps mort a un bruit de pas dans la boue. Ses jambes baignent dans une espèce de marée d’insectes grouillants et gluants, entravant ses pas.

Est-ce cela, la Mort ?

-

Dans l’ombre de la cabane, le vieillard craque une allumette qu’il jette dans l’âtre noir, couvert de suie qui n’a plus servit depuis une éternité. Le bruit des flammes qui claquent contre le mur donne à ce cabanon miteux les allures d’une usine morbide. Autour de lui, le Clown et ses petites poupées, œuvres crées de ses mains sans grandes passion. Elles tiennent les oiseaux de mélasse, un large sourire scarifié sur leur visage. L’homme se saisit des volatiles et les jette dans le chaudron au dessus du feu. Alors retentissent des cris qui parviennent à peine à percer la barrière entre l’invisible et le monde matériel. Les âmes n’existent plus à part, les trois fondent pour se mêler en une seule et même mare noire qui bouillonne doucement dans la fonte.

Liées à jamais.

Les poupées dociles avancent de leur pas chancelant vers le dehors pour extirper aux épines acérées des roses les corps déchiquetés de leurs sœurs. La toile, la paille et le fil, des morceaux de tissus qui formaient des vêtements. Elles marchent en sautant d’un pied sur l’autre, n’ayant point d’articulation pour ployer et avancer de façon fluide. Que de défauts. Mais cette œuvre là sera celle de Pygmalion. Les marionnettes jettent le reste de leurs consœurs dans les flammes brûlantes qui lèchent ardemment les pierres de l’âtre. La chaleur devient lourde, insupportable.

Le corps de l’Oiseau de Malheur est retourné, son dos et ses plaies examinées. Un scalpel rouiller vient faire la liaison entre les deux trous, du haut de l’omoplate à la naissance des reins à droite, puis à gauche. Parfaitement parallèles. Il n’y a plus de sang dans ce corps décharné, seulement un vide qui semble tendre vers l’infini - Ne l’avons-nous point déjà vu ? - un trou noir qui ne recèle rien d’autre que le Néant.

Se sentir si vide, si froide. Incapable d’ouvrir les yeux pour voir cette petite chose pendue à ton dos, ce sac de sable animé désormais suspendu, ballottant au rythme de tes pas. Un enfant que je ne saurais voir.

Pas encore. Le vieil homme s’éloigne et fouille dans les méandres de son bordel artistique, il envoie valser des planches en bois, des cages à oiseaux aux barreaux rouillés, des outils et des milliers de d’autres choses qui peuvent mourir là, pendant des années, dans un coin. Finalement, sous ce tas d’immondices, se dressent deux plaques de métal travaillées. L’homme revient avec ces pièces bien plus grandes que lui, luisantes de poussière, et, prenant un élan avec ses bras, plante la première dans la plaie en un bruit métallique mêlé à celui d’os qui se rompt. Il frappe encore et s’acharne jusqu’à ce que l’embout de métal disparaisse sous la chair et fait de même avec l’autre plaque.

Un fou qui tente de tuer un animal en l’éclatant contre un rocher. Des ailes d’acier. L’homme les articules alors pour amollir la chair autour et retourne enfin le Corps tandis que le chaudron se fait sifflant. Encore un peu de patience. Les poupées se saisissent de la fonte fumante et versent dans la cage thoracique vide et béante ce qu’il reste des Oiseaux. Le liquide se répand comme de l’huile bouillante qui glisse dans les membres. Sans huile, aucune machine ne s’éveille. Pendant ce temps, le vieil homme soulève le coussin rouge où repose le cœur et dévoile en dessous, à l’identique, un cœur de cuivre. Doucement, il l’ouvre en deux, sépare le haut du bas comme on ouvre un écrin délicat. Un coup de scalpel, vif et précis. L’organe se fend en deux comme son jumeau. Du fil de cuivre, une aiguille, quelques rouages. Le haut du cœur est lié au bas de cuivre, quelques rouages fins et étroits les reliant l’un à l’autre. Une légère pression et…

Toc..toc…toc…toc…

Semblable à une horloge savamment assemblée, le cœur bat au rythme de sa machinerie qui bouge comme un automate. Lentement, les mains ridées déposent au milieu de l’huile encore chaude ce nouveau morceau de cœur battant. Ses doigts se saisissent des pans de chair et il referme la cage thoracique.

« Donne. Maintenant. »

L’une des poupées près du feu saisit un tison ardent pour le tendre à son maître. Il s’en saisit et applique l’acier incandescent sur la chair pour cautériser les plaies. Le bruit de chair qui fond et soudain La Douleur.

Le corps jusqu’alors immobile se tend, cambré, torse bombé en avant comme après une décharge électrique. L’Oiseau bondit en avant et se redresse, accroupit sur la table. Son souffle s’enfouit à nouveau dans ses poumons, la poussière et les cendres présentes sur sa peau volètent et les yeux blancs voilés deviennent luisant. Luisant de douleur et de haine. Hénath attrape le tison à main nu, sentant le contact de la chaleur au creux de sa paume qui lui laisse une marque rougeoyante. Un coup, un seul. L’homme est à terre inconscient.

Tu ne sais, tu ne sais pas ce que tu as fais Vieillard ! Qu’est ce ? Que suis-je ?

L’âme prend possession du corps et le redécouvre, totalement transformé. Dans son dos, sa chair tire. Les ailes d’acier son reliées à deux roues d’horloge qui pénètre ses omoplates et qui, soudain, se mettent à tourner de façon saccadées, arrachant à la créature un léger hurlement. Les ailes bougent selon sa volonté au prix d’une douleur atroce. Les rouages sortent de la chair d’un cran à la fois et y rentre aussitôt. Sur son torse, une cicatrice en forme de croix trouve son intersection au milieu de sa poitrine. Ses sens reviennent à sa conscience au galop. La chaleur trop forte des lieux, la douleur cuisante sur son torse et dans son dos, le bruit de ce « toc toc toc toc » dans sa poitrine. Et un souffle.

Hénath fait volte face et trouve là un Ecorché. Dans son dos pend une petite poupée, son bras est noir et comme calciné. La Bête de souffrance le fixe et s’approche doucement, sauvage et animé par des instincts primaires qui ne lui appartiennent pas. Les Anges tombés sur l’Antimonde chassent les écorchés dit-on. Et elle, qu’est elle devenu ? Un reste de cadavre, un ange crée de toute pièce ? Un Monstre.

Ses ailes acérés envoient valser et déchirent les poupées qui ont participés à sa renaissance, croyant y voir une sœur, elles trouvent le tranchant et leur ventre s’ouvre d’un sourire béant, dégoulinant de sable, de mousse et de paille. De pauvres petites choses….

« Il existe des êtres disparus qui n’auraient peut être jamais dû être ramenés à la vie. »

La peau de l’Oiseau trésaille de douleur, l’écho de ses brûlures, de ces rouages qui passent sous sa chair d’un « clock clock » presque trop apaisant. D’un geste brusque, la main barrée d’une plaie rougeoyante saisit la gorge du Clown tandis que le visage de la suppliciée se rapproche du sien.

Il sourit l’enfant du Macabre. N’es-tu point le genre d’Ecorché qui se repaît de la souffrance ? Vampire sanguin, ouvre la bouche que Je puisse te donner toute celle qui déchire mon corps et mon âme.

A l’intérieur de son corps, le cœur, mi organe mi cuivre, continue de battre grâce à sa mécanique complexe. Un réel travail d’horloger. Les Norn sont toujours là mais la douleur de leur fusion bat dans les tempes du corps réveillé. De l’huile, elles sont devenues de l’huile pour animer la machine horrible qui se dresse là. Du sang peut être. La pression de ses doigts se resserre autour de la gorge, ils peuvent sentir le sang qui pulse dans ses veines. La Douce Créature, la martyre, désormais animée par des envies morbides et violentes. Ses yeux dévisagent ce rictus qui barre le visage du Clown et ne semblent reconnaître celui qui avait partagé une vision du futur ensemble. La mécanique est en marche mais point à l’heure, perdue dans le temps et la violence.

La Créature ferme les yeux et concentre la douleur de son être tout entier dans la paume de sa main serrée contre la chair chaude du Clown pour la déverser dans sa gorge qui n’attend que de goûter le sang des suppliciés, comme un Oiseau attend, bec ouvert, que quelqu’un daigne y glisser de quoi se repaître.

Car n’est-ce point cela, ta nature ?

L’autre moitié du cœur repose sur la table, liée à jamais à cette pièce de cuivre qui le complète. Un écho, léger. Il semble battre lentement, comme un poisson qui tente de respirer hors de l’eau, comme un appel muet à la survie adressé à tous ses frères qui doivent joncher l’Antimonde.

Et s’ils se réveillaient enfin, les Anges Oubliés ?
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Le Clown

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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeJeu 25 Aoû - 21:14

La moitié du cœur posé sur la table bat encore. Déversant son sang inlassablement, provenant de contrées inconnues. Le Clown écoute ce que le cœur lui dit alors que la main d'Hénath enserre sa gorge. Quelques longues secondes ont le temps de s'étirer avant que l'oeil unique du Clown daigne regarder la cause des douleurs dans son cou. Le bleu délavé va plonger dans les deux yeux revenants de la femme. Il la regarde, conservant son masque d'indifférence. La douleur est un nectar en ce monde, et celui qu'il goûte est l'hydromel de la Psyché. Cette femme qu'il considère comme sa moitié noire, son Oiseau noir, vient de vivre et vit encore une expérience qu'il se souvient avoir appris avant même qu'il ne se produise. Alors qu'il était debout, des morceaux de chairs couvrant ses globes oculaires, il l'avait vu, allongé sur une vieille table, la face pendante dans le vide, un œil vitreux et l'autre luisant de haine et d'autres sentiments. Il se souvient avoir vu les poupées gisant là, dans les moutons de poussières et les miettes de Destin éparpiller sur le sol. Il se souvient encore de l'ombre d'un vieil homme et d'un grand sentiment de joie à l'autre bout de la pièce.

Et ceci n'est qu'une image parmi les nombreuses qu'il a vu et qu'il commence à se souvenir. La grande histoire, le passé morbide de cet (anti)monde remonte des affres des grottes de l'oubli pour se figer dans sa tête, se coller à ses rétines et se superposer à la situation actuelle, celle que son corps physique endure. C'est de par ce fait qu'il peut mieux afficher ce masque d'indifférence. Car ses émotions ne sont pas à l'endroit où il devrait être comme la plupart de ses déchets humains. Ils sont ailleurs pour l'instant, voyageant dans des images de futur, de paysages industrialisés et de souvenirs des premiers débuts.

Alors, doucement, son œil délavé se plonge dans le regard de la femme. Il attend et patiente. Il savoure ce moment, cette pression sur son cou, sa conscience commencer à faiblir et à lâcher prise. Cette douleur, cet essoufflement lui procure une joie sexuelle perverse. Les émotions qui étaient avant ailleurs viennent habiter ce sourire sur sa face. Un sourire caché derrière ce masque qu'il arbore depuis qu'elle est avec lui. Bientôt il l'enlèvera. Comme les serpents, il perdra sa peau et en acquerra une nouvelle, plus magnifique que la précédente.

Puis son œil délavé recherche le corps de l'artisan. Les dimensions petitesses de la pièce allié au corps et au bras de la femme, sans oublier ses grandes ailes de métal, offre de nombreux angles morts. Pourtant, il le voit. Il se relève. Le vieil artisan semble répondre à ses pensées, aux plans qu'ils concoctent, qu'il a déjà concocté et qui évolueront d'une manière complètement imprévisibles par la suite. Le vieil homme laisse échapper un cri de douleur lorsqu'il touche de sa main d'artiste la cause de la Douleur. Pourtant, lorsqu'il regarde la Poupée, son œuvre, il n'y a aucune haine, aucune rancune. Juste de l'admiration. Une moitié d'admiration car il comprend que là n'est pas l’œuvre pour laquelle il a travaillé toutes ses années. Ceci n'est qu'une partie. Il lui reste encore au moins la moitié du chemin à parcourir avant de pouvoir se laisser choir sur sa chaise à bascule, et mourir de déshydratation et du sentiment accompli.

Il réajuste la bretelle de sa salopette et vient se figer près des deux Oiseaux. Il ne fait rien pour arrêter la Poupée ni pour commencer cette Autre. Comme le Clown, il attend et patiente. Il attend et patiente que son tour vienne. Tout n'est qu'une grande pièce de théâtre où les comédiens entrent en scène en temps et lieu voulu, prédéterminé longtemps à l'avance.

Mais par qui ?...

L’œil du Clown vient se replonger dans le regard d'Hénath et alors, il commence à lui parler. De sa voix écaillé, semblable aux rocs qui se désagrègent et vent qui s'engouffre et se perd dans les sombres interstices de cet (anti)monde.

Il y a un temps pour chaque douleur chère Oiseau. Et celui que tu viens de m'offrir, ô combien délectable doit prendre fin.

Je comprend que tu ne veuilles pas me lâcher. Tu as tes raisons qui ne t'appartiennent pas, ou alors de moitié. Mais il faut que tu relâches cette pression.


Il sembla au Clown que la main retira un peu de cette douleur, puis augmenta de nouveau, plus fort qu'auparavant. Peut-être était-ce juste sa glotte qui venait de tressauter ?

Je sens l'Ange en toi. Cet Ange te commande, sournoisement j'en suis sur, de me faire souffrir d'abord et de m'achever comme une loque ensuite. Effectivement, en cet anti-monde, il existe deux catégories d'hommes et de femmes. D'un côté les Anges déchus, guerriers damnés et suicidaires, et de l'autre, les Écorchés. Ces hommes et ces femmes imparfaits. Ces êtres bien plus jeunes que vous. Mais des êtres connaissant la liberté. Rien ne les contraint. Et ceci est une cause de votre rage.

Une raison au génocide.


Le bras qui était noir et clapotant se releva lentement jusqu'à hauteur des yeux de cette femme à la peau souillé et suintante de liquides séchés.

Pourtant, en cet anti-monde, les paradoxes sont courantes, usuelles et égayantes. Vois-tu, ce bras, en plus de posséder des capacités qui se révèleront dans l'avenir, est une partie du Wyrd. Le Destin clapote à mon bras pendant que le tien traverse et s'écoule de tes veines, fuyant de toute part et éclaboussant chacun des organes constituant le corps délicat et presque transparent de ton corps.

Là ne s'arrête pas les paradoxes, car, et c'est ce que je trouve le plus merveilleux et le plus risible de cette histoire...

Sans raison aucune, le Clown se tut, son œil sembla partir. Littéralement. En même temps que son âme et sa respiration. Puis il reprit le flux de ses mots.

… tu es une partie d'Ange dans une partie de corps d'Ecorché. Ta nature belliqueuse et aggressive t'a poussé à t'attaquer à l'Ecorché que je suis, pourtant, et laisse m'en croire les faits, tu es une parfaite idiote qui n'aboutira à rien. Aucun plan destructeur ne peut naître de ce que tu pourrais appeler cervelle.

Au milieu de cette dernière partie de monologue, le ton du Clown se transforma. Un vent glacial prit consistance. Le froid de la mort et de la domination était collé à chacun de ses mots. Plus ces derniers s'écoulaient comme le miel, plus la température baissait. A la fin, c'était une haine froide et particulièrement réfléchi qui ponctuait ces derniers mots. L'hybride qui retenait le Clown n'était plus en position de force. Cette main accrocher à son cou était devenu une nouvelle chaîne. Ceux à ces chevilles et ses poignets ne suffisaient plus. Elles étaient étirés et alourdies de toute part.

Car tu es Ecorché. Tu es ce que tu détestes. Tu devrais lacérer ce corps. Le violer. Le réduire en poudres et le garder dans un de ces bocaux suintant d'un liquide solide qui repose sur cette étagère à côté de testicules d'hommes et de pattes de criquets et hiboux.

Le Clown était un maître de jeu. Il était ce spectateur qui instille son poison de par ses mots et détruit une psyché tourmentée et innocente. Pour tout état de fait, il n'avait qu'à lever un bras couvert d'une mélasse clapotante et ridicule. Aucune violence physique. Rien que des mots...

L'oeil délavé du Clown se tourna dans orbite vers l'artisan.

Vieil homme, il est l'heure pour toi de parachever ton œuvre. Ensuite, tu pourras partir, non pas en paix, mais le sentiment accompli d'avoir fait quelque chose de ta vie.

Le maître des poupées acquiesçât.
La main du Destin se desserra.

Le corps du Clown fit trois pas. Trois pas qui le placèrent entre la femme et la table où elle avait été rafistolé. Les deux visages étaient à l'opposé, rien ne les mettait en contact et pourtant, le Clown lui parla une dernière fois, d'esprit à esprit, comme il le faisait dans les débuts.

Souhaites-tu m'ouvrir le torse ?

-

Ensuite, la nature du Clown se modifia. Progressivement. D'abord, le torse ouvert, le vieil homme ne put que constater.

Cet homme n'a pas de cœur !

En réalité, il était minuscule. Il aurait presque pu tenir dans le creux de la main d'Hénath, les doigts repliés. Il était minuscule et noir. Les battements étaient très espacés les uns des autres. Un calme sadique. Une complète maîtrise de soi. D'une pince rouillée au bout aussi étincelante que possible, le vieil homme retira d'un cou sec le cœur du Clown.

Alors ce dernier mourut.

Le petit cœur fut introduit dans la moitié battante du cœur de l'Ange damné. Mais cela ne suffisait pas. L'artiste ne pouvait introduire une moitié de cœur dans un organisme alors, affolé, il projeta son tabouret de bois et se rua vers ses étagères. De son index tremblotant, il passait en revue tout ce qu'il possédait. Mais rien ne lui convenait. Il devait trouver quelque chose qui permettrait de pallier à ce manque. Et urgemment !

Il s'empara donc d'une vieille cage d'oiseau, de quelques câbles provenant à coup sur de l'Usine et se remit au travail. Il planta les câbles dans le cœur, sauvagement, une frénésie créatrice s'emparait de son âme enfiévré. A cela, il tordit et défonça les barreaux de la cage et en créa une nouvelle au tour et dans la moitié de cœur qui en abritait un plus petit. Puis, il jeta ce cœur nouveau dans le torse ouvert du défunt Clown.

Et maintenant ? Maintenant que devait-il faire ? Vite ! Réfléchir !!!

Son visage se tourna si brusquement qu'il manqua se tuer. Ses yeux allaient d'un coin à un autre. Il cherchait l'inspiration. Il se laissait gagner par les pensées mauvaises exhibitionnismes du Clown. Voilà ! Ces morceaux de ferrailles ! Ce chaudron ! Cette paire de pince ! Cette toile d'Arachné, cette vieille araignée, aussi vieille que la Psyché disait-on, qui avait l'apparence d'une vieille grand-mère !

Il se releva encore une fois aussi sec qu'avant, il jeta au loin le chaudron, le contenu qui avait servi à mélanger et à fusionner les trois parties des Nonnes se déversa sur le sol, noyant les poupées rescapés des ailes nouvelles d'Hénath, et engloutissant les autres sous cette marée noire. Son coup de poing brisa quelques planches de sa cabane, qu'il jeta dans le feu. La douleur était absente de son corps. Ses cheveux, longs, hirsutes, étaient semblables à ceux des animaux les plus sauvages. Ce que les oiseaux n'avaient vu au premier coup d’œil, c'est que le vieil homme étaient très poilus, ses ongles étaient longs et carrés. C'était un artiste berserker ! La passion l'emportait sur son corps et organisme.

Les morceaux de métaux étaient orange, voir presque blanche par endroit, alors, muni de ses deux pinces, il les tordit une première fois au-dessus du feu, les posa sur le corps du Clown, près et dans son torse. De la fumée monta. Malgré l'ouverture causé par les coups de poing de l'artiste berserker, elle restait, elle enfumait la pièce. De grosses gouttes dégoulinaient du front du vieil homme et de l'oeil du Clown. Il tordit à nouveau les morceaux de métaux pour que le torse reste éternellement ouvert, pour qu'il épouse la forme de son torse et qu'il soit prêt à épouser celui de son dos. Quand cela fut fait, il raccommode une toile d'arachné et la posa sur le trou béant de son torse. Cela servirait de protection contre toutes les pollutions de cet (anti)monde et permettrait de voir le cœur vivre et battre à travers ce voile.

Il jeta ensuite un seau d'eau sur le corps, afin de renforcer les morceaux de fers afin de le retourner. Maintenant qu'il avait une partie d'un Ange en lui, il lui fallait des ailes. Les ailes étaient la marque des anges, elles étaient le don des anges à tous ces animaux et créatures qui pouvaient s'extraire de la puissance amoureuse du sol.

Pourtant, il ne pouvait pas lui introduire deux ailes métalliques comme la femme. C'aurait été faire deux fois la même chose et cela, il ne pouvait l'accepter. Pourtant, les ailes qu'il possédait n'était pas faite pour un homme. Il en avait de libellule, de mouches, quelques plumes de manticores ou encore des restes d'armature de celle d'un ancien ange. Mais rien ne convenait à l'esprit berserk du vieil homme. Puis, au fur et à mesure que le temps passait, les rides se creusaient davantage sur sa peau, les os se faisaient plus saillants. Il mourrait à vu d'oeil nu.

C'est alors qu'il eut une idée. Il s'empara d'un bocal où reposait dedans deux simples graines et d'un pieu. A l'aide du pieu il perça deux trous en dessous des omoplates du feu Clown. Ses mains tremblaient maintenant à la puissance d'un séisme de haute magnitude. Le deuxième trou fut un massacre et le dos du Clown un déchet. Mais il n'était pas fini. Il devait encore faire quelques efforts. Il s'empara d'une graine, maîtrisa au maximum son corps et parvint, par des voies impénétrables à la glisser dans le trou.

Ce qui marqua son dernier fait sur cette morbide. Sa face tomba sèchement sur le dos surchauffé du Clown par les morceaux de métaux qui entouraient maintenant son corps. Une unique larme, dernière trace d'humidité de son corps glissa dans le trou causé par l'épieu et vint abreuvoir la graine. Alors, une petite pousse en sortit, elle combla le trou, stoppa l'hémorragie, s'en délecta et s'accrocha timidement au morceau de fer. Puis elle s'arrête de grandir pour le moment.

Il restait encore une graine.
Il y avait encore un trou moche et béant.



Il y avait un Clown mort sur une table dans une cabane détruite par son feu habitant, consumé par sa passion créatrices.
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Hénath Wyrd NØrn

Hénath Wyrd NØrn

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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeMer 31 Aoû - 16:48

Les battements de son cœur témoignent de la vie qui est revenue en elle, violente et cuisante. Chaque minute, les rouages de son dos tournent d’un cran * klock *. Le bruit d’un os qui se brise, une épaule qui se déboite. Au creux de sa main, la gorge du Clown palpite, le sang pulse dans ses veines alors qu’elle les entraves. Cette sensation. Oh comment te décrire ? La chaleur de cette peau qui réchauffe ma paume, la pression qui tend les muscles de mes doigts jusqu’à endormir mon bras d’effort. Je ne sens plus la douleur qui glisse le long de mes ongles enfoncés dans ta chair. La palpitation de ta vie, ton pouls. Les vibrations de tes cordes vocales. Je suis sure que j’aurai pu, oui j’aurai pu ouvrir ta gorge de mes dents pour les extraire et les faire vibrer entre mes doigts. Un petit rire dément. C’est ainsi qu’est Hénath ? Un hybride, ange barbare mêlé à un Oiseau de Malheur qui porte la misère du monde dans sa chair.

Compenser. La douleur des autres pour celle qu’elle endure, leur offrir et partager cette sensation effroyable et brûlante. Pourtant Hénath n’est pas seule. Sous sa peau diaphane, presque transparente, ses veines noires pulsent. Le Styx et ses eaux noires se déploient et saillent sur ses avants bras. Il n’y a plus d’harmonie, la beauté et la blancheur de la neige est entravée par la boue noire de la renaissance, de la douleur. Les mots du Clown résonnent, dans son esprit et sur les os de sa main qui l’enserrent. Quel bonheur, tu sais, de te sentir partir entre mes doigts.

Mais les mots font écho à quelque chose qui bouillonne sous cette plaie vivante.

Et ta voix ainsi prononcé nous éveille ainsi mêlées. Et le Wyrd te répond alors que la main se desserre. Je me souviens de toi, enfant du Macabre.

Le corps de l’hybride est prit d’un spasme. Celui qui annonce la nausée. Celle d’être un Ecorché et point un Ange dans sa perfection même. Un relent de dégoût envers soi même. Hénath peut sentir le Wyrd qui glisse entre ses veines. Ses ongles tentent de le gratter à travers sa chair pour l’en extraire sans résultats. Le travail du vieillard, la cautérisation ont rendu sa peau bien trop dure, celle d’un cadavre gelé par la mort. Les chaînes tirent sur ses poignets et ses chevilles, comme alourdies par le poids de la vérité. Une condamnation à n’être qu’un mélange d’une chose et d’une autre. Le Wyrd s’oppose à l’Ange. Le sang contre le cœur. L’absence de l’un des deux compromettrait l’existence toute entière pour l’Oiseau.

Mais pour être Oiseau, il faut des ailes. Seul l’Ange peut voler.

Son âme s’éveille à l’unisson à cette phrase du Clown qui résonne dans sa tête. La pulsion angélique envoi de plein fouet la main fine dans la poitrine de son compagnon. L’odeur du sang, le bruit des os qui se brisent, la chaire qui s’écarte. La chaleur autour de son poignet. Le corps tombe sur la table et le vieil homme contemple le trou fait par la main du Destin. Ses yeux à elle observe ses doigts couverts de sang, gluants et rouges. Une vibration la pousse a ouvrir la main et dévoiler entre ses doigts écartés une petite chose atrophiée qui palpite à peine au creux de sa paume.

« Il n’a pas de cœur ! »

Et l’homme extrait cette petite chose de la poitrine du Clown. Hénath fronce les sourcils, apercevant l’organe piégé dans la pince du vieillard et reporte son attention sur sa main. Vide. Point de cœur. Il n’y en a jamais eu, seul du sang qui colore sa peau livide, s’écoule le long de son poignet et sur les chaines qui l’ornent. Prit d’un tressautement, le corps semble reprendre conscience et sort de sa contemplation. Un mouvement fluide, semblable à un félin ou un varan, elle se hisse sur l’une des poutres qui retient le toit pour se percher juste au dessus de la table. Le plafond est haut, ses chaines pendent non loin de la tête de l’artisan et là, ayant vu sur toute la cabane et le corps de son défunt compagnon, l’hybride observe.

Les rouages dans ses omoplates ont un léger bruit apaisant, semblable au doux balancement des horloges. Pour elle, ce n’est que supplices mais son âme est trop embrumée pour ressentir l’aiguë douleur qui traverse son dos à chaque fois. Le bruit du métal qui se tords, cette cage à oiseaux défoncée, a quelque chose d’irritant. Comme lorsqu’on étouffe, trop agacé par un bruit. Oppressés. L’Hybride ne parvient à se faire à son nouveau corps, sa nouvelle conscience scindée entre deux instincts. Ainsi perché, c’est un animal qui guette quelque chose. Genoux relevés, mains agrippant la poutre entre ses deux jambes. Accroupie et penchée en avant, elle hume la fumée provoquée par la chair brûlée et le fer chauffé à blanc. Un sifflement lorsque le métal entre en contact avec la peau. L’Odeur est délicieuse.

Et l’Ange, sur les cieux perchés, De part sa haine des hommes, se tient éloigné. Il y a en Nous ce petit quelque chose qui, tel en rempart de métal, laisse la douleur à distance. Nous ne ressentons point la douleur de cet homme qui meurt à vu d’œil. L’Ange nous haïe et nous protège de ses ailes.
Plus je te regarde, plus je te reconnais enfant Morbide. N’entends-tu pas le Cirque qui t’appel ? Bête de scène, le cœur battant derrière ce voile blanc.

L’évocation de cette image en son esprit lui vaut un coup étrange dans le ventre. Sa main s’y porte immédiatement et retire du nombril un fil. Un vieux fil blanc tout effiloché. Elle l’extrait lentement jusqu’à ce qu’elle puisse l’apercevoir dans toute sa longueur.

Un ricanement.

Pauvre, pauvre petit écorché. Que ta vie a bien été effilochée. Le fil est blanchâtre, très vieux. Les fibres se creusent à mesure que l’homme travaille. Le sceau d’eau annihile la fumée et fait disparaître l’odeur de chair brûlée. Un petit grognement, digne d’un feulement, roule dans la gorge de l’hybride. Une légère saveur règne encore vers le plafond où elle est perchée. Ses mains s’entourent à chaque extrémité du fil et tirent pour tendre le tout, elles tirent fort. Quelques fibres lâchent et claquent, comme une vieille corde soutenant depuis trop longtemps le mât d’un navire. Le fil de vie du vieillard se désagrège entre les mains de l’hybride qui observe de son œil blanc et brillant le tout s’effilocher. Les rouages de son dos craquent toujours quand un craquement plus rude retentit. Son aile d’acier vient de trancher la petite corde qui retombe mollement dans les mains ouvertes de la créature.

Le regard de la Chose se pose alors en dessous d’elle. Sur le dos du Clown repose le cadavre du vieillard tout rabougri, maigre, creusé, comme momifié. La seule goutte d’eau de son corps est venue trouver la graine dont jaillit un germe.

Et puis le Silence.

Seule la respiration de l’Hybride et le crépitement des flammes s’élèvent dans la cabane à moitié saccagée. La Créature descend de son perchoir, semblable à un lézard collé au mur. A quatre pattes, elle glisse – avec trop de fluidité pour un bipède - vers les deux cadavres. Elle saisit la dernière graine restante entre son pouce et son index pour la contempler un instant. Si ronde. Si parfaite.

Du bout de l’ongle, elle l’introduit dans l’orifice creusé par le pieu. Le sang du Clown la recouvre tandis que les mains d’Hénath compressent la chair autour de ce petit noyau. Son épaule heurte le vieillard qui tombe alors en poussière, comme si son corps attendait depuis des années qu’il meurt, qu’il attendait de pouvoir tomber en poussière d’avoir été trop sollicité dans la Non vie. Mains jointes, l’Hybride recueille la cendre grise de l’homme et l’introduit dans la plaie jusqu’à recouvrir le trou entièrement.

Des Cendres renaît la Vraie Nature de chaque chose. Un peu de Cendre et de sang offert par l’Oiseau de Malheur.

Elle retourne le cadavre pour dévoiler devant elle la face livide du Clown.

Tic tac, tic tac, tic tac

Hénath colle son oreille non loin du cœur et cogne de l’ongle de son index les armatures en fer soudée à la chair. Elle frappe en rythme pour faire vibrer la toile d’Arachnée qui laisse deviner la silhouette du cœur qui, emporté par la musique du tic tac, le Temps mêlé au Destin, se met à battre à l’unissons. De sa main libre, l’Oiseau recouvre les yeux du Clown des cendres de leur créateur de corps.

Tic tac clock, tic tac clock

Destin Funeste, l’heure est venue.
Que sonne le Glas de ton Eveil et du Retour des Anges sur l’(Anti)Monde.

Allons Manger.

Ses ailes frappent le rythme de son cœur comme un tambour de guerre qui s’élève au loin pour appeler la bataille. Un battement qui l’appelle du monde des Morts pour revenir vers celui des Non Vivants.


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Le Clown

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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
MessageSujet: Re: [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses...   [Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... Icon_minitimeSam 3 Sep - 12:18

A peine le cœur a-t-il commencé à battre que le Clown reprendre vie, que le Clown comprend qu'il est de nouveau parmi les vivants, dans ce corps nouveau. Pourtant, il ne ressent pas ce nouveau cœur comme un dilemme, une transformation ou diminution de sa psyché. Non, il le perçoit comme de nouveaux sentiments propre à ce monde : haine, sadisme, joie noire. Ses buts sont toujours les mêmes : chasser les proies affaiblies, jouer avec elle, psychiquement principalement et physiquement pour le sens du spectacle et l'esthétisme de la torture.

Des pensées viennent se bousculer dans sa tête, des idées noires cherchent à prendre place dans les priorités, des nouveaux scénarios prennent vie, se transforment, laissent place à l'indicible et à l'étonnant. Le résultat de ces pensées ? Prendre la vie des Écorchés. Mais aussi celle des Anges ! Le Clown a beau avoir assimilé une partie de cœur d'un Ange, il ne se sent pas Ange forcément. Comme il ne s'est jamais senti Écorché. Lorsqu'il se conçoit lui-même, il se voit comme une créature évoluant entre le vide abyssal entre les deux falaises où, d'un côté se trouve les proies, ceux qui souffrent physiquement, et de l'autre, les chasseurs, ceux qui souffrent psychiquement. Lui, évolue de son plein gré sur ce mince fil, jouant à l'équilibriste, venant glisser quelques mots à l'oreille des chasseurs, réveillant leur haine, ou alors, incitant la peur à devenir une fourche et a percé la peau blafarde des anciens de Lui.

Sa main se pose alors sur la cendre étalée sur ses yeux. D'un doigt longiligne, il écarte et forme des tranchées de reste du corps du vieillard qui lui a donné ce nouveau corps souffrant. Sa main recherche alors un morceau de tissus. Il souhaite bander ces yeux. Un désir. Une pulsion qui s'expliquera de par elle-même dans un futur plus ou moins proche. Étalé de tout son long sur le sol, en-dessous de la table d'opération, se trouve une poupée. Une de ces effrayantes poupées aux yeux noirs et immobiles, à la robe d'époque victorienne avec toutes ces broderies blanches. La main noir, recouverte encore du bouillon clapotant, s'empare d'un morceau et tire assez fort pour que le tissu, fragilisé par la violence des coups des ailes de sa compagne, se déchire et forme un long et large morceau qu'il attache très serré autour de son crâne.

Sa main s'approche de la toile d'Arachné, il la sent battre au rythme des pulsations du cœur de l'Ange, parasité par la noirceur de l'âme du Clown. Le cœur, autrefois pur d'une haine dirigée, est maintenu parcouru par quelques minimes veines noirs et quelques larves de la même couleur traînant leur petite et lourde carcasse sur l'organe palpitant. Ces petits animaux, crées de l'alchimie entre les deux cœurs, sont l'intermédiaire qui s'efforce de nettoyer et ronger les plaies. Ils nettoient, se nourrissent et s'occupent à faire survivre ce corps.

Les jambes, maigres, un petit peu poilus glissent d'un seul mouvement, flottant au-dessus du vide un instant, puis, s'écrase sur le sol, assistant le Clown sur sa position de bipède. Et c'est désormais dans un monde noir qu'il évolue. Des ténèbres éternelles. Il est aveugle et se l'est infligé à lui-même. Ses mains, peu sures de ce qu'elles font, essayent de repérer les obstacles. Son ouïe, essaient de comprendre la dimension et la profondeur de son environnement. Mais rien n'est simple lorsque le regard a été, pendant une grande partie de sa vie et (anti)vie, le moyen principal de reconnaissance. Alors, à cette pensée, il s'effraie. S'il ne peut plus voir ? Comment fera-t-il pour prendre conscience des rictus de délire de ces patients ? Comment fera-t-il pour observer les rides de supplice et de pitié sur les faces autrefois bienveillantes de ces chères putes des usines d'où sortent tous les maux ?

Il halete. Sa poitrine se compresse. Il ressent les lourdes barres de fer emprisonnant son corps sur toute sa circonférence au niveau de sa poitrine.

Qu'a fait ce fou d'artisan ?!

Son cœur bat deux fois plus vite qu'à son réveil. Trois fois maintenant. Les larves noires et minuscules sont déboussolés, elles n'ont jamais parcourues l'organe vicié aussi rapidement. Leur salive recouvre le corps en peu de temps. Le cœur brille à la lumière blafarde provenant d'une petite fenêtre et du trou provoqué par un poing dans les lattes de bois de la petite cabane. Le sang est propulsé à des vitesses que le Clown n'a pas l'habitude de connaître. Il est d'un sang-froid détestable en toute occasion. La course n'est pas une nécessité. Marcher permet d'arriver au même point, et cela à le mérite de pouvoir observer nonchalamment les corps jonchant les bords de route, les jambes écartés et les têtes des mioches sur des pics.

De son bras gauche, là où les trois Nonnes ont pris la forme d'oiseaux incomplets, avant d'être plus tard jeté dans le chaudron, de là, un sang noir et visqueux coule, reste en suspension et s'écrase sur le sol maintenant beaucoup trop foulé.

La respiration lui manque. Deux petites choses lui donnent une envie monstre de se gratter, juste au niveau de ses omoplates. Ses griffes essaient de lacérer cette toile, d'attraper ce cœur qui n'est pas le sien et qui l'oblige à replonger dans cette nuit silencieuse où il ne se passe rien, où il n'a plus d'existence physique, où il ne ressent ni douleur, ni plaisir. Mais la toile est solide. Indestructible.

IiiIIiiiIIIaaaAAAHhhhh !!!!!!!!!!!!!

Le cri souffre des obstacles qui lui barrent la route mais il parvint tout de même à sortir de sa gorge. Il devient fou. Il ne contrôle plus rien. Alors, ne pouvant se guider de sa vue, il plonge tête la première, espérant défoncer les cloisons de bois et essayer de respirer enfin.

C'est un gros choc qui accueille son crâne. Une bosse grossit à vue d’œil, éclate, et laisse sortir d'un pus noir, une larve aussi petite qui se trouve sur son cœur, grossir, se voir pousser quatre pattes et ressemble à un petit lézard.

Ok. Ce qu'il vient de rencontrer est le bord d'une de ses nombreuses étagères. Le souffle rapide, il tâte ce qui se trouve juste à côté, des lattes de bois. Il remonte un peu sa main. Le trou ! Ses muscles dopés d'énergie provenant de son cœur, il arrache sans mal quelques morceaux. Rapidement un trou assez grand lui permet de sentir l'air du dehors. Il se relève rapidement, passe une jambe nue par dessus les échardes, en récolte naturellement quelques unes et s'écroule dans la nuit sans lune, dans les roses blanches, non loin du cadavre d'une poupée.





Son cœur s'est calmé. Son corps ensanglanté est de nouveau debout. Le bandage fait de dentelles blanches est toujours sur ses yeux fermés. Il s'adresse alors à son Oiseau.

Ma chère, il est temps de partir sillonner ces contrées oubliées.

Nous récolterons les âmes sur notre passage et ne laisserons que des morceaux dans notre sillage.

La route nous mènera là où elle le voudra.

Lors des croisements, c'est sans réfléchir que nous prendrons une direction.

Ma chère, il est temps de déployer tes ailes et me prendre dans tes bras.
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[Scène 1] Tout recommença dans un champ de roses... _
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